** Vive le "moins mauvais" ! Vive les risques ! Vive les manipulations gouvernementales quasi légales des marchés financiers ! Vive tout ça à la fois… surtout quand les prix des actions montent en flèche.
– La semaine dernière, on a appris que la production industrielle des Etats-Unis était "moins mauvaise" que ce à quoi on s’attendait. Plus précisément la production des usines, des mines et des entreprises du pays a chuté de "seulement" 0,4% en juin — le plus petit déclin mensuel depuis huit mois. Cette nouvelle économique formidable, combinée à de bons résultats pour Intel, a fait remonter l’indice Dow Jones de 256 points.
– Curieusement, les investisseurs ne semblent pas perturbés par le fait que ces mêmes chiffres, qui montrent une chute modeste — bien que la septième consécutive — dans la production industrielle, montre également une chute de la capacité d’utilisation à 68% — la plus basse depuis plus de 40 ans. Les investisseurs n’ont pas non plus semblé terriblement perturbés en apprenant que l’indice des prix à la consommation (IPC) a fait un grand bond de 0,7% en juin.
– Non, ils n’ont pas du tout semblé perturbés. Les investisseurs ont préféré lire les gros titres ; ils ont ensuite attendu que CNBC leur dise que les gros titres étaient bons, puis ils se sont précipités pour acheter des actions. Le temps que la poussière retombe, plusieurs actions bien placées comme Intel, Microsoft et Goldman Sachs avaient atteint de nouveaux records pour cette année. Les petits chouchous de la Bourse n’ont jamais eu l’air aussi adorables !
** Nous sommes heureux de voir que les scores grimpent, mais nous ne croyons pas qu’ils vont rester là longtemps. Comme nous ne nous lassons (presque) jamais de le faire remarquer, "moins mauvais" ne signifie pas "bon", même si cela en a eu l’air pendant un temps. Qui plus est, peu importe combien de milliards de dollars Goldman Sachs peut gagner en jouant à des jeux sur son écran d’ordinateur, l’économie dans sa globalité ne regagnera pas sa vigueur tant que la production industrielle n’augmentera pas VRAIMENT, et tant que la capacité utilisée ne sera pas plus importante que pendant l’administration Johnson.
– L’économie américaine lutte encore. Et les marchés du crédit ne parviennent toujours pas à fonctionner — principalement parce que les racines du système financier américain sont toujours malades. Grâce aux tactiques employées par l’ancien secrétaire au Trésor Hank Paulson et le président de la Réserve fédérale Ben Bernanke pour retarder la crise, le système bancaire américain est désormais greffé à des racines malades : valorisation malhonnête des actifs, comptabilité trompeuse, interventions capricieuses du gouvernement et nouvelles réglementations nuisibles.
– En tant que nation, les Etats-Unis ont tout raté. Nous avions l’opportunité d’encourager des changements constructifs et nous avons tout fichu en l’air. Quand nous avons enfin eu l’opportunité de purger la pourriture du système financier, nous avons choisi le chemin opposé : nous avons financé le pourrissement, et forcé les parties saines à payer pour ce processus.
– Une poignée de privilégiés bénéficie de tout ça. Le reste d’entre nous n’a qu’à payer.