Le dollar reste puissant, et l’establishment au pouvoir peut en distribuer des milliers de milliards. Le public peut toujours être exploité. Les élites peuvent encore s’enrichir.
« La prune tombe de l’arbre quand elle est prête. » – Un philosophe chinois (mort depuis longtemps ?)
Nous en revenons à la question : et si Donald Trump pouvait vraiment renverser la tendance ?
La principale tendance politique aux Etats-Unis, au moins depuis la fin de l’administration Carter, est à la concentration du pouvoir à Washington, à l’augmentation des déficits, à la multiplication des réglementations et à l’accroissement de la dette. Un gouvernement avec de plus en plus d’ampleur a conduit à de moins en moins d’économie privée – où la vraie richesse est réellement créée – avec des taux de croissance du PIB généralement plus faibles, un fossé grandissant entre les riches et les pauvres, et 90% de la population qui n’a pas connu de gains salariaux réels depuis un demi-siècle.
Nous pensons qu’il ne s’agit là que d’une partie d’un schéma plus large, commun à la plupart des gouvernements. Les élites obtiennent de plus en plus de pouvoir et sont progressivement corrompues par celui-ci. Elles deviennent des parasites, qui se transfèrent les richesses à elles-mêmes et à leurs confrères.
Walter Scheidel, professeur à Stanford, a étudié ce phénomène. Il a conclu qu’une fois les élites obtenaient le contrôle, les riches s’enrichissaient et les pauvres s’appauvrissaient jusqu’à ce qu’un événement perturbateur se produise. La guerre, la révolution, l’effondrement du gouvernement et les pandémies sont ce qu’il a appelé les « quatre cavaliers du nivellement ».
Cependant, ces événements ne se produisent pas lorsque les électeurs le souhaitent. La prune ne tombe que lorsqu’elle est mûre. Et apparemment, le fruit a mûri en Argentine, où le nouveau président Milei a déjà licencié 30 000 fonctionnaires, et est en train de supprimer des dizaines d’agences gouvernementales. L’Union soviétique l’a fait en 1989, en supprimant tout simplement l’ensemble du gouvernement. Dans les deux cas, les parasites sont tombés… donnant au peuple une chance de se rétablir.
Nous n’en sommes pas encore là, aux Etats-Unis. Nous n’avons pas encore connu le type d’inflation galopante qui sape le pouvoir des élites. Le dollar reste fort et l’establishment au pouvoir peut distribuer des milliers de milliards en cadeaux, en gâchis et en pots-de-vin. En d’autres termes, le public peut encore être exploité et les élites peuvent encore s’enrichir.
Mais la « relocalisation » de l’industrie, par exemple, ne permettrait-elle pas un retour de la croissance et des emplois bien rémunérés ? Eh bien, non.
L’Argentine et l’Union soviétique ont toutes les deux étouffé les importations. Et le bilan est clair : la protection des industries nationales n’est qu’un autre moyen d’exploiter les masses. Les citoyens se retrouvent avec des produits de qualité inférieure (non compétitifs) à des prix plus élevés. D’ores et déjà, le blocage des véhicules électriques chinois coûte des milliers de dollars aux consommateurs américains, tout en les empêchant de bénéficier des meilleurs rapports qualité/prix du marché.
Le directeur de campagne d’Herbert Hoover, Reed Smoot, l’a prouvé dans les années 1930 : le protectionnisme ne paie pas. Notre collègue Tom Dyson explique : « C’est une victoire pour les intérêts particuliers ; une dépression mondiale pour tous les autres. » L’économiste Thomas Sowell a écrit ce qui suit sur les droits de douane :
« Un tarif protecteur ou toute autre restriction à l’importation peut apporter un soulagement immédiat à une industrie particulière et ainsi gagner le soutien politique et financier des entreprises et des syndicats de cette industrie. Mais, comme beaucoup d’avantages politiques, cela se fait au détriment d’autres industries qui ne sont pas aussi organisées, visibles ou qui ne se font pas autant entendre…
Il est vrai que certaines industries seront affectées par les produits importés concurrents, tout comme elles le sont par toutes les autres sources de produits moins chers ou de meilleure qualité, qu’elles soient nationales ou étrangères. Ces autres sources d’efficacité accrue sont constamment à l’oeuvre, forçant les industries à se moderniser, à réduire leurs effectifs ou à cesser leurs activités.
