▪ Les marchés financiers européens sont en train de se casser la figure plus vite encore que la campagne présidentielle de Donald Trump. La plupart des places boursières du Vieux Continent ont chuté de 2 à 3% avec l’explosion des rendements obligataires. La baisse de 151 points du Dow Jones n’est rien du tout, en comparaison.
L’euro a atteint son niveau le plus bas depuis le mois de mai, la Bourse italienne est à son niveau le plus bas depuis 2009 et les rendements obligataires espagnols sont à leur niveau le plus haut depuis 1997. Ces quelques petits exemples de la détresse qui saisit aujourd’hui les marchés financiers européens pourraient suggérer que la crise du crédit est en train de commencer et non de prendre fin.
Les rendements grecs à deux ans sont montés à 31% cette semaine, mais ce chiffre ridicule vaut à peine d’être mentionné. La Grèce est fauchée, tout le monde le sait… sauf l’Union européenne et le FMI. Les rendements obligataires grecs pourraient aussi bien atteindre le milliard de pourcents. Y a-t-il encore quelqu’un qui s’attend à recevoir des intérêts sur ces obligations ?
La nouvelle nouvelle, ce n’est pas la Grèce en tant que telle, mais plutôt le fait que la crise grecque est bel et bien devenue une crise européenne. Dans toutes les nations du PIIGS (Portugal, Italie, Irlande, Grèce et Espagne), les rendements obligataires connaissent un pic depuis le 5 juillet. C’est au cours de cette journée noire que le Parlement grec a voté l’acceptation des mesures d’austérités imposées par l’UE et le FMI, ouvrant ainsi la porte aux fonds de renflouage, supposés tout arranger… Mais c’est aussi le 5 juillet que Moody’s a fait passer le statut de la dette gouvernementale portugaise à junk bond.
Une semaine plus tard, les marchés financiers semblent avoir décidé que les faits bien réels qui ont provoqué le déclassement du Portugal sont largement plus importants que les numéros de prestidigitation et les promesses qui sous-tendent le « renflouage » de la Grèce.
▪ C’est ironique, mais la situation européenne est en train de devenir si inquiétante que les investisseurs commencent en fait à vendre leurs titres des nations les plus en difficulté du continent pour les remplacer par des titres émis par la nation la plus endettée du monde.
Et si les rendements obligataires espagnols et italiens atteignent leurs niveau le plus haut depuis des années, les rendements obligataires américains sont en baisse (c’est-à-dire que le prix des obligations augmente). Cette « fuite vers la qualité », qui provoque l’achat en masse de bons du Trésor US, semble ridicule dans le contexte : le déficit américain atteint les milliers de milliards d’euros, et le gouvernement est à trois semaines à peine d’une faillite potentielle.
Mais nous ne décidons pas des règles, cher investisseurs, nous ne faisons qu’en rire. Si un bon du Trésor est jugé « de qualité », Thalidomide mérite le prix Nobel de chimie.
Un bon du Trésor américain peut bien être « de qualité » pour le moment, mais cette évaluation ne survivra sans doute pas à une crise totale de la dette en Europe. Au départ, il est possible que le marché du Trésor US attire les investisseurs à la recherche d’un placement sûr. Mais à terme, les obligations de l’ensemble des gouvernements fortement endettés — Etats-Unis inclus — finiront par être démarquées.
Il est rare que la planche à billets d’un gouvernement parvienne à créer de la qualité. Parce que les gouvernements, d’une manière générale, ont tendance à consommer de la richesse plutôt qu’à la multiplier.
Un excellent article de Brian M. Riedl, paru en 1998, cite les études suivantes au sujet de l’inefficacité des dépenses publiques :
– Une étude du Journal of Macroeconomics a permis de découvrir qu' »une augmentation de 1% de la taille du gouvernement diminue le taux de croissance économique de 0,143% ».
– Public Choice a déclaré qu' »une augmentation de 1% des dépenses publiques en pourcentage du PIB (par exemple, passer de 30% à 31%) ferait augmenter le taux de chômage d’environ 0,36 point de pourcentage (soit par exemple de 8% à 8,36%).
– Le Quarterly Journal of Economics rapporte que « le rapport entre les dépenses de consommation gouvernementales réelles et le PIB réel ont un impact négatif sur la croissance et l’investissement, » et que « la croissance est inversement liée à la part de la consommation gouvernementale dans le PIB »…
En résumé, les bons du Trésor US ne sont pas le genre de « produits de qualité » qu’un investisseur souhaiterait conserver à long terme. Un titre qui vaut la peine d’être conservé à long terme a bien plus de chance de sortir d’une mine — comme l’or ou le platine… de pousser dans la terre — comme le blé et le soja… ou de naître de l’esprit d’entrepreneurs innovants — comme RCA Victor et Apple.
Malgré les crises, les dépressions et toutes les autres formes de conjoncture économique négative, les entrepreneurs innovants trouvent toujours, d’une manière ou d’une autre, un moyen de réussir. Les années 1930 ont été le théâtre de certaines des plus grandes success stories de l’histoire de l’Amérique. Peut-être pourrons-nous en faire autant dans les années 2010.