Les théories monétaires les plus stupides refont surface, mais l’or aussi. Après l’or de la Banque de France, voici celui de l’Italie.
Hahahaha, cher lecteur, préparez-vous à rire, nous allons avoir du très beau spectacle.
A l’ouest, les clowns de la Théorie monétaire moderne. Au sud-est, les bouffons italiens.
Méfiez-vous de tout ce qui est moderne, cher lecteur. Non, je ne parle pas de progrès technique, je parle de « moderne » associé à une théorie économique ou politique quelconque. C’est l’adjectif qu’utilisent les ignares et les incultes lorsqu’ils croient avoir fait une trouvaille. En réalité c’est une toujours ineptie qu’a déjà sanctionnée l’Histoire.
Selon la TMM, un Etat ne peut pas faire faillite puisqu’il crée la monnaie dont il a besoin pour rembourser ses dettes ou pourvoir à ses dépenses.
Le postulat de la TMM est vieux comme Platon : il part du principe que la monnaie n’est qu’une « convention sociale » et n’a pas besoin de « valeur intrinsèque ». Qualifier une pensée platonicienne de moderne est un procédé comique.
Nos clowns ignorent bien sûr la faillite de John Law, les hyperinflations allemande, hongroise, française, le Zimbabwe… Ils pensent, dans leurs cerveaux embrumés, que la monnaie EST la richesse. Remarquez, il y a une logique – même folle et absurde – dans tout cela : ces mêmes clowns pensent aussi que la consommation enrichit, que leurs plans de relance fonctionnent, etc.
Nos clowns n’ont évidemment pas lu Bastiat (plus moderne que Platon, cependant, car du XIXème siècle) :
« Quand les législateurs, après avoir ruiné les hommes par la guerre et l’impôt, persévèrent dans leur idée, ils se disent : ‘si le peuple souffre, c’est qu’il n’a pas assez d’argent. Il en faut faire’. Et comme il n’est pas aisé de multiplier les métaux précieux, surtout quand on a épuisé les prétendues ressources de la prohibition, ‘nous ferons du numéraire fictif’, ajoutent-ils, ‘rien n’est plus aisé, et chaque citoyen en aura plein son portefeuille ! Ils seront tous riches’.
[…]
Si, au contraire, vous voyez la vraie richesse dans l’abondance des choses utiles propres à satisfaire nos besoins et nos goûts, vous comprendrez comme possible la prospérité simultanée. Le numéraire ne sert qu’à faciliter la transmission d’une main à l’autre de ces choses utiles »…
Créer de l’argent enrichit la caste qui s’arroge le pouvoir de le créer (à laquelle appartiennent nos clowns). C’est pour cela que les choses fonctionnent mieux avec une monnaie marchandise. C’est la théorie aristotélicienne de la monnaie, encore plus moderne que Platon. Et une marchandise, tout un chacun peut en disposer. Il n’y a pas de monopole d’Etat.
Je redonne la parole à mon ultramoderne Bastiat :
« … la transmission d’une main à l’autre de ces choses utiles, ce qui s’accomplit aussi bien avec une once de métal rare, comme l’or, qu’avec une livre de métal plus abondant, comme l’argent, ou avec un demi-quintal de métal plus abondant encore, comme le cuivre ».
La TMM n’est qu’une théorie foireuse de cuistres totalement ignorants de l’histoire monétaire. Ces cuistres espèrent bien se goinfrer en ayant le privilège de manipuler en premier la fausse monnaie. Evidemment, ceci conduira comme toujours à la guerre civile et à de grands troubles. Mais quittons les clowns…
Du côté des Italiens, les bouffons, eux, s’intéressent à l’or. Oui, vous savez, l’or : ce métal jaune et lourd, totalement inutile mais dont on nous dit qu’il y en a encore dans les coffres des banques centrales. On se demande bien pourquoi d’ailleurs. On a dû oublier d’envoyer une circulaire à la femme de ménage.
La Banque centrale européenne contrôlant l’émission de monnaie bidon et la sortie de l’euro n’étant plus à l’ordre du jour, comment dépenser ce qu’on n’a pas sans écraser les gens d’impôts (jamais bon pour la réélection) ?
Les bouffons ont la solution : il suffit de vendre la réserve d’or de la Banque d’Italie, ceci évitera une hausse de TVA jugée nécessaire pour boucher les trous de leur budget.
Voyez-vous, cher lecteur, c’est un des grands mystères du système financier actuel. L’or est inutile, dérisoire, une relique barbare selon Keynes… mais quand la situation commence à devenir tendue, on finit toujours par en reparler.
D’abord, l’Eurosystème avait prévu un petit verrou vicieux, rappelle Le Figaro :
« ‘Il est juridiquement impossible à Rome de vendre son or pour boucher les trous de son budget, interdit par l’article 123 du traité qui régit l’Eurosystème. Ce n’est qu’en cas de crise exceptionnelle qu’elle pourrait en dernier recours et en toute indépendance vis-à-vis du pouvoir politique décider de disposer de son or’, explique l’historien de l’économie à la Luiss, Gianni Toniolo. Mais une telle vente, signe de crise aiguë, ferait immédiatement monter les taux sur les emprunts d’État, sans résoudre le problème de fond : le déficit du budget. »
Il y a d’autres petites phrases rigolotes qui émaillent cet article :
« ‘La confiance’, dit Curzio Giannini, un spécialiste de la monnaie, ‘est l’actif le plus important des banques centrales’. »
Ben voyons… Un sentiment est un actif ? Même les alchimistes qui rêvaient de transformer le plomb en or n’y croyaient pas.
Mais je vous garde le plus croustillant pour la fin :
« Selon Salvatore Rossi, DG de la Banque d’Italie, ‘les réserves d’or sont là pour renforcer la confiance dans la stabilité des systèmes financiers et de la monnaie’. »
Pauvre Salvatore, quelle bourde ! L’or serait donc utile ? Il est complètement rétrograde, il n’est pas au courant de la TMM ?
Il y a aussi une chose qui n’est pas dite. Cet or n’est pas celui des bouffons, ce n’est pas celui de la Banque d’Italie. C’est l’or des Italiens.
Au XXème siècle, les banques centrales ont nationalisé l’or de leurs ressortissants pour émettre de la monnaie garantie par cet or.
L’opération des bouffons consiste donc à rendre aux Italiens la richesse qu’on leur a confisquée pour leur épargner des impôts.
Bof, me direz-vous, rien de nouveau sous le soleil. Le propre des gouvernement n’est-il pas de rendre moins que ce qui a été pris aux gens ?
Mais, cher lecteur, j’attire votre attention sur ceci :
Les dettes s’empilent
La croissance s’anémie
Les politiques monétaires deviennent de plus en plus folles
Et on reparle d’or
Au fait, vous en avez, vous, de l’or ?
Si vous n’en avez pas, vous devriez. Mais choisissez-le bien.