Les emplois industriels – et qui rapportent bien – baissent, tandis que les emplois de service – moins bien payés – augmentent : ne vous laissez pas tromper par les statistiques.
Déception sur les marchés : Donald Trump est resté plutôt vague dans ses dernières annonces concernant la fin potentielle de la guerre commerciale opposant les Etats-Unis et la Chine.
La folle hausse de ces derniers jours a donc marqué une pause.
En ce qui nous concerne, nous nous demandons qui peut encore prendre au sérieux les chiffres et les gros titres financiers actuels…
Aventures financières
Si Le Donald finit par annoncer une victoire, les actions grimperont probablement. Cependant, aucune victoire dans la guerre commerciale n’augmenterait appréciablement le capital boursier de l’Amérique.
Sans oublier que le marché est déjà à des sommets historiques (le conseiller au Commerce de Trump, Peter Navarro, affirme que le Dow pourrait atteindre les 30 000 points en 2020 !).
Achetez, achetez, achetez !
Le chômage est à des planchers historiques. L’économie US continue de bien se tenir – au même rythme de croissance de 2,5% que sous Obama.
Maintenant, plissons les yeux et regardons un peu au-delà des gros titres.
Pour commencer, le dollar et le marché boursier n’enregistrent plus avec exactitude la valeur réelle des industries américaines. Si l’on se base sur la devise américaine la plus fiable – le dollar avant 1971 –, même avec les récents gains, l’actionnaire moyen a moitié moins de richesse réelle qu’en 1999.
Même cela est plus une caractéristique des politiques d’argent facile de la Fed, des rachats et autres aventures financières qu’une véritable mesure de la valeur des entreprises américaines.
Le taux de chômage n’est pas non plus une bonne mesure de ce que le travailleur américain doit affronter. Depuis le début du siècle, on assiste au déclin continu des secteurs manufacturiers US à hauts salaires… tandis que les emplois de services à bas salaires se sont énormément développés.
Le taux de chômage calculé par le Bureau américain des statistiques de l’emploi ne fait pas de distinction – mais il y a une différence considérable entre un emploi payé 58 000 $ à l’année et un emploi qui ne rapporte que 25 000 $.
La classe laborieuse vend du temps. Si un travailleur vend son temps à une entreprise industrielle, il gagne en moyenne 28 $ de l’heure environ. S’il gare plutôt des voitures, ou débarrasse des tables, il recevra probablement 14 $ de l’heure.
Cette tendance à une diminution des emplois industriels et une augmentation des emplois de service dure depuis longtemps. Il y avait 21 millions d’emplois « producteurs de biens » aux Etats-Unis en 1965. Aujourd’hui, il y en a… 21 millions ! Pas un seul emploi industriel lucratif n’a été créé depuis 54 ans.
Cela signifie que quiconque vient faire trempette pour la première fois dans le bassin de l’emploi a bien plus de chances de trouver un poste dans le secteur des services… et de toucher 25 000 $ par an plutôt que 58 000 $. Dans la mesure où, chaque jour, 10 000 têtards « milléniaux » fêtent leurs 21 ans… cela fait beaucoup de nouvelles personnes ayant « un travail » mais guère d’argent.
Et il nous semble que les difficultés ne font que commencer…
De mauvais signes en Europe et en Chine
Notre homme en Chine et à Hong Kong, Tom Dyson, rapporte de mauvais signes pour les deux économies :
« Des statistiques officielles publiées il y a deux semaines montrent que Hong Kong est entrée en récession. Les capitaux fuient. Le tourisme a chuté de 50%. Les ventes au détail ont baissé de 18% en septembre, la pire chute jamais enregistrée…
En Chine, une banque pourrait être sur le point de s’effondrer dans la province de Henan. Le Wall Street Journal rapportait fin octobre que des déposants en colère exigeaient de récupérer leur argent. Trois banques ont déjà coulé en Chine cette année.
La semaine dernière, j’ai également lu qu’une entreprise sidérurgique – Xiwang Group – avait fait défaut sur ses obligations. Ensuite, les prix des obligations de deux autres sociétés de la même région se sont effondrées par réaction…
A quoi vient s’ajouter le fait que les indices des directeurs d’achat (PMI) chinois sont sur le point de renouer avec des planchers qu’on n’avait plus vus depuis la crise financière. Ces PMI indiquent l’activité économique. »
Pendant ce temps, en Europe, l’Allemagne « se dirige en boitant vers la récession », tandis que la Grande-Bretagne n’est pas loin derrière. Le Financial Times nous en dit plus :
« L’économie britannique a évité une récession technique au troisième trimestre cette année, mais la croissance annuelle a chuté à son taux le plus bas depuis 2010. »
Le Brexit serait la cause de la croissance paresseuse en Europe. Les entreprises et les investisseurs seraient hésitants à se lancer dans de nouveaux projets alors qu’ils ne savent pas quand ou comment la Grande-Bretagne quittera l’Union européenne.
Aux Etats-Unis, on pointe du doigt la « guerre commerciale » lorsqu’on a besoin d’un coupable. Cependant, les dommages causés à l’économie par les attaques commerciales de Trump sont discutables. Après tout, la croissance sous Obama – sans guerres commerciales – était identique.
Attendez un peu… l’un des principaux composants du PIB, ce sont les dépenses gouvernementales. Durant les années Obama, le PIB augmentait de 2,5% par an avec l’aide de 75 Mds$ de dépenses fédérales annuelles supplémentaires.
Trump a fait passer la composante gouvernementale à 185 Mds$. Ces dépenses fédérales – 110 Mds$ de plus que le total d’Obama – représentent environ un demi pourcent de PIB.
Déduisez ces dépenses gouvernementales (empruntées… imprimées… gaspillées), et la croissance du PIB sous Trump chute à 2% seulement. La Fed d’Atlanta prévoit qu’elle tombera à 1% au quatrième trimestre.
A suivre…