** Aujourd’hui, nous abordons une question cruciale : quand.
* Quand ? Quand quoi ?
* Ah, oui… quand la déflation se transformera-t-elle en inflation ?
* Vous voulez une date, n’est-ce pas, cher lecteur ? Vous voulez savoir exactement quand il faudra passer des T-Bonds américains aux actions, à l’or et à la nourriture lyophilisée. Hélas, nous ne pouvons rien vous donner. Pas même une date approximative.
* Le week-end dernier, nous nous sommes assis dans le fauteuil Richebächer que nous avons à côté de la cheminée. C’est le fauteuil où Kurt Richebächer s’asseyait pour méditer. Nous l’avons hérité de sa famille après sa mort.
* Nous avons essayé d’entrer en contact avec son esprit. Qu’aurait-il pensé, nous sommes-nous demandés.
* "Imaginez que vous êtes dans une petite ville", avons-nous cru l’entendre dire. "Imaginez que le banquier imprime l’argent de la ville dans sa cave. Un jour, il a un peu perdu la tête et a commencé à accorder d’énormes prêts, même à des emprunteurs non-qualifiés, à des taux d’intérêt très bas. On ne tarderait pas à avoir un boom, les gens payant tous leurs achats avec des reconnaissances de dette provenant de la politique de crédit facile de la banque. Mais au bout du compte, lorsqu’on découvre que les gens ne peuvent pas rembourser leurs prêts, une crise terrible se produit".
* "C’est là que vous en êtes maintenant (je dis ‘vous’ parce que je ne fais plus partie des vivants… mais je dois dire que le paradis n’est pas un endroit désagréable… Il y a une absence quasi-totale d’économistes, d’avocats… et pas un politicien en vue). C’est une période de découverte des prix sur les marchés du crédit… parce que personne ne sait qui peut payer ses factures et qui ne le peut pas. Les reconnaissances de dette voient leur valeur chuter".
* "Le chômage grimpe, à mesure que l’économie locale ralentit. La demande de consommation est-elle aussi radicalement réduite, tout le monde étant plus pauvre".
* "Le banquier réalise dans quel pétrin il s’est mis. Evidemment, il veut agir, dans la mesure de ses possibilités. Il essaie de prêter plus d’argent, mais les gens sont déjà passés par cette étape ; ils hésitent à emprunter. Notre banquier entreprend donc de construire un nouveau stade… vous savez, pour faire de l’athlétisme. Il décide de rénover la mairie… en imprimant l’argent nécessaire pour payer tout cela et financer une série de projets destinés à garder ses amis et ses parents au travail".
* "Mais alors qu’il essaie de relancer le boom, le krach continue. Pour chaque dollar qu’il injecte dans l’économie de la ville, deux ou trois dollars sont retirés. Au lieu de dépenser de l’argent comme ils en avaient l’habitude… les citoyens les entassent dans leurs matelas et leurs comptes en banque (une bonne partie de l’argent revient donc à la banque d’où il provient !)".
* "Ce processus peut durer bien plus longtemps qu’on ne pense. Parce que le banquier est, dans les faits, en train d’entraver ce qui doit se produire. Il bloque le processus de découverte des prix… en prêtant de l’argent à des débiteurs ruinés et en soutenant des entreprises qui ne sont plus profitables. Le boulanger, par exemple, a construit un four dernier cri permettant de produire 200 pâtisseries par jour. Lorsque le boom battait son plein, il les vendait tous. Mais maintenant que les gens réduisent leurs dépenses, il n’en vend plus que la moitié. Son investissement dans le nouveau four est désormais perdant. Mais le marché met du temps à le réaliser, parce que le banquier lui donne assez d’argent pour continuer… alors qu’il aurait dû se mettre en faillite il y a des mois de ça. Et il en va de même pour le tailleur, le chapelier et tout le reste".
* "Finalement, le banquier réalise que ses efforts pour relancer le boom ont échoué. Au lieu de dépenser leur argent, les gens l’utilisent pour rembourser leurs dettes. Ils réduisent leurs dépenses ; ils réduisent leur production — et ils continueront à utiliser leur surplus de cash pour rembourser leurs dettes jusqu’au moment où ils sont de retour à la normale, raisonne notre banquier. Même alors, les gens épargneront probablement encore parce qu’ils en ont pris l’habitude ; cela pourrait durer longtemps, se dit-il".
* "Il s’aperçoit ensuite que le seul moyen d’empêcher les gens de tomber dans le piège de la ‘propension à épargner’, c’est de leur faire réaliser que la devise ne vaut pas la peine d’être épargnée… qu’elle perd de sa valeur. C’est à ce moment-là qu’il passera au gono-isme. Il ira à la cave ; il imprimera des piles de billets de 100 $… et commencera à les distribuer dans la rue".
** L’inflation est nécessaire ; pas simplement plus d’argent provenant de la banque. Mais de l’argent… du cash… de l’argent gratuit… et par pelletées.
* Les Etats-Unis ont actuellement environ 1 000 milliards de dollars de capacité de production en trop. Ils ont aussi 6 000 milliards de dollars de dette privée — bien au-delà de ce qui est traditionnellement considéré comme "normal". Et le chômage grimpe. Tant que tout cela persistera, les prix ont peu de chances de grimper. Parce que les entreprises ne peuvent pas fixer librement les prix, pour commencer — pas en cas d’excès de capacité. Dans l’exemple ci-dessus, par exemple, le boulanger peut doubler sa production de pâtisseries sans investissement ou coûts supplémentaires. Il ne peut pas augmenter les prix ; au lieu de cela, il les abaissera probablement afin de faire concurrence au boulanger de l’autre côté de la rue, qui subit lui aussi des excès de production. Les prix de la main-d’oeuvre ne vont pas augmenter non plus — pas quand des licenciements se produisent. Quant aux consommateurs… ils ne recommenceront pas à consommer avant qu’on ait allégé leur fardeau de dette. Avec 6 000 milliards de dollars plus ou moins à décharger, il faudra du temps avant qu’ils ne soient prêts à recommencer à dépenser.
* Alors d’attendez pas de miracles de la part des programmes d’Escroquerisation. Les prix n’augmenteront pas avant que les banquiers centraux ne se transforment en Gono. Et lorsque ce sera fait… les choses commenceront vraiment à bouger ! A suivre…