La majorité des sièges de la Fed sont vacants depuis septembre. Le consensus pense que Trump va nommer des partisans du dollar faible, mais ce consensus pourrait se tromper.
Actuellement, Donald Trump a la possibilité de nommer davantage de membres du Conseil des gouverneurs de la Réserve fédérale qu’aucun autre président depuis Woodrow Wilson.
Le président Wilson a ratifié le Federal Reserve Act lors de la création de la Fed, en 1913, alors que tous les sièges du conseil étaient vacants. A cette époque, la loi précisait que le secrétaire au Trésor et la personne en charge du contrôle de la monnaie – comptroller, aux Etats-Unis – siégeaient automatiquement au Conseil des gouverneurs de la Fed. En dehors de ces deux personnages désignés, le président Wilson a choisi la totalité des cinq autres membres.
Aujourd’hui, Trump a la possibilité de nommer davantage de membres du Conseil des gouverneurs que tout autre président avant lui.
C’est assez surprenant, lorsque l’on y songe.
Pour mémoire, le Conseil des gouverneurs de la Fed est constitué de sept personnes. Cela signifie qu’avec quatre voix, elles peuvent prendre une décision majoritaire. Vous verrez également dans les statuts de la Fed qu’il est question de « présidents de réserves fédérales régionales ». Ce sont des fonctions exercées au sein du Système de la Réserve fédérale, mais le véritable pouvoir est exercé par les sept membres du Conseil des gouverneurs.
Or voici ce qui est remarquable.
Depuis début septembre, au Conseil de la Fed, quatre sièges sur sept sont vacants.
En fait, ce laps de temps de 72 heures, début septembre, représente la période de trois jours la plus capitale de toute l’histoire de la Réserve fédérale.
Trump va avoir la main sur la Fed. Ce qui veut dire que le président obtiendra tout ce qu’il veut en matière de politique monétaire.
Autrement dit, Donald Trump pourra façonner la majorité à la Fed.
La partie délicate consiste à imaginer de quelle façon il a l’intention de le faire…
Au cours de la campagne présidentielle, Trump a traité la Chine, ainsi que d’autres pays, de manipulateur monétaire. C’était le signe qu’il pensait que le dollar était trop élevé et qu’il souhaitait qu’il baisse. Mais la crise du nucléaire avec la Corée du Nord est entrée sur le devant de la scène à ce moment-là.
Trump a retiré ses menaces à l’encontre de la Chine en raison de sa très forte influence économique sur la Corée du Nord ; il souhaitait qu’elle se serve de ce levier pour convaincre la Corée du Nord de faire marche arrière sur son programme nucléaire.
Mais la Chine n’a pas fait ce que Trump espérait, et une guerre commerciale sino-américaine est désormais probable. Voilà qui pousse probablement bon nombre de personnes à penser que Trump va nommer des personnalités de type « colombe », ou dove, c’est-à-dire en faveur d’une politique monétaire accommodante.
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Mais ne soyez pas étonné si Trump opte pour un conseil prônant une monnaie forte. En fait, c’est ce à quoi je m’attends. Parmi les conseillers de Trump se trouvent des défenseurs de la monnaie forte tels que Judy Shelton, David Malpass, Steve Moore et Larry Kudlow. Je pense que Trump suivra leurs conseils.
Voilà qui nous amène à Janet Yellen…
Le mandat de Janet Yellen en tant que présidente de la Réserve fédérale s’achève fin janvier 2018, donc dans moins de cinq mois, désormais. Quel que soit le remplaçant que choisira le président Trump, il devra être confirmé par le Sénat.
Comme ce processus est long, cela veut dire que le président devra désigner le successeur de Janet Yellen vers les mois de novembre ou décembre prochains.
En attendant, et comme s’il n’y en avait pas déjà assez, énormément d’incertitudes vont planer sur les marchés en ce qui concerne l’orientation de la Fed.
Mais une chose est sûre.
Le prochain responsable de la Fed aura du pain sur la planche.