Par Jean-Claude Périvier (*)
Le président Obama n’a pas fait mystère de son intention d’accélérer les programmes d’énergies renouvelables (de types solaires, éoliens, biocarburants et autres). Mais la froide vérité est que la demande en énergie en tout genre, et surtout de l’énergie électrique, continue d’augmenter dans le monde entier. Et développer des alternatives au charbon, au pétrole et au nucléaire prendra du temps : selon l’IEA (International Energy Agency), les énergies alternatives ne joueront un rôle significatif qu’en 2030. Et encore, ce n’est pas si sûr…
Quelle que soit l’origine de l’énergie, notre appétit pour la puissance électrique semble insatiable. La consommation mondiale d’électricité doit doubler d’ici 2030, de manière inégale d’ailleurs : si les Etats-Unis s’attendent à une augmentation de 50%, la Chine verra sa demande exploser de 400%. Quant à l’Inde, sa consommation d’électricité serait multipliée par six ! Même si la préférence d’Obama va vers des énergies "vertes", sa marge de manoeuvre est restreinte, les énergies traditionnelles basées sur le charbon, le pétrole, et le nucléaire resteront la colonne vertébrale du secteur énergétique pendant de nombreuses années. Et ce qui est vrai pour les Etats-Unis l’est aussi pour les autres grandes nations. Et que voit-on ?
Le charbon, s’il offre des solutions bon marché, et de court terme dans certains pays, est beaucoup plus difficile à utiliser dans d’autres. Mais partout, il présente le visage d’un pollueur inacceptable avec le réchauffement climatique en cours et les limitations d’émissions de CO2.
Le pétrole voit son étoile pâlir. Outre les aléas géopolitiques qui n’en assurent pas un approvisionnement sans risque, la décroissance à terme de sa production est programmée. Les futurs grands gisements sont difficiles d’accès, et donc plus coûteux.
A contrario, l’énergie nucléaire offre une solution de long terme, sans impact sur le réchauffement de la planète. Le fonctionnement des centrales reste bon marché, elles peuvent rester en activité de nombreuses années et causent peu de pollution.
Si les Etats-Unis sont encore réticents à s’engager massivement vers le nucléaire, en dépit de récentes avancées, le reste du monde est déterminé à s’y engouffrer.
Un marché colossal en redémarrage
Il y a actuellement 441 réacteurs nucléaires dans 31 pays, qui génèrent environ 16% de l’électricité mondiale. Malgré les lobbies anti-nucléaires toujours très actifs, l’énergie tirée de l’uranium est de plus en plus banalisée et acceptée dans le monde comme une énergie propre, fiable, et une bonne alternative aux énergies fossiles polluantes.
L’expérience retirée des deux accidents majeurs du dernier demi-siècle, Three Miles Island et Tchernobyl, ainsi que l’évolution des technologies, ont quasiment convaincu les populations de la sûreté de fonctionnement des centrales nucléaires, corroborée par l’absence d’accident majeur depuis plus de 20 ans. La plupart des pays développés ou émergents se bousculent pour acquérir les technologies nucléaires et construire ou acheter de nouvelles centrales. On estime que 630 réacteurs fonctionneront dans 55 pays en 2030.
Actuellement, on en compte 25 en construction, tandis que 38 sont en commande, et 115 ont fait l’objet de propositions de la part des constructeurs. Plus de 40 pays ont approché récemment les services des Nations unies pour exprimer leur intention de démarrer un programme nucléaire. La Chine, à elle seule, a prévu de construire 30 centrales dans les 15 prochaines années, et estime devoir atteindre un parc de 200 centrales en 2050 !
Nous verrons la suite dès lundi…
Meilleures salutations,
Jean-Claude Périvier
Pour la Chronique Agora
(*) Parallèlement à sa carrière dans le conseil aux entreprises et l’intelligence économique, Jean-Claude Périvier s’intéresse à la Bourse et à l’investissement depuis 1986. Analyste de talent, il excelle à détecter et anticiper les tendances futures… pour en déduire les meilleures opportunités de gain dans sa toute nouvelle lettre d’information, Défis & Profits.