Par Simone Wapler (*)
Un baril au-dessus de 70 $, soit une hausse de 93% depuis le point le plus bas qui date, pour le Brent, de juste après Noël et 57% depuis le début de l’année.
Pourtant, les croissances sont en berne, les productions industrielles aussi et les dépenses des ménages itou.
Rappelons quelques chiffres
En Europe, le PIB 2009 devrait chuter de 5,1% à 4,1%. Les Etats-Unis ne vont pas vraiment mieux avec -5,7%. Et le Japon, pour terminer ce déprimant tour de monde de la croissance négative chère à Christine Lagarde : -4%.
C’est vrai qu’en Chine, c’est mieux, puisqu’on est dans le positif, mais là-bas aussi on en est encore au stade du coup de frein.
La consommation chinoise de pétrole ne compense pas l’affaissement de la demande partout ailleurs.
Du côté des ménages, on se sert la ceinture. Les chiffres du chômage, sont encore plus déprimants que ceux de la croissance négative. Je vous les épargne. M. et Mme Michu ne sont pas soumis aux doux critères maastrichtiens de déficits. Ils savent bien qu’ils ne peuvent pas longtemps dépenser plus que ce qu’ils ont.
La cause de la hausse du pétrole est dans la spéculation
Les contrats à terme sur les matières premières attirent de plus en plus d’argent (de dollars). Les fonds de gestion alternative ne possédaient que 500 000 contrats "longs" ou haussiers à fin 2009. Ils en ont maintenant plus de 800 000.
Pourquoi cette spéculation ?
La baisse des taux directeur ne suffit pas à endiguer la récession. La banque centrale américaine a passé la vitesse supérieure : l’impression de dollars par les mesures de rachat des ses propres obligations avec des dollars surgis du néant.
Cette marée nourrit le rebond boursier mais aussi celui des matières premières. Par contrecoup, le dollar baisse. Il est rapidement passé de 1,25 en mars à 1,40.
Que fait un jeune loup de la finance quand il sait que le dollar va baisser et qu’il a beaucoup d’argent à placer ? Il achète du pétrole.
Que fait un vieux crabe de la finance quand il sait que le dollar va baisser et qu’il a beaucoup d’argent à stocker ? Il achète de l’or.
Vieux crabe ou jeune loup, faites comme vous voulez. L’or noir et l’or jaune ont le même combat : celui de la couverture contre le dollar.
Meilleures salutations,
Simone Wapler
Pour la Chronique Agora
(*) Simone Wapler est analyste, journaliste et ingénieur de formation. Elle a déjà contribué à des publications telles que Le Point, Enjeux, Les Echos, Chart’s… Spécialisée dans les valeurs industrielles, les matières premières, les énergies, l’or, les minières Simone Wapler est passionnée par et les investissements "tangibles".
Elle analyse chaque mois le secteur aurifère dans la lettre d’investissement Vos Finances – La Lettre du Patrimoine et elle intervient régulièrement dans l’Edito Matières Premières & Devises ou dans différents rapports d’investissements.
Elle est aussi la rédactrice en chef du magazine MoneyWeek.