Par Marc Mayor (*)
Le Federal Open Market Committee (FOMC) est un organe de la Réserve fédérale américaine, chargé par exemple du contrôle de l’achat et de la vente de titres d’Etat, et qui décide de la politique monétaire américaine. Le comité établit la politique monétaire en fixant des objectifs à court terme pour ces opérations, ce qui constitue le principal support du taux d’intérêt directeur (au jour le jour, appelé federal funds rate, ou fed funds rate) pour les prêts entre banques commerciales.
Alors aujourd’hui, les taux sont bas… mais pour combien de temps ?
Vous êtes forcément impacté par les taux d’intérêt
Que vous soyez trader et souhaitiez spéculer sur les taux d’intérêt ou que vous prévoyiez d’acheter un bien immobilier, vous vous posez la question : quand ces taux vont-ils remonter ? Car il s’agit de se positionner pour gagner de l’argent, ou du moins éviter la boucherie pour celui qui se retrouve du mauvais côté de la transaction.
C’est pourquoi beaucoup d’investisseurs accordent un grand intérêt aux communiqués officiels émis chaque mois par le FOMC. Le dernier en date, publié fin septembre, notait que les données "suggèrent que l’activité économique a rebondi suite à une grave baisse. Les conditions des marchés financiers ont continué à s’améliorer, et l’activité du secteur immobilier a augmenté". Les ménages ont réduit leurs dépenses en raison de "pertes d’emploi, faible croissance des revenus, baisse de valeur de leur maison et assèchement du crédit"; quant aux sociétés, elles investissent moins et "continuent à progresser pour réduire les stocks à un niveau mieux aligné avec les ventes".
Conclusion : les taux d’intérêt continueront d’être à un niveau "exceptionnellement bas" pour une "période étendue". Dormez, bonnes gens!
Alors, à quand une éventuelle hausse des taux d’intérêt ?
Est-il sage d’emprunter à taux variable ? L’étude du passé démontre qu’un excellent signe avant-coureur d’une hausse des taux est un pic du taux de chômage.
En effet, depuis plus de 50 ans que des statistiques officielles sont publiées, il faut constater que parfois, la hausse arrive déjà deux, voire trois mois après le pic (comme en 1983, en 1971, en 1961 et en 1954), voire deux mois avant (en 1958). Dans d’autres cas, il faut attendre de six (comme en 1992 ou en 2003) jusqu’à 20 mois (en 1977).
Ainsi, l’analyste Michael Shedlock offre son scénario optimiste : le chômage atteindra son pic entre le quatrième trimestre 2010 et le premier trimestre 2011, dans une fourchette allant de 10,4% à 11%. Parce que la crise est sévère, et aussi parce que les autorités ont mis davantage de temps à réagir au cours du dernier quart de siècle, il pense que la Réserve fédérale commencera à remonter ses taux 18 mois après cela, et à coup de huitièmes plutôt que de quarts de pour cent.
Les taux risquent de rester bas… très bas…
Ce scénario semble en effet optimiste. Il existe une possibilité que le chômage continue à progresser jusqu’en deuxième partie de 2011. De plus, si la Fed a mis 20 mois à relever ses taux en 1977, elle pourrait prendre encore davantage de temps cette fois-ci, la crise étant actuellement plus grave qu’alors. Ainsi, il n’est pas impossible que les taux demeurent bas pour les quatre années à venir, soit jusqu’en deuxième partie de 2013.
Selon Paul Krugman, économiste et prix Nobel, l’économie mondiale semble se stabiliser à des niveaux "d’une pauvreté inacceptable".
Cela augmente les chances de voir la planète suivre l’exemple du Japon, flirtant avec la récession plusieurs fois au cours des 20 dernières années. Selon Monsieur Krugman, "la reprise devrait être ressentie comme une récession continue" ! Pas de quoi pavoiser donc.
Toutefois, pour ceux en quête d’un financement immobilier, pour les traders à la recherche de levier ainsi que pour tous les spéculateurs pariant sur la direction des taux d’intérêt, le message semble clair : pas de véritable hausse prévue sur les taux d’intérêt de la Réserve fédérale pour au moins un an, voire bien davantage. Ca, c’est pour la Fed… mais il n’est pas dit que les autres banques centrales agissent de même. Auquel cas, nous aurions de nouveaux de forts carry trades, et beaucoup d’opportunités sur le Forex !
(*) Marc Mayor est expert en investissements éliminant le risque de marché. Retrouvez-le sur son site internet Le Coin des Insiders.