Défauts de paiement en hausse, déficit fédéral incontrôlable, réarmement mondial… les voyants sont au rouge.
Les crédits auto sont désormais hors de contrôle aux États-Unis. Carscoops rapporte :
« Les Américains écrasés par les prêts automobiles alors que les défauts de paiement et les saisies se multiplient
Beaucoup d’Américains adorent la sensation qu’offre la conduite d’une voiture neuve. Mais le prix de ce plaisir met les budgets des ménages à rude épreuve. Les défauts de paiement sur les prêts automobiles sont en forte hausse, tandis que l’encours total des crédits automobiles atteint désormais la somme colossale de 1 660 milliards de dollars. Certains indicateurs rappellent même, de manière inquiétante, les signaux qui avaient précédé la crise financière de 2008. »
Et le gouvernement fédéral n’est pas en meilleure posture, comme le rapporte notre ami MN Gordon :
« Le gouvernement américain s’apprête à enregistrer un déficit budgétaire de 2 200 milliards de dollars pour l’exercice 2025. La baisse des taux d’intérêt – et donc la diminution des paiements d’intérêts nets – ne réduirait le déficit qu’à environ 2 000 milliards de dollars, soit à peine plus d’un demi-pour-cent de l’ensemble de la dette en cours, qui s’élève aujourd’hui à 37 500 milliards de dollars. En d’autres termes, cela n’aurait strictement aucun impact sur les finances du pays. »
La dette… la guerre ? La dette… la guerre ?
Les actions américaines battent record sur record. Mais depuis le début de l’année, le secteur de la défense, mesuré par l’indice Dow Jones Defense, a progressé plus de deux fois plus vite que l’indice Dow Jones global. Les consommateurs n’ont peut-être plus les moyens de s’offrir des voitures supplémentaires – mais le gouvernement fédéral, lui, peut se permettre d’acheter toujours plus de chars.
Et les États-Unis ne sont pas seuls… En Europe, le réarmement s’accélère même plus rapidement qu’outre-Atlantique. Pour la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale, et en grande partie sous la pression américaine, les Européens dépenseront davantage pour la défense que les Américains eux-mêmes.
Donald Trump, de son côté, sait bien que la défense n’est pas vraiment la mission du département qui porte ce nom. Les États-Unis ne font face à aucun ennemi crédible contre lequel ils devraient réellement se défendre. Aucun pays ne possède la capacité militaire nécessaire pour traverser les océans et envahir le territoire américain. Aucun ne dispose de la puissance économique pour construire et équiper une flotte capable de le faire.
La seule menace sérieuse serait une attaque par missiles – et seule une fraction du budget militaire actuel suffirait à maintenir une dissuasion crédible. Tout le reste de ce budget est consacré à la guerre : à se préparer, à s’équiper, à s’y entraîner… et à enrichir un grand nombre de personnes au passage.
Le département de la Défense n’est qu’une hypocrisie ; le « département de la Guerre » est une réalité. La puissance de feu – ce partenariat malsain entre le public et le privé qu’Eisenhower avait baptisé « complexe militaro-industriel » – est devenue l’industrie emblématique de l’Amérique, au moins depuis la guerre en Irak.
Mais l’histoire ne s’arrête pas là. Cette industrie américaine de la puissance de feu repose sur le faux dollar instauré après 1971. C’est en grande partie l’explosion de cette industrie qui a précipité l’abandon de l’étalon-or… et c’est l’abandon de l’étalon-or qui lui a permis de croître sans limite.
Lyndon Johnson est passé à la postérité pour sa politique de « guns and butter » (« les armes et le beurre ») mais surtout pour avoir favorisé les armes, tout particulièrement au Vietnam. Les banques vietnamiennes étaient alors encore des vestiges de l’empire colonial français, ce qui fit affluer les dollars à Paris. En 1971, le ministre des Finances français, Valéry Giscard d’Estaing, a même envoyé un navire de guerre à New York pour exiger que les États-Unis honorent leur promesse de convertir ces dollars en or au taux officiel de 35 dollars l’once.
Ce fut l’élément déclencheur qui amena Richard Nixon, le 15 août 1971, à fermer la fenêtre de l’or au département du Trésor et à remplacer le dollar – auparavant « aussi bon que l’or » – par un simple billet de papier. Les États-Unis pouvaient dès lors « imprimer » autant de dollars qu’ils le souhaitaient, ce qui a permis aux politiciens de voter des déficits toujours plus importants et des budgets militaires toujours plus massifs. Une grande partie de cet argent est resté dans la région de Washington D.C., captée par les entrepreneurs, les lobbyistes, les élus et les think tanks.
Ce même dollar, qui a financé l’essor de la dette et de la puissance militaire, est devenu une arme à part entière. L’administration Trump a montré au monde entier comment s’en servir pour frapper les ennemis et discipliner les alliés récalcitrants.
Les guerres commerciales menées par Trump ont aussi révélé aux pays étrangers que dépendre de l’accès au marché américain – et donc aux dollars – était bien plus risqué qu’ils ne l’imaginaient. Même lorsqu’ils s’efforcent de se conformer aux exigences de Washington, ils restent vulnérables aux changements de cap dans la politique commerciale ou migratoire.
Dernier exemple en date : l’intervention du service de l’immigration dans l’usine Hyundai en Géorgie. Des centaines de travailleurs sud-coréens, envoyés aux États-Unis pour soutenir l’industrie manufacturière locale, ont été expulsés et sont rentrés chez eux en racontant à quel point ils avaient été maltraités. Beaucoup d’entreprises étrangères réfléchiront désormais à deux fois avant d’investir aux États-Unis.
Elles se demandent également s’il est bien raisonnable de conserver leurs réserves en dollars. Au cours des dix dernières années, leurs avoirs en billets verts ont perdu jusqu’à 40 % de leur valeur à cause de l’inflation et de la dépréciation de la monnaie. Même avec l’inflation relativement modérée d’aujourd’hui, le dollar devrait perdre environ un tiers de sa valeur au cours de la prochaine décennie.
Il n’est donc pas surprenant que de plus en plus de pays s’allient pour contourner les États-Unis et leur monnaie. Le nouveau gazoduc reliant la Russie à la Chine, par exemple, sera payé en yuans, scellant une interdépendance durable entre les deux nations. Et au sein de l’union naissante entre la Russie, la Chine, l’Inde et l’Asie du Sud-Est, le plus grand marché de consommation au monde est en train de se constituer – un marché dont les acteurs veulent commercer avec une devise de réserve autre que le dollar américain.
Depuis le début de l’année, l’or a grimpé de 40 %.
Alors que tout le monde surveille le prix de l’or…
Une entreprise accumule discrètement d’énormes réserves depuis 15 ans sans jamais les exploiter.