** Nous voilà de retour à Londres. Nous sommes parti début avril… sommes passé par San Diego et Los Angeles… puis Buenos Aires et Salta… enfin Paris pendant quelques jours… puis de retour à Londres. Il y fait froid et pluvieux… tout comme quand nous sommes parti.
* Mais que voyons-nous ?
* La ville semble ralentir. Les grandes huiles du secteur financier ne sont plus si grandes. En seulement 10 ans, le pourcentage de PIB britannique généré par le secteur financier a quasiment doublé — passant de 5,5% en 1996 à 10,8% une décennie plus tard. Mais à présent, le secteur tout entier rétrécit… tout comme les primes… les salaires… et les notes de frais.
* Et dans la mesure où la Grande-Bretagne s’appuyait lourdement sur les as de la finance et leur argent… le pays tout entier semble sombrer dans la morosité.
* Les recettes fiscales s’effondrent. Les déficits grimpent en flèche. Le déficit budgétaire britannique est déjà à 12%… à peu près à égalité avec les Etats-Unis. Mais si les tendances actuelles se poursuivent, le pays aura bientôt le plus grand déficit du monde développé.
* Et voilà les vraies mauvaises nouvelles. Votre correspondant n’était pas triste de voir les investisseurs et les spéculateurs perdre des milliers de milliards de dollars. Il a à peine remarqué lorsque le gouvernement américain a quasiment nationalisé les plus grandes banques, sociétés d’assurances et entreprises automobiles. Il a tout juste cillé lorsque 13 000 milliards de dollars de l’argent national ont été engagés dans une tentative imprudente de combattre le capitalisme. Mais là, ils vont trop loin.
* Afin de lever des fonds, le gouvernement britannique augmente les impôts de votre correspondant ! Oui… nous payons des impôts dans plusieurs pays. Et voilà que les Rosbifs augmentent leurs taux à des niveaux faisant concurrence aux impôts les plus élevés de la planète — la Suède, la Norvège et les Pays-Bas.
* Le problème avec cette stratégie, c’est que votre correspondant vient d’acheter une paire de bottes argentines. Lesquelles sont faites pour marcher. Et si ces impôts deviennent trop douloureux, nous — ainsi que des milliers d’autres personnes travaillant vaguement dans le secteur de la finance — nous mettrons probablement en marche pour aller ailleurs.
* Mais où ? Ah… c’est bien là le problème. Partout dans le monde, les gouvernements essaient désespérément de se sortir du pétrin dans lequel ils se sont mis. L’Argentine et l’Irlande ont reçu des subventions du FMI. D’autres pays commencent à s’aligner. Ayant dépensé bien trop par le passé, ils dépensent désormais plus encore — espérant que ces dépenses généreront miraculeusement de la croissance économique. Nous employons le terme "miraculeusement" parce qu’il n’y a pas d’autre moyen de le décrire. Lorsque la croissance économique provient de l’épargne, de l’investissement et du travail, on peut la qualifier comme étant "de cause à effet". Mais si on parvient à obtenir de la croissance économique simplement en dépensant de l’argent, on ne peut que la décrire comme étant un acte de Dieu… ou du diable. De la magie noire, peut-être. De l’économie vaudou.
** Pas une journée ne passe sans annonces abracadabrantesques. Les autorités renflouent les banques le lundi. Le mardi, elles reprennent le secteur automobile. Le mercredi, elles distribuent de l’argent à Wall Street. Si tout ça produit plus de richesse ou de production — ce sera un miracle.
* Une question a été jusqu’à présent évitée par quasiment tous les commentateurs et bonnes âmes : d’où provient l’argent ? Selon un point de vue répandu, les poches du gouvernement sont infiniment profondes. Fouillez-les assez et vous pourrez en tirer toutes les ressources dont vous avez besoin. Mais la réalité est un peu différente. En temps de guerre, un gouvernement peut rassembler les ressources d’un pays tout entier. Les gens croient qu’ils doivent acheter des bons de la Défense nationale, recycler le métal, utiliser des bons de rationnement, oublier les augmentations de salaire, payer des impôts plus élevés et s’engager dans la milice. Tout le monde met la main à la pâte ; mieux vaut ça que le fouet, se disent les gens.
* La guerre contre le capitalisme, elle, n’obtient pas le même niveau de soutien populaire. Les gens n’achètent pas de bons de la Défense pour que les autorités puissent renflouer le secteur financier. Il est peu probable qu’ils se contentent de margarine pour que les banquiers puissent enduire de beurre fermier les deux côtés de leurs tartines. Et ils ne sont pas prêts à dépenser moins juste pour que le gouvernement puisse dépenser plus.
* Alors au lieu de demander à la population toute entière de souffrir, les autorités — tant en Grande-Bretagne qu’aux Etats-Unis — ont choisi une cible facile… les riches !
* Pour le public, "riche" et "banquier" sont inséparables. Comme "politicien" et "corrompu". De plus, les riches étaient sur la scène de crime lorsque la crise financière a commencé. Les riches ont été pris la main dans le sac. Peu importe que les "riches" aient gagné leur argent en faisant des opérations à coeur ouvert ou en vendant des légumes. Toutes les personnes riches sont présumées coupables du crime du siècle. "Taxez-les", crie la foule. Taxez-les ! Taxez-les ! Mangez-les.
* Il arrivera donc que "les riches" seront taxés. On leur prendra leur argent pour le donner… eh bien… aux riches. Mais ce sera des riches différents — des investisseurs obligataires… des banquiers… des initiés… des brasseurs d’argent et des arnaqueurs.