** Avant-hier, les cours sont remontés à Wall Street… Le Dow Jones a gagné 413 points. Il n’y a pas eu de suite mardi matin, alors que les investisseurs gardaient l’oeil sur une série d’annonces de bénéfices des sociétés pour le troisième trimestre.
* Mais les investisseurs sont dans l’ensemble d’assez bonne humeur. Après tout, Warren Buffett est haussier sur le cours des actions… Warren mise son argent et ses paroles sur un seul cheval — les actions. Il dit être convaincu qu’elles vont faire mieux que les liquidités dans les dix prochaines années.
* A la Chronique Agora, nous ne sommes pas assez riches pour contredire le Grand Sage des Plaines. Qui plus est, nous pensons qu’il a raison. Du moins en partie.
* Les actions vont certainement faire mieux que les liquidités au cours des dix prochaines années ; mais ce sera surtout parce que les liquidités ne vont pas s’en sortir. Nous pensons que n’importe quoi vaut mieux que les liquidités. Si ce n’est les obligations — qui représentent en réalité des liquidités différées.
* Voici donc, dans l’intérêt des nouveaux lecteurs et de celui des fidèles de la Chronique Agora, notre point de vue :
* Quand M. le Marché décide de bouder, lui redonner le sourire prend beaucoup de temps. Les vrais marchés baissiers durent 10… 15… 20 ans. A en juger par l’effondrement du secteur financier… et les pertes rapides auxquelles nous avons assisté ces trois dernières semaines… nous avons là un vrai marché baissier.
* Ce marché baissier a réellement commencé en janvier 2000, quand le secteur technologique s’est effondré. Mais il s’est inversé quand les autorités ont ouvert les vannes des liquidités, à partir de 2001-2002. Les actions ont alors flotté plus haut… et les consommateurs, les entreprises et Wall Street ont augmenté leur endettement.
* Une bulle enfle jusqu’à ce qu’elle tombe sur une épingle. Les bulles de l’immobilier, des dettes et de l’industrie financière ont commencé à se dégonfler en 2006/2007. Mais le bruit qu’elles ont fait en éclatant ne nous est parvenu qu’en septembre/octobre de cette année, quand Wall Street a implosé.
* Désormais, les autorités n’ont plus aucune solution simple à leur disposition. Elles ne peuvent pas augmenter les crédits des pauvres consommateurs — parce que les tuyaux du crédit ont explosé en même temps que la bulle du secteur financier. Qui plus est, si elles voulaient prêter plus d’argent au consommateur, sur quoi s’appuieraient-elles ? Les prix de l’immobilier s’effondrent.
* Puisqu’ils n’ont plus de crédit disponible, les consommateurs font ce qu’ils doivent faire — ils réduisent leurs dépenses. De combien ? Pour combien de temps ?
* Personne ne connaît les réponses à ces questions mais voici ce que nous en pensons : ils réduisent plus et pour plus longtemps qu’on ne le pense.
* Pourquoi ?
* "La véritable détérioration de l’économie ne fait que commencer", a dit un banquier londonien.
* Tous les hommes d’affaire que nous connaissons ont taillé leurs crayons. Ils parcourent leurs listes de dépenses et entourent les choses dont ils pourraient se passer. La plupart de ces choses sont liées à des noms. Le chômage va augmenter bien plus que prévu. Et par conséquent, les dépenses des consommateurs vont également chuter bien plus que prévu.
* En ce qui concerne l’affaiblissement de l’économie, selon le New York Times, un consensus est en train de se former. Comme on pouvait s’y attendre, la foule demande plus de pain. Et comme on pouvait s’y attendre, les autorités ont très envie de le leur donner.
* Les titres d’hier nous annonçaient qu’un autre cadeau d’encouragement était en préparation du côté du Congrès. Les politiques sont en train de ressortir les lumières, les boules et les guirlandes — ce Noël sera encore meilleur que le précédent. Et l’addition portera la signature de tous les pires rapaces de Washington. Votre ville a besoin d’un pont ? Demandez-le vite, pour que votre député puisse accrocher votre requête sur le sapin de Noël. Pourquoi pas un "centre communautaire" ? Vous avez des indigènes dans le coin… un groupe de victimes quelconques… un groupe de bons à rien qui ont besoin d’argent ? Des estropiés ? Des idiots ? Des républicains ? Des Kiwanis ? Des bouchers ? Des vendeurs de voitures ! Oui, offrez donc un peu de répit aux vendeurs de voitures. D’après les journaux, ils n’arrivent même pas à vendre de voitures japonaises.
* Oui, cher lecteur, nous y voilà. Ben Bernanke a dit qu’il soutiendrait un autre cadeau d’encouragement. Et ce nouveau paquet devrait encourager tout le monde ; il contiendra certainement encore plus de chèques de "remboursement"… de dépenses d’infrastructures… et de primes pour tous ceux qui ont un bon lobbyiste.