Les ressorts de la politique monétaire et de la politique budgétaire sont fatigués alors que Donald Trump arrive au pouvoir. Plus de relance budgétaire déchaînera l’inflation mais toute opposition du Congrès au déficit déclenchera la déflation.
La semaine dernière, nous nous sommes arrêté au moment où l’armée triomphale de Trump marchait sur Washington.
Après sa victoire sur Hillary Clinton et l’establishment… Trump s’est tourné vers la capitale des Etats-Unis. Sans rien pour entraver son chemin, il s’en saisira dans quelques semaines.
Pelles et pompes
M. Trump a surpris les Etats-Unis par deux fois. D’abord, le politicien amateur a battu Jeb Bush à plate couture en Floride. Ensuite, il a dépassé Mme Clinton dans le nord du Midwest.
Clinton partait gagnante dans les sondages mais elle a mené une bataille sans imagination, avec des troupes de mercenaires qui n’avaient pas les tripes pour se battre à fond.
M. Trump a fait appel à des soldats de Virginie de l’ouest et des anciennes banlieues industrielles de Gary, dans l’Indiana.
Ils sont apparus sur le champ de bataille comme s’ils sortaient de nulle part, attaquant l’ancienne Secrétaire d’Etat sur les côtés. Elle les avait traités de « déplorables », mais ils se battaient bien.
A présent, avec les deux armées protectrices de Washington en déroute, M. Trump avance. « Je purgerai le marigot », a-t-il promis.
Nous avons passé une bonne partie de la journée de vendredi avec quelqu’un qui connaît bien le marigot en question.
David Stockman était un très jeune membre du Congrès US, originaire du Michigan, quand Ronald Reagan a fait appel à lui pour creuser des fossés d’évacuations en tant que chef du budget.
Reagan était un outsider, un acteur de Californie, et non un politicien professionnel.
Lui aussi avait battu l’homme des initiés — le président Carter. Et lui aussi avait amené des pelles et des pompes lors de son arrivée à Washington.
« Oui, il y a certainement des parallèles », nous a dit Stockman.
« J’étais en contact avec l’équipe Trump. J’ai écrit un livre sur lui. Mais ils vont être surpris. Ils ne savent pas ce qui les attend ».
Accro à la dette
Mais revenons un peu sur nos pas. Nous avons une économie qui est accro à la dette.
Les banques injectent du nouvel argent dans le système ex nihilo — à partir de rien. Sans ces nouveaux prêts, la masse monétaire chute à mesure que les anciennes dettes sont soldées. Sans argent supplémentaire, l’économie s’ankylose.
Notre ami l’économiste Richard Duncan estime que le crédit (la dette) doit augmenter d’au moins 2% par an, sans quoi l’économie US s’enfoncera dans la récession.
Politique monétaire ou politique budgétaire ?
Ces 35 dernières années, les taux d’intérêt ont baissé… pour rendre l’emprunt plus facile. A présent, il y a abondance de dette dans le système — 63 000 milliards de dollars rien qu’aux Etats-Unis — mais il n’y a plus guère de marge de baisse pour les taux.
« La politique monétaire est épuisée », dit David. « Tout le monde le sait. Ce qu’on ne sait pas, c’est que la politique budgétaire est épuisée aussi ».
[NB : La politique monétaire tente de stimuler l’économie en fixant le prix du crédit. La politique budgétaire tente de stimuler la croissance en augmentant les dépenses gouvernementales].
Donald Trump a promis de faire croître l’économie à un taux annuel de 4%. Pour y parvenir, il devra la stimuler d’une manière ou d’une autre.
Les experts lui diront qu’il n’a que deux outils : la relance fiscale ou la relance monétaire. (Il ne nous a pas demandé notre avis : nous lui aurions conseillé de rester à New York).
La « transaction Trump » — parier sur une hausse des actions et des prix des matières premières ainsi qu’une baisse des obligations — est un pari sur la relance et l’inflation ; c’est le pari que M. Trump passera de la relance monétaire à la relance budgétaire. A long terme, c’est à notre avis un bon pari.
L’inflation, c’est ce que promet « le Donald ». Mais la relance budgétaire requiert l’approbation du Congrès. Il ne l’obtiendra peut-être pas. C’est peut-être la plus grande surprise de toutes pour M. Trump. Il ne purgera peut-être pas le marigot : peut-être qu’il s’y noiera.
Les crocodiles passent à l’attaque
Nous avons donc deux possibilités.
Soit le Congrès américain suit M. Trump et la bulle du crédit se termine par une explosion inflationniste…
… Soit il tient le cap — refusant de nouvelles relances budgétaires — et il en résultera un désastre déflationniste.
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Il y a bien entendu plus de nuances, rebondissements et surprises. Mais c’est là l’intrigue de base.
Stockman est d’avis que le marigot avalera Trump, son armée et ses grands plans budgétaires. « J’ai déjà vu ça. Il y a des crocodiles dans ce marigot », dit David, en montrant ses cicatrices.
Chaque croco luttera pour ses propres subventions, ses dépenses, son budget, ses crédits d’impôts, son emploi, son pouvoir, son influence, son projet favori.
Il va y avoir des éclaboussures… des coups de dents… des membres dévorés… et du sang dans l’eau du Potomac.
Les républicains voudront réduire les programmes sociaux s’ils doivent approuver plus de dépenses sur les infrastructures et la défense. Les démocrates refuseront de suivre les dépenses de Trump si les programmes sociaux ne sont pas préservés.
Chaque pas que fait le nouveau président l’amène plus profond dans le marigot.
La conclusion, selon Stockman : « le programme de Ronald Reagan n’a pas survécu. Celui de Donald Trump ne survivra pas non plus ».