** Le dollar va probablement grimper. Nous resterions tout de même à l’écart…
* Voici le point de vue de Warren Buffett :
* "A l’automne dernier, notre système financier était au bord d’un effondrement qui menaçait de se transformer en dépression. Cette crise exigeait de notre gouvernement qu’il fasse preuve de sagesse, de courage et de fermeté. Heureusement, la Réserve fédérale et les principales autorités de l’administration Bush comme Obama ont réagi de manière plus qu’adéquate à ce besoin".
* "Ils ont fait des erreurs, bien entendu. Comment aurait-il pu en être autrement lorsque des piliers soi-disant indestructibles de notre structure économique s’effondraient autour d’eux ? L’écroulement a cependant été évité, avec un torrent d’argent fédéral jouant un rôle essentiel dans le sauvetage".
* "L’économie américaine est désormais sortie des urgences et semble avancer tout doucement sur le chemin de la reprise".
** C’est probablement l’avis partagé par la plupart des économistes et des investisseurs. Ce n’est pas le nôtre. De notre point de vue, aucune reprise n’est en cours… et il n’y en aura jamais. On peut se remettre d’une gueule de bois. On peut se remettre d’un mauvais divorce. On peut même se remettre d’un tremblement de terre. Mais une fois qu’une dépression économique commence, on ne peut que la subir — jusqu’à ce qu’elle prenne fin. On peut ensuite commencer à reconstruire. On ne retrouvera jamais l’économie d’avant la crise. Il faut trouver un nouveau modèle économique.
* Un titre vu dans la presse : "les consommateurs hésitants freinent la reprise".
* C’est une manière de dire les choses. Les consommateurs n’ont pas d’argent. Ils doivent réduire leurs dépenses. Selon toutes probabilités, ils les réduiront jusqu’à ce que leur taux d’épargne atteigne 10% de leurs revenus disponibles. Cela retirera 1 000 milliards de dollars des dépenses de consommation. L’économie ne peut pas, matériellement, se remettre dans de telles conditions. Elle ne peut revenir à son ancien état nourri par la consommation et le crédit. Elle doit plutôt vivre une période de transition — durant laquelle la production sera déprimée — jusqu’à ce qu’elle se trouve une nouvelle personnalité, mieux adaptée aux nouvelles circonstances économiques.
* Mais Buffett ne s’inquiète pas de la dépression. Il s’inquiète du financement de la reprise :
* "… d’énormes doses de médicaments monétaires continuent d’être administrées, et avant longtemps, nous devrons gérer leurs effets secondaires. Pour l’instant, la majorité de ces effets sont invisibles et pourraient même rester latents pendant longtemps. Tout de même, leur menace pourrait être aussi inquiétante que celle posée par la crise financière elle-même".
* Buffett fait le calcul. Cette année, le déficit américain atteindra au total 1 800 milliards de dollars. Depuis 1920, le déficit le plus profond en temps de paix se montait à 2% du PIB. Actuellement, on en est à 13%. Rien que ce chiffre devrait sonner l’alarme. Mais ce n’est pas tout. D’où vient tout cet argent ? Même si l’on pouvait mobiliser 100% du déficit commercial net américain (environ 400 milliards de dollars, l’argent qui passe entre des mains étrangères suite aux dépenses américaines) et 100% de l’épargne américaine (que l’on estime à 500 milliards de dollars environ), il manquerait encore 900 milliards de dollars.
* Des emprunteurs désespérés doivent s’attendre à payer des taux d’intérêt élevés. Un emprunteur qui n’a pas besoin d’argent peut prendre son temps pour dénicher les meilleurs taux et attendre que les conditions soient meilleures. Mais quand une personne a besoin d’emprunter, elle prend ce que le marché lui donne.
* Pourtant, l’une des choses les plus curieuses au sujet du monde financier en l’an de grâce 2009, c’est le rendement du bon du Trésor américain à 10 ans. Il est passé sous les 3,5%. En dépit des emprunts record de la part de la Fed, les prêteurs se contentent des rendements les plus bas depuis près d’un demi-siècle. Allez comprendre.