** Les actions aurifères en ont pris un coup, comme la plupart des autres couvertures classiques contre l’inflation.
– Pourquoi ? Parce que la peur de l’inflation s’est calmée. La vision déflationniste du monde est maintenant celle qui prédomine. C’est la raison pour laquelle les rendements des bons du Trésor américain à 10 ans ont chuté à 3,35% alors qu’ils étaient à 3,95% il y a un mois.
– La vision déflationniste, qui a quelques arguments irrésistibles et élégants, maintient que les pertes de crédit dans le système financier américain surpassent de loin le montant des plans de renflouement fiscaux et monétaires du gouvernement. Tous ces milliers de milliards de mauvais prêts — plus la confiscation du crédit pour les consommateurs et les entreprises — dépassent la création d’argent nouveau. En d’autres termes, la Fed essaye de remplir une piscine avec une tasse à café. Cela risque de lui prendre du temps.
– Par conséquent, si l’on suit ce raisonnement, le plus grand risque est de voir les prix des actions continuer à chuter. C’est le point de vue classique sur la déflation due à la dette. Je n’avance pas ces arguments avec légèreté. J’ai passé énormément de temps à étudier les arguments de certains des défenseurs de la déflation les plus persuasifs et les plus sophistiqués — comme le fameux investisseur obligataire Van Hoisington et l’économiste perspicace, David Rosenberg.
– Je crois pourtant que l’inflation finira par remporter la partie — vous savez, quand les devises papier perdent de leur valeur. A choisir entre détenir des dollars américains et des actifs réels (comme l’or, le minerai de fer ou des terres), je prendrais les actifs réels.
** Le week-end dernier, Thomas Donlan, du journal Barron’s, a présenté une excellente analogie de tout ça. Il se demande ce qu’il vaudrait mieux posséder en tant que réserve de valeur : des bananes ou du maïs ? La réponse est évidente : du maïs, parce qu’on peut le conserver pendant plusieurs mois. Le maïs tient plus longtemps que les bananes. Les fruits pourrissent. Vous pouvez également utiliser le maïs pour quantité de choses différentes — la farine de maïs, la nourriture animale, etc. Vous pouvez aussi prévoir de vendre le maïs plus tard, en vous arrangeant pour fournir du maïs tant de jours à partir d’aujourd’hui.
– Le maïs peut évidemment perdre de sa valeur, comme tous les actifs réels. Mais c’est un meilleur choix que les bananes.
– Donlan compare la devise papier aux bananes et les matières premières au maïs. "Dans l’économie moderne", écrit-il, "un baril de pétrole est presque comme un sac de maïs… la devise papier et les bilans des banques sont un peu comme un sac de bananes". Quand la devise pourrit, on appelle ça l’inflation.
– Le problème contre les arguments à long terme de la déflation, me semble-t-il, c’est qu’on parie contre les capacités d’un gouvernement à détruire sa propre devise. Les gouvernements sont rarement doués pour quoi que ce soit, mais s’il y a une chose pour laquelle ils sont indéniablement très forts, c’est détruire leur propre devise. Le dollar a perdu près de 95% de sa valeur depuis 1913, année où les Etats-Unis ont fondé la Réserve fédérale. Il n’y a rien à ajouter.
– Parier à long terme qu’un gouvernement va préserver sa devise est un très mauvais choix. La déflation — ou du moins les symptômes de la déflation — prédomine peut-être aujourd’hui, mais la vraie question, c’est : pour combien de temps ? Ma boule de cristal est malheureusement brouillée quand il s’agit de répondre à cette question… cependant, en matière d’investissement, les plus grandes récompenses s’obtiennent toujours en pensant différemment du consensus.
– En ce qui concerne les bons du Trésor, par exemple, les bénéfices ne valent pas que l’on prenne des risques. D’un autre côté, si nous avons raison en ce qui concerne le pourrissement de la devise américaine, nous multiplierons notre argent sur les actions des ressources naturelles.
– Le potentiel de baisse de nombreuses matières premières est vraiment très limité, parce que les cours ont déjà corrigé. Dans de nombreux cas, comme par exemple le pétrole, le gaz naturel et le minerai de fer, on est même déjà en dessous du coût de production marginal. Donc, à moins que nous n’ayons plus besoin de toutes ces choses, l’activité même des entreprises impliquées permet de soutenir une certaine structure de prix.
– De toute façon, en ce qui concerne l’or, je suis d’avis que cela a moins à voir avec l’inflation ou la déflation qu’avec la valeur du crédit en général. L’or s’en sort bien pendant des périodes de problèmes dans le crédit. Il s’en est bien sorti dans les années 30, par exemple, même s’il s’agissait alors largement d’une période déflationniste. Les problèmes du système bancaire ont poussé les investisseurs à se tourner vers l’or.
– Donc, tant que le système bancaire aura des problèmes, la crainte peut revenir à tout instant. Et c’est dans ces moments-là que l’or s’en sort bien… avec ou sans inflation. Mais je n’écarte pas encore la possibilité de l’inflation.