GameStop a mis la vente à découvert sur le devant de la scène… mais qu’est-elle exactement, pourquoi le short selling, comme on l’appelle, est-il aussi populaire (et décrié), et quel rôle joue-t-il exactement sur le marché ?
L’un des mérites de l’affaire GameStop a été de faire découvrir au grand public un terme jusque-là réservé aux spécialistes des marchés financiers, à savoir celui de « short seller » (vendeur à découvert).
GameStop est une histoire boursière américaine souvent présentée de manière caricaturale : la victoire des « gentils » petits porteurs face aux « méchants » spéculateurs – car, c’est bien connu, dans le pays d’Hollywood c’est toujours le gentil qui gagne à la fin.
Sauf que dans cette histoire, le monde ne se divise pas en deux catégories, avec les gentils acheteurs d’un côté et les méchants vendeurs de l’autre.
Il serait naïf de considérer que le rôle de l’investisseur est de rendre le monde meilleur ou même plus mauvais. Il agit avant tout dans son propre intérêt et avec un seul objectif : gagner de l’argent, que ce soit à la hausse ou à la baisse.
Sauf que depuis quelques années, la vente à découvert est devenue aussi populaire que de tirer un coup de feu au milieu d’un concert.
La vente à découvert : explications
Prenons l’exemple d’un vendeur à découvert qui pense que l’action de la société A est surévaluée. Il va vendre cette action (qui cote 80 €) après l’avoir empruntée auprès d’un intermédiaire, empruntant lui-même le titre auprès de clients tels que des compagnies d’assurances ou des fonds de pension qui exigent en retour une rémunération (et pouvant à tout moment récupérer leurs titres).
Si l’action baisse à 60 €, le vendeur à découvert la rachète afin de pouvoir la rendre à son prêteur, et encaisse une plus-value de 20 € (80 € – 60 €). On serait donc tenté de penser que le short n’est que l’opposé du long.
C’est plus compliqué que cela. En effet, lorsque vous achetez une action de la société A 80 €, votre risque de perte est votre capital investi de 80 €, l’action ne pouvant coter en dessous de zéro. En revanche, lorsque vous vendez l’action à découvert, votre risque de perte est illimitée, car si l’entreprise A cote 300 €, vous avez une perte potentielle de 220 €, soit bien plus que votre investissement initial.
A ce stade, vous vous dites peut-être : pourquoi vendre à découvert si mon potentiel de gain est limité et mon risque de perte est illimité ?
L’utilité de la vente à découvert
Deux écoles de pensée s’affrontent. La première considère le vendeur à découvert comme un investisseur sophistiqué, jouant un rôle déterminant dans la fixation du prix des actions et contribuant à discipliner le management des entreprises. La seconde considère le vendeur à découvert comme un prédateur, manipulant les actions et introduisant de la volatilité dans les marchés.
La réalité, comme toujours, est plus nuancée.
Un investisseur sophistiqué exprime avant tout une vue sur la valeur d’une entreprise après s’être engagé dans une recherche fondamentale (analyse des comptes et de l’information disponible). S’il pense que l’action est sous-évaluée, il l’achète. S’il pense que l’action est surévaluée, il la vend. S’il ne possède pas le titre, il l’emprunte pour le vendre, afin de ne pas rater une opportunité.
De nombreux investisseurs activistes (Citron Research, Gotham City, Muddy Waters) se focalisent même sur les cas de fraudes. Plutôt que de rester dans l’ombre, ils se mettent le plus souvent en scène et occupent l’espace médiatique afin de convaincre les autres investisseurs de vendre leurs titres (au moyen parfois d’une information douteuse).
La vente à découvert permet de se couvrir contre le risque de marché (arbitrage). Si l’investisseur est long d’une entreprise du secteur de l’alimentation (entreprise A), il pe