Les festivités de la fin d’année sont terminées et nos politiciens de métier sont de retour pour un premier trimestre qui s’annonce très chargé. Depuis la mi-novembre, ils sont de garde le samedi, ce qui leur donne d’autant plus d’occasion de s’illustrer. Aucun domaine des affaires publiques n’est épargné.
Arts & culture : le rayonnement de la France ne passera pas par le politique
Commençons avec le suivi de nos affaires en cours. Mise au défi par l’animateur Cauet de « placer #bolos à l’assemblée nationale », Danièle Obono avait relevé le gant sans la moindre hésitation dans une allocution lors des Questions au gouvernement. La députée LFI a accompli sa fanfaronnade fin décembre : « arrêtez de prendre les gens pour des bolosses !» ordonne-t-elle au Premier ministre.
Pour ceux qui sont peu familier des dernières évolutions linguistiques = bolos = bouffon au sens moderne (et non pas médiéval).
Il est vrai qu’il est nettement plus facile de crâner avec ce genre de gamineries plutôt que de finir sa thèse de doctorat en science politique, comme l’a prouvé la franco-gabonaise après plus de dix années de « recherches » (sa thèse portait sur les mouvements sociaux et démocratiques au Nigeria).
Ça n’est pas Christophe Castaner qui recourrait à ce genre de vocabulaire. Le ministre de l’Intérieur se donne au contraire bien du mal pour nous faire accroire qu’il est quelqu’un de respectable et cultivé.
Mi-décembre, il a tenté de se faire passer pour un amateur d’art en mettant sur le même plan l’incendie d’une « statue de rond-point » et la destruction des « Bouddhas géants de Bâmiyân » par les talibans.
Je vous laisse juger si le ministre a un problème de culture ou un problème de bonne foi :
Si vous avez le moindre doute, sachez que l’œuvre de droite a été nominée en 2018 pour le concours des ronds-points les plus laids de France.
Français, empressez-vous de mourir pour sauver la planète !
Nos politiciens s’expriment rarement sur les questions de démographie, si ce n’est pour nous faire part de leurs considérations niaises au sujet de l’immigration, qu’il s’agisse de présenter intrinsèquement tout immigré comme une chance pour la France ou au contraire comme un problème.
Yves Cochet a récemment fait savoir son opinion sur le sujet. Comme beaucoup d’écologistes, il a le mérite d’envisager la question au niveau mondial. Mais comme beaucoup d’écologistes, l’intérêt de la France et des Français lui semble tout à fait étranger.
Extrait de l’entretien accordé par l’ancien ministre a L’Obs le 3 janvier :
« Lorsque l’on assume d’être ‘néomalthusien’, on est vite accusé de racisme ou d’élitisme. Je précise donc que je ne vise pas les pays les plus pauvres, qui font plus d’enfants que les autres. Au contraire. Les pays riches sont les premiers à devoir décroître démographiquement. Ce sont eux qui ont le mode de vie le plus polluant. Par ailleurs, limiter nos naissances nous permettrait de mieux accueillir les migrants qui frappent à nos portes. »
Comme Laurent Alexandre a passé un bon millier de pages à expliquer en quoi les malthusiens ont toujours eu tort, forcément, la sortie d’Yves Cochet ne l’a que très peu amusé.
Laïcité : vers une France de plus en plus communautarisée ?
J’ai eu l’occasion de vous parler du « service national universel », cette « colonie de vacances obligatoire » censée recréer du lien social au sein de la jeunesse et la sensibiliser aux vertus d’un comportement civique. J’ai également déjà évoqué la ribambelle sans fin de comités Théodule à l’utilité plus que douteuse mais dont l’existence grève assurément votre budget.
Comme il faut bien de temps en temps donner des missions aux apparatchiks qui officient dans ces bidules – sans quoi ils pourraient finir par s’ennuyer -, le sémillant Gabriel Attal (secrétaire d’État auprès du ministre de l’Éducation nationale et de la Jeunesse) a missionné l’Observatoire de la laïcité pour lui fournir une étude sur « l’application du principe de laïcité et sa promotion dans le cadre du futur service national universel ».
Marianne explique la recommandation phare qui en est ressortie :
« L’Observatoire souhaite que le principe d’interdiction des signes religieux ostensibles (voile islamique, kippa, turban, croix chrétienne de taille importante) en vigueur à l’école publique ne s’applique pas aux jeunes de 14 à 16 ans lors des 15 jours en internat de leur service national universel. »
En principe, cette commission consultative créée en 2007 a pour objet d’assister « le gouvernement dans son action visant au respect du principe de laïcité dans les services publics. » Ses 23 membres l’auraient-ils oublié ? Heureusement, le ministre de l’Éducation nationale et de la Jeunesse n’a pas tranché en faveur du détricotage de la laïcité à la française.
Attendons de voir ce que nous réserve le gouvernement avec la réforme de la loi de 1905…
Votre argent : enfin une bonne nouvelle !
Clôturons ce billet sur une note positive. Pour une fois, j’ai une bonne nouvelle à vous annoncer sur le plan de la vie pratique.
Sachez que le numéro d’appel sur le prélèvement à la source ne sera pas surtaxé. Lorsque vous appellerez « les impôts » après vous être arraché quelques poignées de cheveux, la communication vous sera facturée au prix d’un simple appel local. L’Etat, dans sa grande mansuétude, vous concède donc six centimes d’euros par minute. J’espère que vous saurez apprécier ce geste.
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La laïcité ne signifie pas nécessairement le piétinement de la liberté de culte