Par Frédéric Laurent (*)
Compte tenu des événements actuels, il est étonnant de constater que le discours tenu par nos dirigeants diverge quelque peu. Nous affichons un optimisme… débordant : "la France a sévèrement revu en baisse sa prévision de croissance pour 2009 dans une fourchette comprise entre 0,2% et 0,5% contre 1% auparavant ; et pour 2010 à 2% contre 2,5% auparavant", indiquait récemment la ministre de l’Economie, Christine Lagarde. "Cette prévision est lucide", a-t-elle plaidé, soulignant qu’elle était "la (prévision) plus basse jamais retenue par un gouvernement en France". La crise "laissera sur les économies des séquelles durables", a-t-elle précisé.
La France a aussi revu à la baisse sa prévision d’inflation en 2009, à +1,5% contre +2% prévu dans le budget. Elle tient compte de la baisse des prix des matières premières ainsi que d’une baisse de la parité euro/dollar : elle table désormais sur un euro à 1,33 $ l’an prochain contre 1,45 auparavant.
Qui est le plus lucide des deux ? La ministre des Finances ou le FMI ? Je laisserai cette réponse à votre appréciation, mais rappelez-vous que le FMI tirait la sonnette d’alarme sur la crise au printemps 2008 alors qu’en août notre chère ministre essayait de nous rassurer en disant que tout était sous contrôle.
Hier encore une annonce de baisse des taux aurait été saluée. Aujourd’hui cela fait peur
Pour faire face à l’enlisement du secteur économique, les banques centrales européennes ont frappé fort. La BCE a annoncé jeudi 6 novembre une baisse d’un demi-point de ses taux directeurs et surtout a ouvert la voie à un nouveau geste en décembre. "Je ne peux pas exclure que nous réduisions à nouveau les taux", a déclaré Jean-Claude Trichet. L’ampleur de la baisse dépendra notamment des nouvelles à venir sur la santé de l’économie. Après l’action concertée des banques centrales du 8 octobre, son taux directeur est aujourd’hui à 3,25%. Et les économistes attendent une nouvelle baisse d’un demi-point pour décembre.
De son côté, la Banque d’Angleterre a frappé fort d’un coup : elle a abaissé sont taux de 1,5% jeudi dernier, le portant à 3%, son plus bas niveau depuis environ un demi-siècle. Une baisse d’une telle ampleur n’avait pas eu lieu depuis 1981, alors que le Royaume-Uni était plongé dans une grave récession durant les premières années du gouvernement de Margaret Thatcher.
Les marchés disent souvent qu’on achète la rumeur et qu’on vend la nouvelle. Eh bien, le 6 novembre, ils ont bien vendu la nouvelle ! Et même à tour de bras puisque les indices européens se sont tous retrouvés fortement à la baisse, avec -6,38% à Paris, -5,70% à Londres, -6,84% en Allemagne.
Il faut dire que les propos de J.-C. Trichet n’avaient rien de rassurant. Au contraire. "L’horizon pour l’économie est sombre et l’intensification de la crise financière fait toujours peser des incertitudes extraordinairement élevées sur la croissance de la Zone euro et du monde entier". La demande est appelée à ralentir pendant "une période plutôt prolongée", a-t-il souligné. Même s’il ne voit pas de pénurie du crédit "pour le moment" en Zone euro, les tensions se sont intensifiées depuis l’effondrement de la banque d’affaires Lehman Brothers, a-t-il dit. "Nous vivons dans un autre univers depuis le 15 septembre", date de la mise en faillite de la banque américaine, a-t-il jugé.
Les marchés prennent réellement conscience de la gravité de la crise qui s’est installée
Et que le principal moteur de l’économie, la consommation des ménages, est en berne — sans doute pour un bon moment. Alors encore une fois, non, je ne crois pas au rebond actuel. Malgré le volontarisme des politiciens, nous sommes et allons rester en crise pendant un moment. Mais en tant qu’investisseurs, nous avons des solutions dont nous devons tirer profit : pour les découvrir, continuez votre lecture…
Meilleures salutations,
Frédéric Laurent
Pour la Chronique Agora
(*) Diplômé d’un DESS de Gestion Internationale de Fortune, Frédéric Laurent exerce ses activités de conseil et gestion depuis une vingtaine d’années. Il a choisi de se mettre efficacement au service de l’investisseur particulier – bien souvent mal conseillé par les institutionnels. C’est dans ce but qu’il a rejoint les Publications Agora en tant que Rédacteur en Chef de Vos Finances – La Lettre du Patrimoine.