▪ Voilà qui est amusant : des auto-tamponneuses européennes.
Paf ! Crac ! Crunch ! Bam !
Des pare-chocs entamés. Des radiateurs qui fuient. Des pneus à plat. Youpi !
Mais voici la chose la plus excitante de tout ce petit jeu. L’Allemagne et la Grèce jouent à qui sera le plus fort !
La Grèce appuie sur l’accélérateur et fonce vers l’Allemagne. « Si vous nous forcez à sortir de l’euro, toute l’Europe finira dans les flammes », disent les Grecs.
« Oh ja ? » disent les Allemands, qui font vrombir leur Mercedes, « nous allons bien foir. Nous afons des airbags ! »
Nous observons. Nous nous posons des questions. Lequel craquera le premier ? A moins qu’il n’y ait collision frontale ?
Personne ne le sait.
Mais personne ne veut avoir d’argent dans les banques grecques… dans les banques de la périphérie de l’Europe… ou même en euros… quand on le découvrira.
En tout cas, la monnaie unique a atteint la semaine dernière un plancher de deux ans tandis que l’Europe « se préparait au chaos »…
Un article disait que la Grèce faisait des plans pour se retirer de l’euro. Les Grecs ont promptement nié… ce qui nous a remis en mémoire ce qu’on disait en Russie soviétique : aucune rumeur n’est confirmée tant qu’elle n’a pas été officiellement niée.
De La Rue, une entreprise britannique qui imprime la majeure partie des devises mondiales, n’a pas dit si une commande de drachmes avait été passée ou non.
▪ L’économie, première victime du jeu de massacre
Pendant ce temps, tous ces chocs et collisions endommagent l’économie européenne. Le New York Times nous en dit plus :
« Les données économiques de jeudi montrent que les perspectives de l’Europe s’assombrissent à mesure que la longue bataille pour défendre l’Eurozone continue à miner la confiance, tout en augmentant les possibilités d’un renouveau du cycle de demandes d’austérité ».
« Les données, moroses sans exception, reflétant une faiblesse qui affecte tout le continent ainsi que la Grande-Bretagne, sont tombées le lendemain du jour où les autorités politiques ont une fois encore échoué à sortir de l’impasse où elles se trouvent sur la manière de résoudre la crise de la dette européenne ».
« L’indice Markit qui suit les secteurs des services et des biens manufacturés européens a chuté en mai, passant de 46,7 à 45,9, soit une performance inférieure à ce qu’attendaient les économistes interrogés par Reuters et Bloomberg. Un indice sous les 50 suggère que l’économie se contracte. Au premier trimestre, l’économie de la Zone euro ne s’est développée que de 0,1% ».
« Il y a peut-être plus inquiétant encore : l’Allemagne a publié jeudi [dernier] des données montrant un ralentissement dans une économie qui était jusqu’à présent un coin de ciel bleu sur le continent. L’indice Markit des directeurs d’achats des entreprises manufacturières allemandes est passé à 45,0 en mai contre 46,2 en avril ».
C’est pire en Grande-Bretagne. De nouvelles données montrent que la crise est pire qu’on le pensait. Le New York Times, à nouveau :
« Le Bureau des statistiques britanniques a revu le déclin de son PIB au cours des trois premiers mois de l’année à 0,3%, soit plus que les 0,2% estimés le mois dernier, à cause d’un ralentissement plus prononcé dans le secteur de la construction. La production dans ce secteur a chuté de 4,8% par rapport à l’année précédente, a annoncé l’agence, et non de 3% comme précédemment estimé ».
« Les chiffres révisés sont ‘une mauvaise nouvelles pour les autorités britanniques, puisqu’ils montrent que l’économie va encore plus mal qu’on le pensait à l’origine’, déclare Scott Corfe, économiste senior au Center for economics and business research à Londres. ‘En fait, les dernières données montrent que l’économie britannique va moins bien que l’économie de la Zone euro, qui n’a vu aucune croissance au début de l’année — ce qui signifie que les maux du Royaume-Uni ne peuvent être intégralement attribués à la crise de dette qui affecte le continent’. »
Restons à l’écoute, donc… et voyons ce que demain nous réserve…