L’approche de l’UE consistant à instrumentaliser le commerce pour exporter des choix politiques détériore ses relations commerciales.
Récemment, l’Association européenne de libre-échange (AELE), un groupe de pays comprenant la Suisse, le Liechtenstein, la Norvège et l’Islande, est parvenu à conclure un accord commercial avec l’Inde, d’une valeur de 100 milliards de dollars.
Cela montre d’une part que les petites économies agiles représentent encore l’avenir, et d’autre part, que les performances de l’UE en matière d’ouverture du commerce international au cours des cinq dernières années laissent à désirer. La Commission européenne, dirigée par Ursula von der Leyen, ne semble pas avoir eu d’impact particulièrement positif.
Pourtant, l’ouverture des échanges devrait être au coeur des préoccupations de l’UE, tant au sein de l’Europe qu’entre l’UE et le reste du monde.
L’UE n’a pas réussi à conclure un accord commercial avec le bloc commercial latino-américain Mercosur. Cela s’explique en partie par le protectionnisme français, mais aussi par la demande soudaine de l’UE d’ajouter une annexe sur la « durabilité » à l’accord, ce qui a été perçu comme une façon d’imposer un menu de choix politiques spécifiques par son partenaire commercial.
Cette démarche n’a pas été bien accueillie par les gouvernements du Mercosur, qui se sont montrés particulièrement réfractaires à la nouvelle législation de l’UE sur la déforestation, qui impose les normes de l’UE au reste du monde.
Cette approche de l’UE consistant à instrumentaliser le commerce pour exporter des choix politiques avait déjà détérioré ses relations commerciales avec l’Asie du Sud-Est l’année dernière, lorsque les pays exportateurs d’huile de palme, la Malaisie et l’Indonésie, ont décidé de geler les négociations commerciales avec l’UE, en raison de son refus de reconnaître leurs normes de prévention de la déforestation, malgré le fait que des ONG telles que le World Resources Institute aient loué le succès de la Malaisie en matière de réduction de la déforestation.
L’approche plus raisonnable et plus souple du Royaume-Uni, qui consiste simplement à reconnaître l’équivalence des normes de déforestation en vigueur en Asie du Sud-Est, lui a permis d’accéder à l’accord commercial transpacifique (CPTPP). Cet accord commercial regroupe des pays représentant 15% du PIB mondial.
Ceci étant dit, lorsqu’il s’agit de conclure des accords commerciaux, le Royaume-Uni est loin d’être l’acteur le plus performant. Malgré ses efforts pour conclure un accord commercial avec l’Inde, celui-ci ne s’est toujours pas concrétisé.
Les négociations de l’UE avec l’Australie en vue d’un accord de libre-échange ont également abouti à un résultat décevant, les dirigeants du pays ayant choisi d’abandonner les pourparlers en raison de l’imposition par l’UE de quotas de viande bovine et ovine. « L’arrogance de l’UE a tué l’accord », a déclaré un diplomate d’un pays tiers.
Philippe De Baere, associé et expert en commerce au sein du cabinet d’avocats Van Bael and Bellis, n’est pas tendre vis-à-vis du bilan de Mme von der Leyen en matière de commerce. Il déclare : « Tout le monde a essayé de surcharger les accords commerciaux avec des objectifs non commerciaux. […] Cela a tué la poule aux oeufs d’or. »
Outre la conclusion de l’accord de divorce avec le Royaume-Uni, qui était une nécessité absolue, la conclusion d’un accord commercial avec la Nouvelle-Zélande représente un succès modeste de ces cinq dernières années. Il s’agit toutefois d’un succès relativement mineur, car le commerce bilatéral de marchandises entre ce pays et l’UE ne représentait que 7,8 milliards d’euros en 2021, soit seulement 0,2% du total des échanges commerciaux de l’UE.
En outre, l’UE et la Suisse ont récemment accepté de reprendre les négociations. Mais en fin de compte, l’UE continue d’exiger que sa propre cour suprême, la Cour européenne de justice, serve d’arbitre, même si elle tente de le dissimuler en s’assurant qu’il ne s’agit que d’une instance indirecte. Par le passé, les Suisses ont toujours rejeté cette idée, malgré la bonne volonté de la diplomatie suisse.
Dans ce cas, l’UE pourrait à nouveau échouer à conclure un accord.
Nous verrons dans notre prochain article qu’outre l’incapacité à conclure de nouveaux accords commerciaux, sous la direction de Mme von der Leyen, les flux commerciaux existants sont également mis à mal. L’une des principales raisons de ce problème est le nouveau tarif climatique de l’UE, appelé CBAM (Carbon Border Adjustment Mechanism), par lequel l’UE impose des droits de douane aux pays qui ne sont pas convaincus de copier les politiques climatiques punitives de l’UE.
3 commentaires
Je me réjouis de ces échecs de l’UE. Vive le frexit!
J’approuve Germain! Vite le Frexit.
En économie comme en climat il y a les cycles longs.
Au début de la révolution industrielle l’internationalisation a joué un rôle majeur. 100 ans de cycle écoulé vers 1870 80 une phase de repli s’est enclenchée.
Il est fort possible qu’après 80 ans d’internationalisation nous devions vivre un repli.
Notre niveau de désindustrialisation nous conduit à reconstruire notre outil de production, donc à protéger la pépinière.
Il faut dire que nous vivons l’effondrement de l’influence occidentale hors et dedans les frontières.
A l’époque les investissements extérieurs s’étaient mis à sous performer l’industrie nationale.
Un tiens intra zone vaut mieux que deux tu l’auras extrazone.
D’ailleurs comment faire respecter ses droits extrazone, quand d’un coup il s peuvent disparaître, citons la propriété intellectuelle en asie, la propriété des entreprises en Russie,
La propriété des mines en Afrique, la propriété des capitaux aux us, et j’en oublie peut être… Contrats Australie…