** Commençons à 500 milliards de dollars. Pourquoi ? Parce que c’est ce que devait coûter l’élixir d’urgence de Paulson… vendredi dernier. Dans un effort maladroit pour tenter de ramener le calme sur les marchés, le gouvernement fédéral a proposé un plan qui implique l’achat d’un demi-millier de milliards de dollars de ces actifs cancérigènes adossés aux prêts hypothécaires.
– Les mêmes toxines que celles qui ont mis à genoux trois des Big Five de Wall Street (Bear Stearns, Lehman Bros. et Merrill Lynch) devraient, par le biais de cette proposition, se frayer un chemin jusqu’au bilan comptable du Trésor américain. Etant donné les comptes lamentables de l’Etat (avec Medicaid, Medicare et la dette nationale la plus importante de toute l’histoire), nous aurions dû nous méfier du budget du plan d’urgence dès le début.
– Le week-end suivant, le chiffre avait déjà gonflé pour atteindre les 700 milliards de dollars. Bloomberg nous a donné les détails :
– "L’administration Bush a sollicité le pouvoir du Congrès pour acheter 700 milliards de dollars de mauvais investissements hypothécaires d’entreprises financières, dans une intrusion sans précédent du gouvernement dans les marchés".
– L’article mentionnait ensuite l’action du gouvernement comme étant "l’intrusion fédérale la plus importante dans les marchés depuis la Grande dépression".
** Il y a quelques semaines, nous plaisantions en disant que la prochaine action insensée du gouvernement serait de faire irruption dans les salons de coiffure pour s’occuper des dettes et des obligations des coiffeurs et des propriétaires des salons. A mesure que les évènements s’enchaînent, il apparaît que notre marge de manoeuvre, en matière d’hyperbole comique, est de plus en plus limitée.
– Désormais, contaminé par une souche mutante de l’éléphantiasis, le plan d’urgence pourrait enfler jusqu’à atteindre les 2 000 MILLIARDS de dollars.
– Nous avons appris cette semaine que le Trésor américain avait suggéré que le nouveau programme comprenne une plus grande variété de titres adossés à des crédits mobiliers.
– "Le changement suggère l’introduction d’instruments tels que les prêts automobiles et les prêts étudiants, les crédits à la consommation et autres actifs en détresse", révélait Bloomberg. "Cela peut entraîner une augmentation réelle de la somme allouée au plan de sauvetage, tandis que les démocrates et les républicains négocient au Congrès les termes de la dernière loi de l’administration Bush"…
– "Cela signifie que même s’il a demandé seulement 700 milliards de dollars pour s’occuper des mauvais titres, le plan Paulson pourrait en réalité nécessiter pas moins de deux ou trois milliers de milliards de dollars en nouvel argent, émis par le Trésor américain, pour acheter des titres adossés à des crédits mobiliers", estime notre collègue Dan Denning.
– L’une des nombreuses questions qui se posent, du moins pour des êtres humains raisonnables, c’est de savoir si oui ou non le gouvernement américain peut redonner vie à l’économie du pays en imposant à ses citoyens des niveaux de dettes jamais vus auparavant. La transformation des dettes privées en boulets enchaînés aux chevilles publiques pose également une autre question : où l’Etat va-t-il bien pouvoir trouver tout cet argent ? Etant donné que le gouvernement ne peut se tourner que vers l’impôt sur le revenu ou les presses d’imprimerie, la réponse, aussi simple et regrettable soit-elle, est "le contribuable".
– Le capitalisme est en train de devenir une poule aux oeufs d’or… et Paulson & Co. lui calent tranquillement la tête sur le billot.