** Nous sommes de retour d’Argentine.
* Pour autant que nous puissions en juger, le monde financier n’a pratiquement pas bougé en notre absence. L’or, les actions… les économistes… les politiciens — tous sont à peu près là où nous les avions laissés. C’est-à-dire que le rebond de marché baissier a continué à Wall Street. Les autorités ont continué à pervertir l’économie avec leurs renflouages. Les économistes ont continué d’appeler un chat un chien. Les politiciens et les commentateurs ont continué à brasser du vent.
* Le fait le plus important est encore posé sur la pelouse de la Maison Blanche comme un vaisseau extra-terrestre — si monstrueux et stupéfiant que les gens ne savent pas quoi en faire… et l’ignorent donc entièrement. Le gouvernement américain dépense 13 000 milliards de dollars — près d’une année entière de production économique — pour "réparer" les dégâts causés par l’effondrement financier mondial. Bien entendu, il ne peut rien réparer du tout. Les entreprises qui perdent de l’argent vont quand même perdre de l’argent. Les investisseurs vont quand même subir des pertes sur les actions et les obligations qui étaient surévaluées. Les dettes pourries sont toujours pourries. Les mauvais investissements sont toujours mauvais. Un baiser est toujours un baiser. Un sourire est toujours un sourire. Le temps passe comme il l’a toujours fait.
** Cependant, ces 13 000 milliards de dollars de dépenses supplémentaires doivent avoir un effet considérable. Lequel ?
* Un article du Financial Times (écrit par l’un des conseillers d’Obama) hasarde une supposition (difficile à suivre… mais qui en vaut la peine) :
* "L’explosion sans précédent du déficit budgétaire américain fait naître le spectre d’une future inflation élevée. Selon le CBO (Congressional Budget Office), le budget du président implique un déficit de 13% du produit intérieur brut en 2009 et de près de 10% en 2010. Même avec une reprise économique vigoureuse, le ratio dette gouvernementale/PIB doublerait pour passer à 80% au cours des 10 prochaines années".
* "Il existe de nombreuses preuves historiques du lien entre la prodigalité budgétaire et l’inflation qui en résulte. Mais les preuves historiques et l’analyse économique montrent aussi que les effets inflationnistes peuvent être évités sur les déficits budgétaires ne s’accompagnant pas d’une augmentation soutenue de la masse monétaire et, plus généralement, d’un assouplissement des conditions monétaires".
* "Le facteur clé, c’est que l’inflation grimpe lorsque la demande dépasse l’offre. Un déficit budgétaire fait grimper la demande quand le gouvernement augmente ses achats de biens et de services, ou, en baissant les impôts, pousse les ménages à augmenter leurs dépenses. Que ce déficit budgétaire approfondi génère ou non une augmentation des prix dépend des conditions monétaires. Si le déficit budgétaire ne s’accompagne pas d’une augmentation de la masse monétaire, le stimulant augmentera les taux d’intérêt courts, bloquant l’augmentation de la demande et empêchant une augmentation durable de l’inflation".
* "Le danger inflationniste potentiel est donc de voir le profond déficit budgétaire américain mener à une augmentation de la masse monétaire. Cela se produit inévitablement dans les pays en voie de développement n’ayant pas la capacité d’émettre de la dette rapportant des intérêts et devant donc financer leurs déficits en imprimant des devises. En revanche, lorsque les déficits ne mènent pas à une augmentation de la masse monétaire, les preuves montrent qu’ils ne mènent pas à une hausse durable des prix".
* "Il y a un bon exemple à cela : la chute notable de l’inflation aux Etats-Unis au début des années 80, alors que les déficits budgétaires augmentaient rapidement. L’inflation a baissé parce que la Réserve fédérale a resserré les conditions monétaires et laissé les taux courts grimper radicalement".
* "Aujourd’hui, cependant, les profonds déficits budgétaires américains s’accompagnent d’augmentations rapides de la masse monétaire, et par une augmentation plus inquiétante encore des réserves des banques commerciales — qui pourraient être converties plus tard en croissance monétaire encore plus rapide. La masse monétaire M2 augmente déjà à un rythme annuel de près de 15%. L’excès de réserves du système bancaire a enflé, passant de moins de trois milliards de dollars il y a un an à plus de 700 milliards de dollars (536 milliards d’euros) aujourd’hui".
* "La profonde récession montre qu’il n’y a pas de risque immédiat d’inflation. La demande globale de main-d’oeuvre et de services est bien inférieure à l’offre potentielle. Mais lorsque l’économie commencera à se reprendre, la Fed devra réduire le stock excessif de devises, et, plus important encore, éviter que les vastes volumes de réserves dans les banques ne causent une explosion inflationniste d’argent et de crédit".
* De l’inflation ? Quand ? Combien ?
* Personne ne peut le dire.
* Peut-être pas avant longtemps. Mais lorsque ça viendra… ça nous coupera le souffle.