Par Isabelle Mouilleseaux (*)
Alors que les matières premières se redressent depuis janvier, le cours de l’uranium est à contre-courant, passant de 55 $ en décembre à 40 $ la livre aujourd’hui. Pourquoi ce reflux ?
Une arme de destruction massive
A cause de rumeurs persistantes depuis quelques semaines, aujourd’hui confirmées : feu Lehman Brothers (LB) détiendrait suffisamment d’uranium pour fabriquer une bombe nucléaire.
Les mots utilisés dans la presse sont forts : LB a de quoi "dynamiter le marché", le marché de l’uranium pourrait "s’effondrer brutalement" en cas de mise en vente de ce stock. Grâce à cela, LB détient une véritable "arme de destruction massive"…
Certes, le marché de l’uranium est étroit, mais tout de même… c’est exagéré me semble-t-il.
Soyons réalistes et factuels
LB en détient 227 tonnes, soit quelque 500 000 livres d’uranium, ce qui valorise le stock à environ 20 millions de dollars.
Rien que sur la première semaine d’avril, il y a eu deux transactions de gré à gré de 350 000 livres chacune. Alors franchement, les 500 000 livres de Lehman devraient être digérées relativement facilement. Pas de panique ! Pour votre information, il s’est échangé sur le marché l’an passé 40 millions de livres d’uranium.
Quelle est la situation actuelle du marché ?
L’offre est largement inférieure à la demande !
Les mines produisent 108 millions de livres par an alors que la consommation annuelle s’élève actuellement à 170 millions de livres. Et elle est attendue à 284 millions de livres dans 20 ans selon la World Nuclear Association, soit une hausse de 67%.
Faisons un rapide calcul : 170 – 108 = le déficit annuel est de plus de 60 millions de livres ! Autrement dit, la demande n’est aujourd’hui satisfaite qu’à hauteur de 63%. Le déficit est comblé par le déstockage des armes nucléaires recyclées, notamment soviétiques. Mais ce stock aura été vidé d’ici à 2013 selon les experts. Au plus tard (nombreux sont les experts qui pensent que ce stock sera vidé avant 2013).
Les programmes nucléaires se multiplient
En Europe, les programmes nucléaires sont relancés. Les BRIC, notamment l’Inde et la Chine mais aussi les Emirats, misent gros sur le développement des centrales nucléaires pour assurer leur production électrique future, et anticiper l’ère de l’après-pétrole.
Par exemple, la Chine veut faire passer son parc de 40 millions de kilowatts à plus de 75 millions en 2020. Inutile de vous dire que ces pays vont chercher à "sécuriser leurs approvisionnements futurs" en uranium.
Nous verrons la suite dès demain…
Meilleures salutations,
Isabelle Mouilleseaux
Pour la Chronique Agora
(*) Isabelle Mouilleseaux rédige chaque jour l’Edito Matières Premières & Devises (Publications Agora), une lettre internet gratuite consacrée au marché des matières premières. Passionnée depuis toujours par la Bourse et par tous les marchés financiers, Isabelle s’est spécialisée dans les matières premières et veut permettre à l’investisseur particulier de découvrir et de comprendre l’investissement sur ce marché des matières premières.
L’Edito Matières Premières & Devises est bien plus qu’une chronique quotidienne. C’est un pôle d’activités centré sur les matières premières qui vous donne les moyens de suivre et de maîtriser ces marchés ! Vous pouvez recevoir gratuitement l’Edito Matières Premières & Devises en cliquant ici.