** C’est le combat du siècle — match de catch économique dans la boue ! Ne manquez pas le spectacle !
* Pour commencer, la Teutonne Blonde… la chancelière allemande Angela Merkel… a défié une meute de banquiers centraux et d’économistes, les accusant d’empirer la situation en dépensant de l’argent qu’ils n’avaient pas… et en causant de l’inflation.
* Puis l’historien Niall Ferguson — Professeur Punch — a porté un coup aux empêcheurs de tourner en rond dans les pages du Financial Times. Son idée était assez simple : les autorités dépensent des milliers de milliards de dollars sans réellement savoir ce qu’elles font. Si elles empruntent de l’argent pour stimuler l’économie, elles ne font que retirer de l’argent de la sphère privée pour le détourner vers les dépenses publiques. Il n’y a rien à gagner là, dit-il.
* Attention, Niall !… Le Nettoyeur du Nobel — l’économiste Paul Krugman — a riposté.
* Sur son blog, Krugman a accusé Ferguson de "vivre au Moyen-Age de la macroéconomie, où la connaissance durement acquise a simplement été oubliée".
* La "connaissance durement acquise" en question était la "preuve" avancée par Keynes que les dépenses gouvernementales supplémentaires sont bien un plus pour l’économie — tant qu’il n’y avait pas le plein emploi. Une fois le plein emploi atteint, les choses changent, disait-il. A ce moment-là, l’emprunt gouvernemental ne fait qu’"étouffer" l’emprunt privé.
** Nous ne nous attendons pas à ce que les lecteurs de la Chronique soient terriblement intéressés par ces querelles — vous avez mieux à faire.
* Nous en parlons simplement pour prouver quelque chose. Les gouvernements de la planète — menés par les Etats-Unis d’Amérique — dépensent des milliers de milliards pour empêcher ce qui pourrait être une terrible dépression. Cependant, la théorie sur laquelle ils basent leurs propres théories est si mince que les principaux penseurs de la planète semblent ne pas pouvoir s’y appuyer. Merkel pense que la théorie est fausse ; Ferguson pense qu’elle est fausse. Bon sang, même nous pensons qu’elle est fausse.
* Non que cela prouve quoi que ce soit. Nous pourrions avoir tort. Mais nous ne dépensons pas des milliers de milliards de dollars sur une idée qui fait l’objet de débats enflammés.
* "La révolution keynésienne n’a pas été un triomphe de la science, mais un triomphe du bon sens", titrait le Financial Times cette semaine. Ha ha… elle est bonne. Ils ont raison, évidemment. Il n’y a pas de science dans l’oeuvre de Keynes. Juste des suppositions. Et du bon sens ? Il n’y en a guère, là non plus.
* Quant à la "preuve" de Keynes, elle est pleine de défauts. Il affirme seulement que lorsque les autorités empruntent et dépensent durant une récession, elles ne peuvent pas "étouffer" l’emprunt privé sans également augmenter l’activité économique — ce qu’il considère comme étant un gain.
* Cela nous rappelle à quel point les économistes peuvent être benêts. Imaginez une ville où les gens ont trop emprunté et dépensé. Confronté au chômage et à un ralentissement économique, le maire emprunte de l’argent pour construire une nouvelle mairie — remettant ainsi des ressources "oisives" au travail.
* Il n’"étouffe" pas l’activité privée, puisque les citoyens privés sont à l’abri, essayant de rembourser leurs dettes. Ils épargnent. Ils prêtent au maire. Les emprunteurs privés n’ont pas de meilleur usage pour l’argent.
* Telle est la théorie. En surface, il semble que le plan de relance du maire soit un grand succès. Les gens ne tardent pas à se remettre au travail. L’argent change de mains. La nouvelle mairie se construit.
* Mais que s’est-il réellement passé ? Les citoyens auront une nouvelle mairie. Mais c’est un bâtiment qu’ils ne voulaient pas particulièrement lorsque tout allait encore bien. A présent, ils ont aussi leur part sur la dette que le maire a contractée pour construire ladite mairie.
* Oui, la ville peut sembler plus prospère — avec des gens employés dans la nouvelle mairie, récoltant des salaires et dépensant de l’argent. Mais la prospérité est factice. Les citoyens n’ont pas obtenu uniquement une chose qu’ils ne voulaient pas, mais deux — une nouvelle mairie et plus de dette. Et d’une manière ou d’une autre, à un moment ou à un autre… d’autres dépenses devront être mises en suspens pour que la mairie puisse être remboursée !
* C’est ce que disait Angela Merkel dans son attaque sur les banques centrales. En fin de compte, dans 10 ans, nous serons de retour là où nous en sommes aujourd’hui.