Par Alexandra Voinchet (*)
Les obligations d’Etat sont assez répandues dans le portefeuille des particuliers, via les contrats d’assurance vie en euros. Toutefois, il vaut mieux prendre ses distances avec ce marché après la bulle de 2008, où elles étaient très recherchées par les institutions financières comme les fonds de pension.
Aujourd’hui, les obligations souveraines sont devenues moins attrayantes.
L’offre est pourtant là, d’autant qu’une bonne part des émissions garanties par l’Etat, qui vient se substituer aux banques, va servir au financement des plans de relance. Mais émissions d’Etat et privées sont désormais en concurrence.
De plus, le nombre d’acheteurs se raréfie, depuis la débandade des fonds de couverture qui en ont été fortement demandeurs.
Le semi-fiasco de l’émission allemande, souscrite à hauteur de 5,2 milliards de dollars sur les six offerts, est inquiétant. "Des plans financiers de relance, une croissance économique ralentie et [éventuellement] de plus forts stimuli fiscaux vont conduire à une aggravation des déficits budgétaires et à une forte hausse de l’offre en obligations d’Etat, ce qui n’est pas bénéfique pour le cours des obligations" actuelles, prévient ING Investment Management. Placer sa dette va devenir difficile.
Les gouvernements devront augmenter les rendements promis, d’où une baisse de la valeur des obligations déjà émises. Un futur krach couve.
Que doit faire le particulier ? Alors que les taux directeurs des banques centrales baissent, les "vieilles" obligations affichent un rendement élevé. Si vous possédez un contrat d’assurance vie ouvert à une époque où les taux directeurs étaient élevés, vous pouvez y placer de l’argent. Dans son panier, votre bancassureur a encore des obligations avec un rendement intéressant, qui compenseront le rendement plus faible des titres actuels. "C’est dans les vieux pots que l’on fait les meilleures soupes." Les rendements des contrats d’assurance vie restent toutefois sur une pente descendante.
En revanche, avant de souscrire à un nouveau contrat, mieux vaut attendre que les rendements repartent à la hausse, ce qui n’est pas pour demain. Le consensus Bloomberg prévoit un rebond des taux d’emprunt à dix ans à 3,4% à la fin 2009. En 1995, leur rémunération était égale à… 6,5%.
Autre prudence : évitez les obligations américaines, ou T-Bonds, et le risque dollar. Tenez-vous également à l’écart de la dette des pays émergents, conseille Theodora Zemek, responsable de la gestion obligataire à Axa IM. Certes, les émissions sont fortes (récemment, 6,5 milliards de dollars ont été émis par le Mexique, la Colombie, le Brésil, les Philippines et la Turquie) et attrayantes (avec des rendements bien supérieurs à ceux des T-Bonds). Mais, bien que sursouscrites, elles sont dangereuses, compte tenu du risque des pays émetteurs.
Meilleures salutations,
Alexandra Voinchet
Pour la Chronique Agora
(*) Alexandra Voinchet est diplômée de l’Institut d’Etudes Politiques de Paris, dans la spécialité Médias. Elle est également titulaire d’un master de Presse économique de l’Université Paris Dauphine. Elle a travaillé dans la presse économique française, quotidienne et hebdomadaire, ainsi que pour la radio en Espagne. Après deux ans d’expérience en presse financière et boursière, elle a rejoint l’équipe du magazine MoneyWeek, et intervient régulièrement dans la lettre e-mail gratuite La Quotidienne de MoneyWeek.