Pourtant, lorsque cela se produit à cause de pays étrangers, cela peut être dépeint politiquement comme une confrontation entre deux pays, le ‘nous contre eux’, alors qu’il s’agit en fait d’une lutte pour défendre les intérêts particuliers nationaux, au détriment des consommateurs. »
Et que dire de l’arrêt des flux financiers vers l’Ukraine et Israël ? M. Trump a promis de mettre fin à la guerre en Ukraine « dans les 24 heures » suivant sa victoire. Cela fait maintenant plus de 200 heures. Que se passe-t-il ?
Et pourquoi les coûts de l’énergie ne peuvent-ils pas baisser de 30% à 50% ?
L’équipe Trump affirme qu’elle facilitera les forages pétroliers. Mais pourquoi les foreurs voudraient-ils extraire du pétrole à moitié prix ? La seule véritable raison de se débarrasser des réglementations est d’obtenir un prix juste, pas nécessairement un prix plus bas.
Et pourquoi ne pas réduire les réglementations pour que l’économie croisse de 4% à 6% ? D’ailleurs, même avec une faible croissance du PIB, pourquoi une nation aussi riche que les Etats-Unis ne pourrait-elle pas payer ses propres dépenses, de sorte qu’il ne soit pas nécessaire d’augmenter la dette ?
La réduction des dépenses contribuerait sans aucun doute à la croissance du PIB. C’est évident. Mais c’était évident il y a 10, 20, 30 ans. Et cela ne s’est jamais produit. Pourquoi ?
Parce que chaque règlement mis en place et chaque dollar de déficit rapporte à quelqu’un. Et il n’y a rien de tel que la peur de le perdre. C’est ce qu’Elon Musk est sur le point de découvrir : il n’y a pas de « gaspillage » à Washington ; l’idée est de remanier l’argent… et non de le dépenser efficacement.
Au cours de son premier mandat, M. Trump s’en est tenu à la tendance politique primaire. Il n’a pas « redressé l’économie ». Les taux de croissance du PIB étaient en fait inférieurs – même avant l’arrivée du COVID – à ce qu’ils étaient sous Obama. Il n’a pas non plus freiné la croissance des dépenses et de la dette… ni asséché le marais. Et lorsque le virus du COVID a plongé les gens dans la panique, il a également perdu conscience. Il a assisté au doublement du bilan de la Fed (qui « imprime » de l’argent pour acheter de la dette fédérale) – ajoutant plus de dette en quelques mois que ce qui avait été accumulé au cours des cent années précédentes.
N’oubliez pas non plus que Trump a gagné avec une faible marge – seulement deux électeurs sur cent. Et beaucoup de ces électeurs reçoivent des « choses gratuites » de la part des autorités fédérales. Ils ne seront pas heureux de voir leurs aides réduites. Ces personnes ne seront pas non plus très favorables au « retour de l’industrie manufacturière au sein du pays », pas après avoir vu les prix augmenter de 20%.
L’exemple argentin nous montre qu’un candidat « tronçonneur » déterminé et discipliné pourrait renverser la situation. Mais pas avant que la prune ne tombe et que la tendance politique primaire n’ait suivi son cours.
1 commentaire
Trump ne veut absolument pas défier le système. Il n’est pas un « révolutionnaire », il ne veut renverser aucune « tendance » du régime capitaliste US ou occidental. Il ne veut absolument pas « changer la société ». Trump reste et restera dans le système car
il n’est en rien contraire au système, sauf sur un seul point : il ne veut pas de guerre avec la Russie. Cette seule divergence a suffi pour que le système se dresse, politiquement, contre lui. Politiquement, car on n’aperçoit aucune réelle résistance économique de fond.
« M. Trump a promis de mettre fin à la guerre en Ukraine dans les 24 heures suivant sa victoire. Cela fait maintenant plus de 200 heures. Que se passe-t-il ? ». Trump a été élu, mais vous savez parfaitement qu’il n’est absolument pas au pouvoir. La preuve: qui a autorisé l’Ukraine à se servir de fusées à longue portée ?