Les politiques fédérales actuelles sont axées sur des relations « gagnant-perdant », ce qui prépare les Etats-Unis à une véritable tendance baissière.
« Je suis convaincu depuis longtemps que les institutions purement démocratiques doivent, tôt ou tard, détruire soit la liberté ou la civilisation, soit les deux. Soit un César ou un Napoléon s’emparera des rênes du gouvernement… soit votre république sera aussi effroyablement pillée et dévastée par les barbares que le fut l’Empire romain… avec la différence que vos Huns et vos Vandales auront été engendrés par vos propres institutions dans votre pays. » – Thomas Babbington Macaulay.
Les derniers jours ont été riches en rebondissements à Wall Street.
Conformément au chaos provoqué par les autorités fédérales, le Dow Jones a grimpé de 500 points après que M. Powell a déclaré que la prochaine mesure prise par la Fed serait une baisse des taux. Puis, après avoir reconsidéré la question, les investisseurs ont vendu leurs actions… et le Dow Jones a perdu la majeure partie de ses gains.
Cette agitation n’a rien à voir avec les bénéfices réels des entreprises qui composent le marché réel (alias Wall Street). Il ne s’agit que de spéculations sur les prochaines actions de la Fed. Et c’est un autre des marqueurs du changement que nous observons : nous sommes passés d’une économie gagnant-gagnant, dans laquelle le succès vient de la production de biens ou de services, à une économie gagnant-perdant dominée par la politique.
Il existe des schémas pour tout. Ce que nous avons examiné ces derniers jours correspond au chevauchement entre les tendances des marchés – notamment la tendance primaire – et les tendances des politiques publiques.
Nous arrivons à une conclusion : les politiques fédérales actuelles sont de plus en plus axées sur des relations « gagnant-perdant », ce qui renforce la tendance primaire… et prépare les Etats-Unis à une véritable tendance baissière.
Les joyeux lurons que nous sommes tenons pour acquis que les politiciens ne vont jamais droit au but. Au contraire, ils trouvent toujours le moyen d’arnaquer les gens.
La folie des élites
Mais il existe une forme particulière de folie qui frappe les élites victorieuses.
La corruption – profonde, presque invisible, comme la pourriture sèche sous une couche de peinture fraîche – fausse leur jugement. Ils pensent qu’ils sont les seuls à détenir le secret de la réussite et qu’aucun autre groupe ne pourrait progresser en faisant les choses différemment.
C’était l’idée derrière le fantasme des Etats-Unis triomphants pour toujours. L’émulation était la seule voie à suivre pour les pays en développement.
Il est donc surprenant de constater que des personnes ayant d’autres idées semblent réussir aussi bien, voire mieux. Même lorsque les Etats-Unis et leur royaume – connu sous le nom d’Occident –, tentent de les en empêcher. C’est ce que rapporte le South China Morning Post :
« Made in China 2025 : La Chine atteint la plupart des objectifs de son plan de fabrication, prouvant l’inefficacité des tarifs douaniers et des sanctions américaines
En 2015, la Chine a lancé un ambitieux plan décennal – baptisé ‘Made in China 2025’ – visant à atteindre l’autosuffisance, l’innovation et la puissance dans l’industrie manufacturière en l’espace de dix ans. Mais pendant ce temps, une guerre commerciale avec les Etats-Unis a fait surface pour empêcher la Chine de remplir sa liste d’objectifs.
En 2018, le président américain de l’époque, Donald Trump, a tenté de contrer le plan de la Chine en déclenchant une guerre commerciale. Le gouvernement américain a sanctionné des entreprises chinoises de haute technologie, mis en place des droits de douane élevés et mené une enquête nationale sur les scientifiques collaborant avec la Chine. Lorsque Joe Biden a pris la tête des Etats-Unis en 2021, il est allé encore plus loin en imposant à la Chine des mesures telles que l’interdiction des puces électroniques.
Aujourd’hui, alors qu’il ne reste que huit mois avant le début de l’année 2025, le South China Morning Post a enquêté sur les progrès réalisés par la Chine.
L’analyse confirme que plus de 86% de ces objectifs ont été atteints, et que d’autres le seront probablement plus tard cette année ou l’année prochaine. Par ailleurs, certains objectifs, tels que ceux sur les véhicules électriques (VE) et la production d’énergie renouvelable, ont été largement dépassés. »
Et oui, il nous semblait aussi qu’il soit peu probable qu’une économie aussi sensible sur le plan politique puisse obtenir d’aussi bons résultats. Mais l’histoire ne s’arrête pas là.
L’économiste italien Wilfredo Pareto nous rappelle qu’il y a toujours des gens qui forment l’élite d’un pays. La plupart du temps, ils sont bienveillants et utiles : ils tracent des routes, s’assurent que la plomberie fonctionne, règlent les différends et établissent des normes civilisées.
Mais au fil du temps, leurs petits coeurs crapuleux s’assombrissent. Plutôt que d’agir comme des juges impartiaux, veillant à ce que les règles soient respectées, ils inventent les règles à leur convenance. Les sanctions, les tarifs douaniers, les règlements, les lois, les limites à la liberté d’expression, les déficits, les bombardements, les meurtres, les subventions et les pots-de-vin font tous partie du programme.
Le pouvoir corrompt, dit-on.
La République populaire de Chine est relativement récente : elle n’a été créée qu’en 1949. A l’époque, l’économie américaine était 600 fois plus importante que celle de la Chine. Les Etats-Unis ont continué à se développer. Mais après 1978, la Chine s’est engagée sur la voie du capitalisme et représente aujourd’hui 18% du PIB mondial. En termes de parité de pouvoir d’achat, son économie est déjà plus importante que celle des Etats-Unis, et elle continue de croître deux à trois fois plus vite.
Que se passe-t-il ?
Richard Cullen présente un point de vue désagréable sur la question :
« Les Etats-Unis bombardent tandis que la Chine construit
Aujourd’hui, les Etats-Unis sont presque toujours en guerre contre divers ennemis à travers le monde, ce qui, dans chaque cas, rapporte de riches profits au complexe militaro-industriel-médiatique (CMIM) dirigé par les Etats-Unis. Toutefois, contrairement aux Etats-Unis, la Chine a choisi d’éviter presque complètement la guerre depuis 1979 (année d’une brève guerre avec le Viêt Nam) alors qu’elle se reconstruit. Cette attitude est largement conforme à plus de 2 000 ans d’histoire impériale, où l’évitement de la guerre par la Chine était nettement plus évident qu’en Europe, tant avant qu’après la chute de l’Empire romain. Au niveau le plus fondamental, la Chine ne bombarde pas – elle construit, construit et construit. Et les résultats, qui sont étonnants, sont là pour que le monde entier puisse les voir. »