▪ En allant faire quelques courses hier, je me suis aperçu que l’agence bancaire se trouvant non loin de chez moi avait fermé. A sa place se tient désormais… un Cash Converters — qui reprend vos anciens appareils électroménagers, ordinateurs, etc. contre du liquide.
Je pense n’avoir jamais vu raccourci plus saisissant des changements qui sont en train de s’opérer dans notre société.
Au revoir, agences bancaires à l’ambiance feutrée où venir négocier votre prochain prêt ou vérifier l’état de votre portefeuille… Bonjour Système D et économies de bouts de chandelle. Nous ferions mieux de nous y habituer, cher lecteur — parce que ce nouveau mode de fonctionnement est parti pour durer.
▪ La journée vécue par les banques hier en est la preuve : la BCE leur a offert leur cadeau de Noël avec un peu d’avance. Elle leur a offert des lignes de crédit à trois ans… au taux de 1%… et en quantité illimitée.
Le marché interbancaire étant en ce moment plus aride qu’un désert mongol en plein mois de janvier, les établissements se sont rués sur cet « argent gratuit » — ils ont été 500 à emprunter pour un montant de plus de 489 milliards d’euros… alors qu’on s’attendait à un montant entre 250 et 350 milliards d’euros.
Pensez-vous que, reconnaissantes, les banques ainsi secourues sont à leur tour intervenues pour aider ceux qui sont dans le besoin — c’est-à-dire, dans le cas présent, la périphérie de la Zone euro ?
Eh bien, pas du tout ! Faisant preuve d’un mépris parfaitement écrasant de l’esprit de Noël, les banques s’en sont allées acheter — un comble ! — des Bunds allemands.
« Pour David Coombs, gérant chez Rathbone Rangers, cette opération ne résout ‘clairement pas’ les problèmes », lit-on dans Investir. « ‘L’Italie et l’Espagne ont toujours des déficits importants’, note-t-il. Et de poursuivre : ‘l’allocation peut réduire la pression qui pèse sur le système bancaire, mais ce dont nous avons toujours besoin c’est d’une détente des rendements des pays de la périphérie de la Zone euro’. Or, les rendements des papiers italien et espagnol à dix ans progressent sur le marché obligataire. Les premiers atteignent 6,78 % (contre 5,571% [la veille]) tandis que le taux de l’obligation espagnole de même échéance s’établit à 5,27%, contre 5,03% ».
Il y a vraiment de quoi s’étrangler avec sa bûche au chocolat.
▪ Ce que n’ont pas manqué de faire pas mal d’investisseurs hier, faisant perdre du terrain aux indices européens après l’étincelante journée de mardi. Le CAC 40 a ainsi reculé de 0,82% sur la séance de mercredi, à 3 030,47 points (permettant d’ailleurs à Mathieu Lebrun d’engranger un très joli gain de 55% en quelques heures, comme vous pourrez le lire dans quelques lignes). Le Footsie britannique a perdu quant à lui 0,55%, tandis qu’à Francfort, le DAX chutait de 0,95%.
L’euro a lui aussi connu une journée agitée, passant de 1,32 $ juste après l’annonce de la BCE à 1,3046 $ environ en fin de journée.
Côté américain, la séance a été moins négative : le Dow Jones a réussi à terminer sur une petite hausse de 0,03%, à 12 107,74 points, pendant que le S&P 500 avançait de 0,19, à 1 243,72 points. Seul le Nasdaq baissait, perdant 0,99% à 2 577,97 points.
Nous verrons bien ce que nous réserve ce qui reste de la semaine… mais comme le disait Simone Wapler ce matin, entre Etats ruinés et banques asphyxiées, « 2012 sera une année très difficile, ne nous voilons pas la face. Outre le mur de la dette et la hausse des taux, il faut s’attendre à ce que les marchés actions replongent ».
Un investisseur averti en vaut deux !