▪ Le mois d’octobre s’est passé d’assez bonne manière avec un CAC 40 qui a progressé de 2% après le gain historique de septembre. Les résultats des sociétés ont été meilleurs qu’attendus, et la poursuite des opérations de fusions-acquisitions ont servi de soutien aux marchés : le CAC 40 a progressé de 2% et notre indice de petites valeurs, le CAC M&S190, a pris 4,9%.
Tout semble remis sur les rails, sauf que…
▪ Ras le bol des marchés ?
Sauf que le rebond de la croissance économique reste limité outre-Atlantique. La consommation des ménages est atone. Les incertitudes pour 2011 sont fortes et la visibilité s’en trouve bien évidemment réduite. Mais du coup, dans ce contexte, il est intéressant de noter que si l’aversion pour les actions reste marquée, il semble que les investisseurs institutionnels commencent à se repositionner plus massivement.
Et c’est bien la raison pour laquelle les marchés sont en hausse. Mais avec tous les excès que les années 2000 ont produits (bulle internet, "1929 2.0", krachs, faillites et bonus record), les investisseurs particuliers comme vous et moi ne sont-ils pas tout simplement durablement échaudés.
Coupés de la réalité, les marchés financiers ne font-ils pas tout simplement peur aux petits épargnants ? La Bourse ne dégoûte-t-elle pas simplement l’investisseur qui voudrait sainement faire fructifier ses économies ?
▪ La valeur des entreprises n’est plus uniquement financière
Je pense que nous en sommes à ce croisement. Loin de ne s’arrêter qu’au PER et au potentiel de croissance des entreprises, il me semble que nous avons désormais besoin d’autre chose, d’autres garanties, que d’autres valeurs entrent en jeu.
Et c’est là qu’un nouveau concept — qui prend de plus en plus d’ampleur — pourrait apporter une forme de réponse à la quête de sens actuelle : l’ISR, l’investissement socialement responsable. Ce concept nous pousse nous, investisseurs et analystes, à avoir de nouvelles grilles de lecture — car les anciennes ont montré leurs limites.
J’ai regardé cette nouvelle tendance dans un premier temps de manière assez lointaine, y voyant surtout un nouvel enrobage marketing et une manière de se déculpabiliser de faire de l’argent dans le contexte actuel. Mais plus je regarde les initiatives qui se font à gauche et à droite et plus cela ne me paraît pas dénué d’intérêt. La première raison est que les marchés financiers doivent arrêter d’imposer leurs lois à l’économie en exigeant notamment des rendements toujours plus élevés.
D’abord réservé essentiellement aux grandes valeurs, il semblerait que les valeurs moyennes se mettent sérieusement à l’ISR. Il suffit d’aller sur le site de Mersen (ex-Carbone Lorraine) pour se rendre compte que la préservation du capital humain est mise au centre de la stratégie du groupe, au même titre que les éléments financiers. D’ailleurs récemment, la présentation donnée par le responsable des ressources humaines durait le même temps que celle du directeur financier ! Cela constitue un signal fort de changement des mentalités.
Je suis même tombé sur un nouvel indice qui s’appelle le GAIA INDEX et dont les performances depuis sa création (octobre 2009) sont identiques à celle du CAC Mid & Small 190 : +11%.
Cela ne veut pas dire grand-chose pour l’instant, mais je commence à penser que les sociétés qui auront une bonne gouvernance, qui auront une conscience environnementale et qui mettent l’humain un peu plus au centre des préoccupations peuvent finalement être celles qui gagnent en Bourse aussi.
Cela rejoint d’ailleurs la politique de valeurs que j’affectionne et que nous avons en portefeuille, tout simplement parce que leurs patrons ne sont pas des cost-killers psychopathes. Je sais que cela peut sembler étrange à dire mais cette dimension me paraît désormais indispensable et je vais d’ailleurs l’intégrer dans mes critères.
[NDLR : Curieux d’en savoir plus sur ce nouveau critère de sélection — et de l’appliquer à vos investissements ? Retrouvez dès maintenant les conseils de Jean Chabru : il suffit de continuer votre lecture…]