** Comme quand un personnage refuse de mourir dans un mauvais film d’horreur, le marché de l’emploi américain a publié des chiffres alarmants pour le mois de juin. Il a réveillé le cauchemar qui sommeille en tous, celui dans lequel la récession serait en forme de L. Ou pire encore, elle serait faite d’un double plongeon, et le second plongeon ne ferait que commencer.
– Le ministère de l’Emploi américain a annoncé que 467 000 Américains avaient perdu leur emploi en juin. La nouvelle a été mal accueillie. Les chiffres s’amélioraient mois après mois depuis janvier. Puis les chiffres de juin sont tombés, et ils ont entraîné les actions dans leur chute. Ce qui fait que tous ceux qui ont un pouls (et pour la plupart un cerveau) se demandent si les choses vont vraiment bien — ou à quel point elles pourraient empirer.
– Le S&P et le Dow Jones ont tous les deux perdu près de 3%. Le pétrole et l’or ont chuté aussi. Les seules choses qui aient augmenté sont les bons du Trésor et les titres. En parlant de ça, les Etats-Unis vont remettre pour 73 milliards de dollars de bons aux enchères cette semaine. L’enchère de mercredi concerne 19 milliards de dollars de bons à 10 ans, tandis que 11 milliards de dollars de bons à 30 ans vont être mis à la vente jeudi.
** "On vit peut-être un répit, peu importe comment on appelle ça ; on est temporairement soulagés, mais on est toujours dans un monde qui s’effondre", a dit Nassim Taleb, auteur du Cygne Noir durant l’émission Squawk Box sur CNBC. "Tout ce qui est fragile, comme le système financier, va s’écrouler", a-t-il dit. "Nous sommes au beau milieu d’un krach… donc, si je dois annoncer mes prévisions, je dirais que cela va empirer, et non pas s’arranger".
– Le point de vue de Taleb n’est pas le plus populaire. Mais il est réaliste. La monnaie fiduciaire et l’effet de levier du système financier occidental ont envahi le monde entier au cours des 20 dernières années, entraînant une augmentation importante du prix des titres (et la dette utilisée pour les acheter). Il ne fait aucun doute que les biens et les services réels ont changé de mains avec la croissance mondiale. Mais nous nous demandons combien de tout ça peut continuer quand le crédit disparaît.
– A-t-on utilisé de l’argent factice pour construire un monde avec des niveaux de croissance complètement irréalistes ? Est-ce que les milliers de milliards de dollars de capitaux distribués étaient basés sur la demande finale, artificiellement grossie par le crédit, la manipulation de devises (des taux d’intérêts bas et la stabilisation du dollar dans le monde) et les stimulants gouvernementaux ?
– Oui !
– Mais attention, l’effondrement du système financier n’est pas la fin du monde. C’est une énorme calamité, je vous l’accorde, qui va écraser la valeur des actifs sur lesquels beaucoup de gens comptaient pour leurs vieux jours. Mais comme de nombreux lecteurs nous l’ont rappelé ces derniers mois, il n’y a pas que l’argent dans la vie.
– Très bien. Mais la richesse n’est pas faite uniquement d’argent ! La tranquillité d’esprit, posséder des actifs sous des formes qui ne risquent pas d’êtres gonflées ou de souffrir de la déflation de la dette… nous considérons ça comme de la "richesse" dans une période comme celle-ci.