Il est trop tard pour redresser la trajectoire budgétaire insensée des Etats-Unis car trop de personnes prospèrent grâce à la dette publique.
Tout d’abord, nous avons découvert que l’inflation, ici dans les Andes, est pire que nous le pensions…
L’économiste Steve Hanks dans Forbes :
« [La semaine dernière], l’Argentine a publié les chiffres de l’inflation pour février. Une nouvelle flambée s’est produite. En fait, le taux d’inflation annuelle officiel est passé à 51,3%/an.
Si cette envolée a pris la plupart des observateurs par surprise, elle ne m’a pas étonné. Chaque jour, je mesure avec exactitude l’inflation argentine en utilisant des données haute fréquence et la théorie de la Parité du pouvoir d’achat. Selon mes mesures, le taux d’inflation annuel de l’Argentine est de 100%. C’est près du double du taux officiel annoncé pour la fin février ».
100% d’inflation, à quoi est-ce que cela ressemble dans la vie de tous les jours ? Pour l’instant, tout va bien. Hier, nous avons organisé un asado au ranch.
Un asado à Gualfin
Revenons-en à nos affaires. Nous regardions au nord du 49ème parallèle. Les Canadiens ont réussi à maîtriser leur dette publique, notait un lecteur.
Pourquoi les Etats-Unis en sont-ils incapables ?
Il y a trois raisons à cela :
- Il est trop tard.
- Les initiés américains s’y refusent.
- Ce n’est pas ainsi que le monde fonctionne.
Première raison : il est trop tard pour redresser la trajectoire budgétaire
Concernant le premier point : le bon moment pour rembourser ses dettes, c’est lorsque l’économie est en pleine forme. Telle était la situation (plus ou moins) ces quatre dernières années, et la Fed aurait dû normaliser ses taux. Les autorités auraient quant à elles dû réduire les dépenses.
La normalisation avait tout juste commencé… tandis que la réduction des dépenses n’est tout simplement pas à l’ordre du jour.
L’équipe Obama a simplement poursuivi tous les programmes de dépenses insensés hérités des années Bush – de l’Afghanistan à l’Alabama –, y rajoutant un programme de remboursements médicaux type Sécurité sociale pour faire bonne mesure. L’équipe Trump a quant à elle repris le flambeau… en accélérant encore les choses.
La dernière année du règne Obama s’est soldée par un déficit de 587 Mds$ « seulement ». Cela semble modeste, voire carrément raisonnable par rapport aux déficits à 1 000 Mds$ de Trump.
Trump est arrivé au pouvoir en promettait d' »assainir le marigot » et de « rembourser la dette ». Aucune de ces deux choses ne s’est produite non plus. Au contraire, le Marigot s’est approfondi tandis que la dette a augmenté de 2 000 Mds$.
A présent, en juillet prochain, cette phase de reprise – si elle dure jusque-là – sera la plus longue jamais enregistrée.
« Il ne faut jamais dire jamais ». L’expansion pourrait durer quelques mois supplémentaires. Mais ne pariez pas là-dessus. Tout « resserrement », désormais – qu’il s’agisse d’une hausse des taux d’intérêt ou d’une réduction des déficits – fera probablement basculer l’économie dans la récession (où elle se dirige de toute façon).
C’est pour cette raison que la Fed a décidé de « tenir bon » la semaine dernière. Il n’y aura pas de nouvelle hausse de taux cette année, a-t-elle annoncé. Elle voit l’économie s’affaiblir et ne tient pas à être accusée du ralentissement à venir.
Il est donc trop tard. Le bon moment – l’expansion entre 2014 et 2018 – est passé.
Deuxième raison : les initiés refusent de se préoccuper de la dette
Cela nous amène à la deuxième raison pour laquelle un « sauvetage » est quasiment impossible. Aucun parti… et aucun candidat aux prochaines élections présidentielles… ne s’inquiète de la dette.
Il suffit de regarder l’actualité. On trouve des sottises sur le rapport Mueller [NDLR entente entre Trump et la Russie]… ou un tweet présidentiel sur l’épouse de l’un de ses lieutenants… ou les derniers chiffres bidon de l’emploi.
Rien ou presque sur la dette. Comme la guerre, les gens ne s’en soucient pas… jusqu’à ce qu’ils perdent.
Quel politicien gagnerait la Maison Blanche en promettant de réduire les allocations des électeurs, d’augmenter leurs impôts et de mettre fin aux gabegies militaires un peu partout dans le monde ?
Il n’existe pas. Et les gouverneurs de la Fed ? Où est le Paul Volcker de 2019, prêt à tenir bon face aux hurlements de la foule ?
Il n’existe pas non plus.
La Fed annonce plutôt qu’elle « dépend des données ». Dès que les cours boursiers baissent, en d’autres termes, la Fed fait volte-face… et s’enfuit, la queue entre les jambes, vers l’abri de la baisse des taux, d’une redite du QE (quantitative easing) et de qui sait quelles autres sottises monétaires elle pourrait encore inventer.
Troisième raison : l’Empire américain
Enfin, nous en arrivons à la raison n°3 : ce n’est pas ainsi que les choses fonctionnent.
Les Etats-Unis sont désormais un empire. Ils sont contrôlés par une classe d’initiés (c’est-à-dire le Deep State) qui profitent des dépenses et de la dette gouvernementale.
Ils envoient des troupes partout dans le monde, financées par la dette – ce qui leur donne l’impression d’être importants… et récompensent leurs compères dans le secteur de la défense.
Ils offrent une éducation gratuite, des soins de santé gratuits, des allocations, la redistribution des revenus et autres programmes insensés du genre « du pain et des jeux » pour satisfaire la foule – là encore, financés par la dette –, et cela leur permet de rester au pouvoir.
Une petite nation, comme le Canada, qui n’a pas la devise de réserve mondiale… n’aspire pas à l’hégémonie planétaire… où les gens ont une idée réaliste de ce qu’on dépense et pourquoi… et ont encore un reste de sentiment de honte… pourrait tenir tête à ses initiés.
Mais un empire ? Ses initiés ont été corrompus par le pouvoir. Ils ne font pas demi-tour… ils ne s’arrêtent pas pour se demander « est-ce la bonne chose à faire ? » Ils ne disent ni s’il vous plaît ni merci. Et ils ne respectent pas les règles d’une société civilisée, gagnant-gagnant… pas même les règles financières.
A la place, ils titubent et trébuchent… de l’embarras à la catastrophe en passant par l’absurdité… jusqu’à ce qu’ils soient vaincus… ou fassent faillite.
Généralement les deux.