** "L’optimisme grimpe", titrait le Financial Times hier.
* Comme prévu, les marchés mondiaux profitent d’un rebond. Les gens qui n’avaient pas la moindre idée que quelque chose n’allait pas dans le système financier mondial il y a deux ans déclarent à présent que le problème est résolu.
* Qui l’a réparé ? Les gens qui ne savaient pas que quelque chose n’allait pas, bien entendu.
* Avec quoi l’ont-ils réparé ? La chose même qui a causé le problème qu’ils n’ont pas vu — la dette.
* Qui s’assurera qu’il ne se reproduira pas ? Les gens qui n’ont pas remarqué que tout fichait le camp la dernière fois.
* Plus le rebond se poursuit, plus les gens trouveront de raisons de croire que ce n’est plus juste un rebond… mais un nouveau boom majeur.
* Le Economic Cycle Research Institute, basé à New York, déclare que "les Etats-Unis sont au bord d’un retournement du cycle du taux de croissance", explique l’article.
* Voyons voir si cet optimisme est justifié.
* Du côté de l’immobilier… les maisons américaines ont chuté de 30% par rapport à leurs sommets. L’indice Case-Shiller des prix de l’immobilier chute depuis 30 mois consécutifs. Ca ne suffit pas ?
* Peut-être. Les dernières données montrent un accroissement des ventes — pour les logements neufs et anciens. Et on compte aussi plus de mises en construction. Mais dans les anciens états les plus "chauds" — Californie, Nevada et Floride — la moitié des ventes environ concerne des propriétés saisies. Ces dernières atteignent des prix cassés… mais font aussi baisser la valeur de tout le stock immobilier. Et il reste beaucoup de maisons à vendre.
* Lorsque la crise de l’immobilier a commencé, nous estimions que les prix aux Etats-Unis devaient baisser de 40% environ pour que l’individu moyen puisse se permettre une maison moyenne. Mais ça, c’était avant que le revenu d’un individu moyen chute. Si la dépression se poursuit, comme nous le pensons, les prix des maisons devraient chuter de 10% ou 20% supplémentaires.
* De toute façon, si les Etats-Unis entrent dans "la pire crise depuis la Grande Dépression", qui aura assez d’argent pour s’acheter une maison ? C’est bien la question. Peut-être que le monde n’entre pas dans une grande crise, en fin de compte. Peut-être que ce n’était qu’un cas d’hystérie de masse… une panique, comme le bug de l’an 2000… ou le terrorisme… ou la grippe porcine. Peut-être que les gens s’en remettent, à présent… et retournent vaquer à leurs affaires, comme ils le faisaient auparavant.
** Les consommateurs s’enhardissent. Les chiffres du moral des consommateurs américains sont environ 20% sous la ligne de base de 1985… mais c’est une grande amélioration ; ils étaient descendus jusqu’à être 40% inférieurs au niveau de 1985.
* On trouve également des signes montrant que les consommateurs renouent aussi avec leurs mauvaises habitudes. Les dépenses de consommation grimpent aux Etats-Unis — c’est du moins ce que prouvent les chiffres récents provenant des magasins discount. Ils reprennent des gadgets bon marché. Mais les magasins de luxe affichent encore des baisses annuelles de 20% environ.
* Les grandes places boursières ont rebondi de 20% et plus. Mais ça bouge surtout sur les marchés émergents. Il y a quelques mois, il semblait que la Chine serait incapable de se "découpler" du monde développé. Ils étaient coincés, disaient les analystes, comme un essieu mangé de rouille. L’empire du Milieu se dirigeait vers la récession comme tout le monde. Puis les Chinois ont semblé trouver un liquide assez puissant pour dissoudre la rouille. C’est difficile à croire, mais la Chine semble avoir réussi la si convoitée "reprise en V". Au lieu de se contracter, les chiffres montrent que le pays se développe à un rythme de plus de 8%.
* Il se peut que la Chine mente, bien entendu. Il semble peu probable, selon nous, que la Chine ait pu se remettre aussi rapidement. Ce n’est pas une récession, répétons-nous. C’est une dépression. Et les dépressions exigent des changements structurels — des changements de l’espèce qui prennent du temps.