** Enfin un pays avec un peu de cran… un peu d’intégrité… un peu de bon sens.
* Et devinez quoi, il s’agit de ce morose réfrigérateur socialiste, la Suède. Lorsqu’on lui a demandé de renflouer son constructeur automobile Saab, détenu par General Motors, le Premier ministre suédois a dit "non".
* "Les électeurs ne m’ont pas choisi pour acheter des usines automobiles en perte", a-t-il expliqué.
* Mais nous vivons une époque de contradictions, de paradoxes et d’oxymores. Le haut est le bas. La gauche est la droite. Le bon est le mauvais.
* Les communistes sont les seuls à protéger le libre-échange, désormais. Les Etats-Unis le débinent dès qu’ils le peuvent. Les actions d’entreprises capitalistes grimpent dans la Chine communiste… aux Etats-Unis, elles chutent. Depuis novembre, l’indice de Shanghai surperforme le S&P de 75%.
* Aux Etats-Unis, des projets que l’on considérait, il y a un an à peine, comme étant trop marginaux sont désormais indispensables. Et les reconnaissances de dette du plus grand dépensier de la planète partent comme des petits pains. Les bons du Trésor US à 10 ans ont un rendement de 2,99% — alors que l’administration Obama annonce un déficit budgétaire de 1 750 milliards de dollars.
* Même les voyous et les criminels ne savent plus à quel saint se vouer. Un homme entre dans une grande banque. Il pointe un pistolet vers l’employé le plus proche et ordonne : "donnez-moi tout votre argent". A quoi l’employé répond avec le plus grand calme : "vous ne comprenez pas. C’est une banque, ici. On n’a pas d’argent".
* Les seuls à avoir de l’argent, en ce moment, sont ceux qui ne l’ont jamais gagné : ceux qui l’impriment.
** Mais revenons en Chine :
Toutes les choses qui convainquaient autrefois les experts que la Chine ne valait rien les persuadent désormais que le pays est l’espoir de la planète. "Les autocrates de Chine peuvent annoncer un plan de relance — et le mettre en place", écrit John Authers avec admiration dans le Financial Times. Inutile de supplier et de mendier auprès des ânes bâtés du Congrès. Ils peuvent le faire purement et simplement.
* Et les banques chinoises sont aussi plus solides. "[Les établissements] de Chine sont en bonne santé, les prêts et les dépôts sont en augmentation. Ce n’est pas le cas de leurs homologues américains".
* Mais notre verre d’ironie déborde lorsque nous lisons la comparaison d’Authers :
* "Enfin, on fait confiance aux officiels". Les marchés ne font plus confiance à Tim Geithner et aux autorités, dit-il. "Pendant ce temps, l’espoir… est fixé à l’audace des officiels chinois et à leur capacité, d’une manière ou d’une autre, à maintenir le cap de leur économie".
* Tout est sens dessus dessous, cher lecteur — c’est à tel point que nous en avons la nausée.
* Le monde entier tourne maintenant ses yeux las… non pas vers ce bastion du libre-échange, les Etats-Unis d’Amérique, mais vers un pays qui n’a une semi-économie de marché depuis moins d’un quart de siècle… un pays encore dirigé par des maoïstes. C’est sur eux qu’il faudrait compter pour sauver l’économie mondiale !
* Quelle excellente époque vivons-nous ! Quasiment tous les gros titres nous donnent envie de boire un verre. Et nous allons enfin assister à une chose dont on n’entend parler que dans les livres d’histoire… une Grande Dépression.
* Les dépôts de bilans aux Etats-Unis sont en hausse de 37% en février par rapport à l’année précédente. Les ventes de maisons plongent, affirment les journaux. Les ventes de voitures plongent, affirment les sites internet. Le chômage grimpe, affirment les nouvelles de ce matin. Les entreprises américaines ont licencié 158% de travailleurs en plus, le mois dernier, par rapport à février 2008. Depuis le début de l’année, les licenciements sont 191% plus conséquents qu’à la même époque en 2008. Quasiment un demi-million d’Américains ont perdu leur emploi cette année… et il reste dix mois à tirer.
* Rappelez-vous que nous vivons une dépression, non une récession. Les économies américaine aussi bien que chinoise ont vécu dans une grande illusion symbiotique ces 10 dernières années. Les Américains pensaient qu’ils pouvaient laisser la Chine transpirer et épargner. Les Chinois pensaient pouvoir gagner de l’argent en vendant à des gens qui ne pouvaient se permettre d’acheter. A présent, les deux économies ont besoin d’une perestroïka. Toutes deux doivent se reconcentrer. La Chine tournera son économie vers la consommation interne… et les dépenses militaires, à n’en pas douter. Les Etats-Unis devront accepter une baisse de leur niveau de vie, avec moins d’importations.
* Ces ajustements prennent du temps. La dernière fois que le monde a vécu une dépression, on était dans les années 30. Toutes les grandes économies — à l’exception de la Grande-Bretagne — ont reculé… toutes perdant plus de 20% du PIB. Il a fallu trois ans avant qu’elles n’atteignent leur plus bas. Ensuite, certaines ont rapidement rebondi — le Japon et l’Allemagne — grâce aux dépenses militaires. D’autres — les Etats-Unis et la France — ont tout juste regagné du terrain.