Les politiques fédérales – taux d’intérêt très bas – ont exagéré les sommets. Maintenant, comme si elles étaient guidées par une « main invisible », elles vont exagérer les creux.
L’un des problèmes que pose le fait d’être l’hégémon du monde est que l’on devient comme toutes ces idoles de TikTok ; on ne peut s’empêcher de regarder l’écran et de s’admirer. Vous pensez que vos croyances sont celles que toute société prospère devrait avoir. Que vos institutions sont celles que tout le monde devrait imiter. Que vos règles et règlements devraient s’appliquer à tous. Et que si quelqu’un d’autre veut réussir, il devra faire ce que vous avez fait.
Mais revenons en arrière. Voici ce que nous savons jusqu’à présent :
- les obligations ont atteint leur sommet en juillet 2020 ;
- les actions ont atteint leur sommet en décembre 2021.
Ces deux sommets ont marqué le début d’une nouvelle tendance primaire. Si nous avons raison, ces sommets ne seront pas atteints à nouveau, en tous cas probablement pas de notre vivant, et probablement pas avant que de nouveaux creux importants ne soient enregistrés.
La tendance primaire est désormais à la baisse pour les prix des actifs et à la hausse pour les taux d’intérêt.
La nation de l’exagération
Les politiques fédérales – via des taux d’intérêt très bas – ont permis à ces sommets d’être atteints. Maintenant, comme si elles étaient guidées par une « main invisible », elles vont façonner les creux. En d’autres termes, les autorités fédérales dépenseront trop d’argent, s’engageront dans trop de guerres, limiteront les échanges commerciaux, récompenseront leurs amis… puniront leurs opposants… et promulgueront des réglementations et des politiques qui réduiront la production, ce qui va augmenter ainsi les prix réels à la consommation et accroître la pauvreté.
Bien sûr, il s’agit d’une supposition. Mais c’est ce qu’un empire dégénéré a tendance à faire. Et jusqu’à présent, les autorités fédérales font ce qu’elles devraient faire, pour affaiblir les Etats-Unis et aggraver la situation de la plupart des gens.
Cette vision rétrograde semble être la meilleure façon de comprendre le programme sur « l’aide à l’étranger » de 95 Mds$, récemment adopté, qui ne peut être justifié que dans les termes les plus abstraits – sécurité, noblesse et ainsi de suite, ce qui, nous le soupçonnons, n’est rien d’autre que du baratin pour dissimuler ce qui est avant tout un gâchis pour l’industrie de la puissance de feu.
Mais aujourd’hui, nous allons tenter de voir plus loin… dans la bouillie de la mégapolitique. La plupart d’entre vous qui lirez cet article vivez en Occident. Nos opinions sont celles des Occidentaux. Nos informations et nos opinions proviennent de la presse occidentale.
En écoutant l’interview de Vladimir Poutine par Tucker Carlson, nous nous sommes vite rendu compte qu’il avait un point de vue totalement différent. Vit-il sur une autre planète ? Est-il simplement stupide ? Peut-être… mais il s’agit d’un autre type de stupidité.
Dans la guerre entre l’Ukraine et la Russie, par exemple, on nous dit, à nous Occidentaux, que les Russes sont les « méchants ». Nous le croyons presque tous. Mais Poutine ne le croit pas. Qu’est-ce qui ne va pas chez lui ?
A Gaza, nous sommes censés croire que les Israéliens sont les bons, même s’ils sont « allés trop loin ». Seule une frange d’intellectuels, d’étudiants et de gauchistes pense le contraire. Qu’est-ce qui ne va pas chez eux ?
Les relations avec l’étranger
Et qu’en est-il des générations qui nous ont précédés ? Elles l’avaient bien compris : nous ferions mieux d’éviter les querelles avec les pays étrangers ; aujourd’hui, elles sont omniprésentes. Et pendant 180 ans, elles ont fait de leur mieux pour contrôler les déficits. Même sous l’administration Reagan, la dette totale des Etats-Unis était inférieure à 1 000 Mds$. Etaient-ils tous stupides, eux aussi, pour avoir essayé de vivre selon leurs moyens ?
Nous savons également que nos pensées – façonnées par nos contacts et les circonstances, les influenceurs et les grandes gueules – sont les bonnes. Après tout, nos modèles de gouvernement, de marchés, de tribunaux, de restauration rapide, de films, de médias d’information et de « défense » dominent le monde. Ils ont du succès. Ils doivent être « justes ». Nous sommes les peuples élus. Nous avons envahi l’Amérique du nord et du sud, l’Australie aussi… et pratiquement exterminé les peuples indigènes. Ce n’était pas l’inverse.
Notre monde occidental doit bien être plus libre, plus juste, plus riche et plus intelligent que n’importe quel rival. Et si quelqu’un veut être notre partenaire… un allié… ou un ami, il devra les choses à notre manière.
Et il va presque sans dire que si un « dictateur » à la tête d’une économie excentrique et marginale comme celle de la Russie ferait les choses différemment… il sèmerait la pagaille. De même, comment un planificateur central communiste, tel que le président Xi, pourrait-il « diriger » une économie prospère, surtout si elle compte 1,4 milliard d’habitants ?
Et pourtant, les économies chinoise et russe croissent toutes les deux 3 à 4 fois plus vite que les Etats-Unis.
Que se passe-t-il ? N’avons-nous pas suffisamment sanctionné ces pays ?
Oilprice.com rapporte :
La Chine gagne la course aux VE abordables
Rien qu’en Chine, les ventes de VE devraient atteindre environ 10 millions cette année, ce qui représente environ 45 % de toutes les ventes de voitures dans le pays.
Asia Times rapporte :
Ce qui hante les décideurs politiques, c’est la prise de conscience que les Etats-Unis n’ont plus un avantage industriel du type de celui de la Seconde Guerre mondiale. Aujourd’hui, la Chine est la première puissance manufacturière du monde. Les Etats-Unis ne sont pas aussi loin de la Chine que le Japon l’était des Etats-Unis dans les années 1940, mais ils ne sont plus l’arsenal de la démocratie.
Aujourd’hui, les Etats-Unis sont la deuxième économie manufacturière du monde et leur production manufacturière annuelle de 2 500 Mds$ dépasse l’ensemble des économies de tous les pays sauf sept. Mais ils sont loin derrière et leur capacité à construire suffisamment d’outils de guerre parmi les plus importants est remise en question.
Le pliage des métaux fait partie des secteurs en perte de vitesse aux Etats-Unis. En termes de valeur monétaire de la production, les trois plus grandes industries manufacturières américaines sont les produits chimiques, les produits informatiques et électroniques, ainsi que les produits alimentaires, les boissons et les produits du tabac.
Dans le même temps, la Chine se doterait d’armes cinq à six fois plus vite que les États-Unis. Dans un conflit avec Taïwan, sa vaste infrastructure manufacturière lui permettrait-elle de surpasser les États-Unis, comme ces derniers ont surpassé le Japon et l’Allemagne lors de la Seconde Guerre mondiale ?
Pour fabriquer des chars, des avions ou des bombes, il faut plier du métal. Mais peut-être pourrons-nous les acheter aux Chinois ?