▪ Il ne fait aucun doute que les actions étaient prêtes pour un rebond. « Un chat mort aussi, ça rebondit », comme disent les vétérans de Wall Street. Nous remarquons que beaucoup de services financiers poussent à acheter, en disant qu’on peut avoir des actions à des prix « cassés », « exactement comme en 2008 ! »
Mais la situation ne ressemble pas à 2008, selon nous. Les actions — surtout américaines — ne sont pas encore bon marché.
Avec un Dow Jones à plus de 11 000, il faudrait environ deux semaines de chutes quotidiennes de 500 points — soit une perte supplémentaire de 5 000 points environ — pour mettre les prix à des niveaux vraiment cassés. Si nous étions dans un marché libre, ce serait peut-être déjà le cas. Au lieu de ça, les autorités ne cessent d’intervenir… de se mêler de ce qui ne les regarde pas… de promettre des renflouages, des taux plus bas et autres mesures « non conventionnelles ».
Mais l’histoire n’a pas pris fin. La planification centrale ne fonctionne pas mieux pour les Etats-Unis que pour l’Union soviétique. Tout ce que les autorités ont réellement fait, sur le dernier demi-siècle, c’est aggraver le problème. Chaque fois que la croissance du crédit ralentissait… les autorités rendaient l’emprunt plus facile. A présent, il y a tant de dette que les ménages ne peuvent pas dépenser… les entreprises stockent leur cash… et la notation du crédit US a été abaissée.
Les niveaux de dette sont si élevés aux Etats-Unis — la dette gouvernementale brute officielle a dépassé les 100% du PIB — que ça pèse désormais lourdement sur la croissance. Au lieu de se développer de 3% par an, les Etats-Unis progressent à peine.
Les autorités ne peuvent donc pas s’en sortir facilement. C’est-à-dire qu’elles ne peuvent pas ralentir les dépenses pendant un petit temps et laisser l’économie s’en sortir par la croissance. Il y a trop de dettes.
Quant à l’économie, elle ne peut encaisser le genre d’austérité nécessaire pour faire revenir la dette à des niveaux acceptables. Il suffit de voir les émeutes qui ont eu lieu en Angleterre. Ce serait probablement pire aux Etats-Unis. D’abord parce que le secteur privé est déjà dans une profonde correction ; un ajout d’austérité de la part du gouvernement le ferait basculer dans une dépression. Ensuite parce que les Etats-Unis gèrent un empire… et les empires, c’est cher.
▪ Nous estimions le coût du programme impérial à 1 200 milliards de dollars par an. Il se rapproche en fait de 1 800 milliards de dollars. C’est plus de la moitié des dépenses totales des Etats-Unis, déclare notre nouveau correspondant en Chine, Dee Woo. Le budget de la défense n’est peut-être que de 700 milliards de dollars environ, mais si l’on y ajoute la part militaire d’autres budgets — Homeland Security, les retraites des vétérans, les conflits à l’étranger et les intérêts sur la portion de la dette attribuable à l’armée — on obtient 54% des dépenses.
Il est peut-être significatif que ce soit Dee Woo, ou « Woody », comme nous l’appelons, qui attire notre attention sur ce fait. Il n’écrit pas pour des lecteurs occidentaux… mais pour des lecteurs chinois. Il montre à l’empire du Milieu à la fois la quantité d’argent dépensée par les Etats-Unis pour leur empire… et combien ce dernier est devenu gras et dysfonctionnel.
Chaque empire est remplacé par son principal créditeur. Nous ne savons pas si c’est vrai, mais nous aimons cette phrase. Les Etats-Unis étaient le principal créditeur de la Grande-Bretagne. Aujourd’hui, la Chine détient plus d’obligations et de dollars US que quiconque.