▪ La journée électorale est passée, aux Etats-Unis. Personne n’a eu ce qu’il voulait. A mesure que les intérêts privés, réclamations particulières et préjugés personnels se sont assemblés, ont procréé et se sont propagés, ils ont donné naissance à un monstre grotesque et difforme — avec un millier de têtes et un nombre innombrable de queues hérissées d’épines… un gouvernement vaste, incompétent, extravagant, laid et pesant, qui a quelque chose à offrir à tout le monde, et aucun moyen de tout payer.
Les électeurs ont eu ce pour quoi personne n’aurait voté — un Gargantua avec 200 000 milliards de dollars de passif non-provisionné.
Le Congrès est coincé. Obama est paralysé. Un parti veut réduire les dépenses sociales — en particulier le programme de santé mis en place par Obama. L’autre parti s’y refuse. Il préférerait réduire les dépenses militaires. Les impôts vont automatique grimper l’an prochain. Tout le monde dit que ce sera mauvais pour l’économie. Mais les deux partis ne peuvent se mettre d’accord sur le moyen de faire cesser cette augmentation. L’un veut des impôts plus élevés pour les riches. L’autre veut des impôts plus bas pour tout le monde. Nous sommes généralement pour tout blocage à Washington — mais pas quand une hausse d’impôts est au programme !
S’il s’agissait de la Grèce ou de l’Irlande, le gouvernement serait forcé de réduire son train de vie. Les politiciens n’auraient pas le choix. Les marchés parleraient. Ils devraient écouter. Parce qu’où d’autre trouveraient-ils de l’argent à gaspiller ?
▪ Mais maintenant que l’assouplissement quantitatif est prêt… plus besoin d’affronter les conséquences. Si les acheteurs obligataires ne veulent pas financer le voyage des Etats-Unis vers la faillite, la Fed fournira autant d’argent flambant neuf que nécessaire.
Ben Bernanke en a fait l’annonce hier. D’un seul coup, il sape ainsi les fondations de la démocratie représentative dans son ensemble. Les représentants du peuple sont censés décider de la somme d’argent à lever avec les impôts. Ils sont censés décider ce que la nation peut se permettre, et la manière dont elle doit dépenser son argent. A présent, M. Bernanke a le beurre et l’argent du beurre. Qui a dit que les Etats-Unis ne pouvaient pas se permettre plus de soins de santé ? Une nouvelle guerre ? Du cannabis gratuit pour tout le monde ? Ben Bernanke peut créer l’argent pour tout ça — à partir de rien !
Il a annoncé un chiffre assez élevé pour ne pas décevoir les marchés. Mais il ne s’est pas montré trop précis quand à la date et aux moyens mis en oeuvre… Il doit laisser les spéculateurs dans l’incertitude… et se ménager une marge de manoeuvre.
Bof, les marchés ont absorbé 1 700 milliards de dollars d’assouplissement quantitatif lors de la première phase. Cela n’a pas fait de mal, n’est-ce pas ? Si l’on s’en tient aux preuves, ça n’a pas fait beaucoup de bien non plus. L’argent est entré dans les banques et n’en est plus ressorti. Elles pourraient encore probablement aspirer 1 000 milliards supplémentaires sans saturer complètement. Qui sait ? Si la Fed le voulait, elle pourrait financer le déficit budgétaire fédéral américain tout entier… ou éliminer complètement le besoin d’impôts.
Maintenant, si l’économie s’améliore… Bernanke s’en attribuera le mérite. Si elle ne s’améliore pas, eh bien… au moins, il aura essayé !