▪ Est-ce juste une impression, ou bien est-ce que tout fout le camp, en ce moment ?
Loin de moi l’idée de vous infliger la vieille rengaine du "c’était mieux avant" ni le traditionnel "ah là là mon pov’monsieur si vous saviez, même la météo c’est n’importe quoi, c’est l’atomique, là, ça détraque tout"…
… Mais enfin, tout de même, force est de reconnaître que plus on avance, plus la situation devient ubuesque, kafkaïenne et autres références littéraires à l’absurde le plus opaque.
La palme revient bien entendu aux banques centrales, passées maîtres dans l’art du "faire toujours la même chose en espérant un résultat différent". Les allusions plus ou moins directes aux assouplissements quantitatifs sont de retour (merci Mario ! Merci Zhou !). Les marchés sont ravis bien entendu… mais qu’en est-il du reste de l’économie ?
▪ "Nous avons donc une très belle inflation des actifs financiers et peu d’inflation des prix dans l’économie réelle", révélait Simone Wapler mercredi. "[…] Mais la moitié de l’objectif a été atteint : l’inflation des actifs financiers et l’accès au crédit illimité pour les banques-trop-grosses-pour-faire-faillite permet de maintenir en vie ces dernières".
Pourtant, le miroir aux alouettes commence à se fêler : "cette vie est moins belle qu’avant", continue Simone, avec un constat implacable : "Deutsche Bank est en cours de démantèlement, Santander va probablement connaître des turbulences en raison de l’effondrement du Brésil. Les derniers résultats trimestriels de BNP Paribas, Société Générale, etc. ne faisaient pas rêver".
Désormais, tout repose sur une seule chose :
"Tant que le mythe de l’omniscience bienveillante des banques centrales tient, tout va bien.
Tant que l’argent ne sort pas des marchés financiers, tout va bien ; et il n’y aura pas d’inflation".
▪ Le problème, c’est que nos dirigeants semblent décider de passer à la vitesse supérieure, comme l’expliquait Bill Bonner vendredi — et ladite vitesse supérieure, en l’occurrence, consiste… à vous payer lorsque vous faites un prêt.
"Mais", vous dites-vous peut-être, "c’est une bonne nouvelle, non ? Au lieu de verser des intérêts, j’en reçois, c’est fabuleux !"
Hm… il faut voir l’ensemble du tableau pour comprendre combien ce système est pernicieux — et fait marcher le monde à l’envers. Suivez le raisonnement de Bill :
"Si les prêteurs acceptent un taux négatif ne reposant sur rien d’autre que la bonne foi et le crédit du gouvernement italien… ils seront à coup sûr d’accord pour vous prêter de l’argent sur une maison. Vous vous retrouveriez avec un bien étrange prêt hypothécaire — qui vous rapporterait des intérêts au lieu de vous coûter de l’argent. Au taux italien, une maison à un million rapporterait environ 19,16 euros par mois".
"Voilà qui fait naître de profondes questions métaphysiques. Si un prêt hypothécaire a des intérêts négatifs, ça implique que la maison (dont la valeur en capital est équivalente) a également une valeur négative : visiblement, il faut payer quelqu’un pour y vivre. Et si les maisons valent moins que rien… on peut se demander ce que vaut une voiture… une bague en diamant… ou une croisière de luxe".
"Est-ce que ça signifie que l’argent lui-même n’as pas de valeur ? Voire carrément une valeur négative ? Après tout, on ne peut plus le donner à quelqu’un en échange d’un versement d’intérêts positifs ; à présent, il faut payer ce quelqu’un pour le stocker à votre place".
Vous voyez où l’on en arrive ?
"Les lecteurs alertes auront reconnu cette affaire de taux négatifs", reprend Bill. "Nous la suivons depuis quelque temps déjà… et nous prédisons que cette politique sera bientôt en action dans la plupart des économies développées. Nous sommes d’avis que les autorités limiteront l’utilisation du cash autant que possible pour étendre leur pouvoir sur l’économie… et être en mesure de taxer et dépenser à leur guise sans autre forme de processus démocratique".
Je vous rappelle, cher lecteur, que notre pétition est toujours en cours… et que le nombre de signatures s’étoffe. Si vous n’avez pas encore ajouté la vôtre, cliquez ici sans plus attendre — et surtout, n’hésitez pas à faire circuler le message !
Meilleures salutations,
Françoise Garteiser
La Chronique Agora