▪ La croisée des chemins, le mois de tous les dangers ou, finalement, la confirmation que nous sommes bel et bien dans un marché haussier : voilà l’enjeu de ce mois de mai.
Si je me réfère à 2005 — l’année qui ressemble le plus à ce début 2011, boursièrement parlant — nous avions alors connus un rally haussier sur l’indice valeurs moyennes de 14% ; ce dernier avait été stoppé net mi-avril avec une baisse de plus de 6% en quinze jours. Puis le rally s’était poursuivi sur le reste de l’année et l’indice avait terminé au plus haut à près de 6 100 points, matérialisant un gain de 38% sur l’année. Pour le moment nous sommes en retard par rapport à 2005 avec un gain d’un peu plus de 8% depuis le 1er janvier. Allons-nous subir une nouvelle et traditionnelle consolidation ?
Le principal élément qui militerait pour une consolidation est le manque de soutien lié à la fin des publications de résultats des sociétés. En plus, beaucoup de gérants à qui j’ai pu parler regardent avec circonspection ce nouveau mois boursier.
Dans le même temps, certains signes semblent confirmer la « solidité » (je reviendrai sur cette soi-disant solidité) du trend actuel. Le plus étonnant est que la nuée de cygnes noirs qui s’est propagée fin mars — mêlant problèmes géopolitiques et économiques sur fond d’accident nucléaire — a certes affecté les investisseurs, mais finalement pas plus que cela.
Et que dire de la dégradation de la note des Etats-Unis ? Une simple séance de consolidation aussi vite oubliée. Le biais optimiste reste réel mais la question est de savoir : est-il suffisamment ancré ? Est-ce une réelle solidité ou de l’aveuglement ? Une technique boursière pour tirer le marché encore un peu plus haut et entériner un optimisme forcé ?
En l’absence d’informations positives provenant des sociétés, les opérateurs recommencent à broyer du noir… Finalement, le baril de pétrole menace la croissance mondiale tout comme l’envolée des matières premières et il n’y a aucune raison de se réjouir. Ces sujets me préoccupent aussi depuis quelques mois. L’inflation sur le pétrole et les matières n’est que partiellement compensée par la chute du dollar — qui commence également à devenir pénalisante pour un grand nombre de sociétés exportatrices.
Et le problème des dettes souveraines est loin d’être réglé… Mais finalement, que représentent réellement les dettes européennes en comparaison des 14 000 milliards de dollars annoncés par l’Oncle Sam ? La dette américaine représente 10,8% du PIB prévu en 2012. Une annonce qui n’a pas échappé au gouvernement chinois, principal créancier, qui a demandé expressément aux Etats-Unis de prendre des « mesures responsables ».
Les Chinois détiennent 868 milliards de dollars en T-bonds. Il n’en reste pas moins que, selon les experts, la mise en garde du S&P implique qu’il y a 30% de chance pour que la note de la dette souveraine US soit dégradée dans les deux ans… On imagine le tsunami que cela provoquerait.
En gros : nous sommes assis sur des bombes à retardement mais jusqu’ici tout va bien…
▪ Pourtant, loin de ces questions macro-économiques, nos chères PME françaises résistent et continuent de battre des records. Selon une étude que j’ai réalisée avec mon équipe sur les chiffres d’affaires du quatrième trimestre 2010, les 154 valeurs du CMS 190 que nous suivons affichent une progression de leur chiffre d’affaires agrégé de 14% en dépit d’une base de comparaison beaucoup moins favorable. La première conclusion de cette étude est que les valeurs moyennes continuent de connaître une reprise plus vive que les sociétés du CAC 40.
Les 32 valeurs non financières de l’indice parisien ont enregistré une hausse de 7% de leur chiffre d’affaires au quatrième trimestre. L’effet de base était identique pour les deux panels.
Cette surperformance économique se retrouve d’ailleurs dans les indices boursiers avec un CMS qui progresse de 17% sur les douze derniers mois. Pour l’exercice 2011, après une croissance agrégée de 13% attendue des sociétés clôturant à fin décembre, les chiffres indiquent une progression attendue de 8,4%.
Je reste donc confiant dans le potentiel des valeurs moyennes… en dépit de ce mois de mai tendu qui s’annonce !
[Jean Chabru est le rédacteur en chef de Small Caps Profits, un service de recommandation ultra-efficace se concentrant sur les petites valeurs. Spécialisé dans le segment des small et midcaps, Jean Chabru et son équipe de spécialistes mettent à votre disposition l’une des plus grandes bases de données françaises sur les petites valeurs. Le but ? Vous positionner sur des petites valeurs explosives avant le reste des investisseurs… et attendre que le marché s’en aperçoive et fasse monter les cours !]