▪ Le sang coule dans les rues à nouveau ; les marchés boursiers vont très mal. Tout ça devrait permettre aux gens de se rendre compte qu’il n’y a pas eu de reprise… même faible. Et il n’y en aura pas. Pas pour cette économie.
Un choeur d’indicateurs entonne un avertissement.
Le marché du cuivre — en baisse de 23% en septembre — nous dit qu’une récession arrive.
La chute de la demande de carburant indique une récession.
Le pétrole — sous les 80 $ le baril — annonce une récession.
Le bon du Trésor US à 10 ans, qui rapporte le taux mirifique de 1,7%, hurle lui aussi « récession ».
Idem pour le marché des junk bonds et le secteur financier — qui se comportent tous deux comme si on était de retour en 2007/2009.
Voici pourquoi — de Bloomberg :
« 91% de la main-d’oeuvre américaine ont un emploi. C’est peut-être la seule bonne nouvelle pour ces Américains, dont les revenus traduisent une histoire plus sombre ».
« Le salaire net, ajusté aux prix, a chuté de 0,3% en août, le troisième déclin en cinq mois, et les revenus personnels ont chuté pour la première fois depuis deux ans, selon les déclarations du département du Commerce US la semaine dernière. Ces déclins suivaient une annonce du Bureau du recensement, selon qui le revenu médian des ménages en 2010 a chuté à 49 445 $, le plus bas niveau depuis plus d’une décennie, et le taux de pauvreté est passé à 15,1%, un sommet de 17 ans ».
« La croissance des salaires et des avantages sociaux ‘stagne’, déclare Mark Zandi, chef économiste chez Moody’s Analytics Inc. à West Chester, en Pennsylvanie. ‘L’une des principales raisons pour lesquelles la reprise a calé, c’est que les revenus réels ont chuté’. »
Qu’arrive-t-il à une économie de consommation quand les consommateurs n’ont pas d’argent ? Elle recule.
▪ Attendez, ce n’est pas tout. Il s’agit d’une économie qui dépend de PLUS — plus de crédit, plus de ventes, plus de revenus, plus de gens… plus de tout. Et la voilà confrontée à MOINS. Les consommateurs ont moins d’argent. Ils dépensent moins. Ils conduisent moins. Ils empruntent moins. Moins devient à la mode, chic, tendance. Les gens se vantent de dépenser moins… d’être radins. Ils montrent avec fierté leur montre pure imitation… et invitent leurs amis à des dîners à la bonne franquette.
Il nous semble que les autorités ne parviendront pas à inverser ce processus. Depuis la Deuxième Guerre mondiale, chaque fois que les consommateurs ont ralenti, les autorités sont intervenues. Elles ont fait accélérer l’économie en lui donnant plus. Cette fois-ci, elles ne peuvent pas. Parce que PLUS ne marche plus. Cela ne paie plus. Donner plus de crédit au consommateur ? Le taux directeur de la Fed est déjà à zéro depuis trois ans. Que peuvent-elles faire de plus ?
De nouveaux ajouts d’énergie ou d’investissements ne marcheront pas non plus. Parce que les innovations qui ont mené à une croissance si spectaculaire ces deux derniers siècles ont été pleinement mises en place. Qui n’a pas de voiture ? Quelle ferme fonctionne sans tracteur ? Certes, ces innovations peuvent être affinées et améliorées… mais l’époque d’une croissance à 5% est terminée — dans le monde développé.
Le problème, c’est que les économies des pays développés — et leurs gouvernements — ont évolué dans une ère de croissance. Ils en dépendent. Sans elle, ils meurent.
Et que pouvons-nous faire ? Nous devons essuyer nos larmes, tourner le dos, et passer à autre chose. Nous devons dire « adieu »… et tourner la page.
Vous savez que nous sommes des durs au coeur tendre, à la Chronique Agora. En général, nous soutenons les ratés et les causes perdues jusqu’à la fin.
Mais nous n’apporterons pas notre soutien à cette économie enivrée de bulles et accro au crédit. Nous laisserons Bernanke, Geithner et al. s’en charger. La pauvre est en piteux état, c’est vrai. Il lui faut une assistance respiratoire, ça ne fait aucun doute. Mais nous lui mettrions un sac en plastique sur la tête et puis c’est tout. Elle ne vaut pas la peine d’être sauvée. C’est une fraude et une arnaque.
Il en va de même pour les gouvernements des pays développés. Ce sont des gouvernements de croissance. Ils ne peuvent survivre dans un monde sans croissance.
Donnons-leur le coup de grâce à eux aussi.
2 commentaires
M. Bill Bonner,
Je me demande si votre notion de « consommer mieux » au lieu de plus n’entre pas en résonance avec ce que l’on nomme la « décroissance ».
Je lis avec plaisir vos chroniques, mais je n’en partage pas les conclusions. Cependant, je pressens que vous nous pourriez faire, avec votre plume bien acérée (et synthétique) sur le sujet que, vermisseau ignare, je suggère ci-dessus.
Merci d’avoir lu ce petit billet.
Cordialement.
Je rejoins votre point de vue non pas que je sois un expert mais seulement un homme de bon sens. Je vois les choses comme la chanson de tout va très bien madame la marquise. Bien sincèrement