** Grande nouvelle mercredi : la Fed a baissé ses taux à 1%. En d’autres termes, il ne reste plus que 100 points de base.
* Oui, cher lecteur, le taux de prêt de la Fed va certainement descendre jusqu’à zéro. Et le Dow Jones va tomber à 5 000.
* Tôt ou tard, le dollar s’effondrera lui aussi. Nous en avons eu un aperçu avant-hier… quand la devise est tombée à 1,29 $ pour un euro.
* Hier matin, les actions asiatiques sont remontées en flèche suite à l’annonce de la baisse effectuée par la Fed. Comme on pouvait le prévoir, les investisseurs pensent que les autorités ont peut être enfin repris le contrôle de tout ça. Comme on pouvait le prévoir, ils ont tort.
* Souvenez-vous, la crise du crédit a commencé pendant l’été 2007. Avant ça, la guerre entre l’inflation et la déflation se jouait à armes égales. Mais ensuite, la dette des subprimes a fait irruption sur le champ de bataille comme un char d’assaut. En quelques jours seulement, la déflation a gagné du terrain et depuis, elle gagne toutes les batailles.
* Bien évidemment, il faut rendre justice aux autorités. Elles se sont bien battues. Tout d’abord, en Angleterre, elles ont renfloué Northern Rock et plus tard nationalisé tout le système bancaire, garantissant ainsi tous les dépôts. Aux Etats-Unis, ils ont abandonné Bear Stearns à l’ennemi, mais ils ont récupéré Fannie et Freddie… et sauvé AIG, quand Hank Paulson s’est rendu compte que son entreprise, Goldman, risquait 20 milliards de dollars. Puis ils ont distribué plus de 100 milliards de dollars de chèques de "rabais d’impôts". Quand ça n’a pas suffit, ils ont voté une loi de renflouement de 700 milliards de dollars – grâce à laquelle Paulson va pouvoir racheter les erreurs de tous ses vieux copains. Et ils parlent maintenant d’un autre effort de sauvetage général qui pourrait coûter quelques centaines de milliards de plus.
* Pendant ce temps, la Fed a apporté sont soutien à la guerre contre les marchés libres. Ils ont baissé les taux, évidemment. Ils ont également échangé leurs bons crédits contre les mauvais crédits de Wall Street. Ce qui signifie que le bilan de la Fed était autrefois constitué de milliards en bons du Trésor US… et de pas grand-chose d’autre. Désormais, la Réserve Fédérale possède l’un des plus gros stocks du monde en matière d’accidentés de la finance… et il ne lui reste plus que 100 points de munitions.
* Aucune des mesures prises jusqu’à aujourd’hui n’ont semblé améliorer la situation. Les restrictions continuent… en réalité, elles ne font que commencer.
* "Plus de voyages", disait une directive d’entreprise que nous avons vue avant-hier.
* "Plus de formations", disait une autre. "Nous n’embauchons pas de nouveaux et si les anciens ne connaissent pas encore leur boulot, nous nous débarrasserons d’eux."
"Arrêtez d’imprimer les documents… envoyez-les par Internet." Encore une mesure pour réduire les dépenses.
* Et bientôt, les presses d’imprimerie vont cesser de fonctionner… les usines de papier vont ralentir leur activité… et il y aura de moins en moins de queue aux contrôles de sécurité des aéroports…
* … et toutes ces choses… ainsi que des millions d’autres… signifieront moins d’emploi.
* Les nouvelles d’hier annonçaient que l’économie était toujours en train de couler. Les derniers chiffres montrent que le PIB des Etats-Unis a chuté à un taux de 0,5%. Le gouverneur de New York dit que la chute va se traduire par 45 000 licenciements à Wall Street – pire, dit-il, que pendant la Grande Crise. Le gouverneur Paterson a continué en disant que l’état allait devoir faire face à un déficit de plus de 40 milliards de dollars sur les 18 prochains mois.
* En septembre, 159 000 licenciements économiques ont été enregistrés. Et maintenant, le Los Angeles Times prévoit que même Hollywood va devoir licencier des employés.
* Les demandes d’hypothèques sont toujours en baisse. Le prix des maisons s’écroule. Et le Wall Street Journal rapporte que même les dealers n’arrivent plus à vendre leur drogue.
* Oui, cher lecteur, les gens qui sont responsables de la crise financière – les autorités – vont encore aggraver la situation. Plutôt que de laisser les valeurs chuter, elles vont les maintenir tant qu’elles le peuvent… pour combattre pas à pas le processus de correction déflationniste. Résultat : une crise plus longue et plus difficile qu’elle ne devrait l’être… et qui risque de devenir la Première Crise Mondiale, PCM.
* Il y a eu deux exemples d’importantes contractions du crédit au XXe siècle. Dans chaque cas, le gouvernement est intervenu pour stopper le processus de correction. Et dans chaque cas – d’abord aux Etats-Unis après le krach de 1929… ensuite au Japon après le krach de 1989 – les autorités ont utilisé toutes les armes dont elles disposaient pour essayer d’empêcher la déflation. Et à chaque fois, elles n’ont fait qu’intensifier la douleur… et rallonger le temps de rémission de plus d’une dizaine d’années.
* Ayez pitié de ces pauvres gens qui ont investi au Japon ! Début 2008, cela faisait déjà 18 ans qu’ils attendaient une rémission. Au lieu de ça, ils ont encore perdu 50% de la valeur de leurs actions.