Les semaines et les mois qui se profilent s’annoncent passionnants. Wall Street et les Etats-Unis viennent en effet d’amorcer un virage historique vers une perte de leadership économique et diplomatique. La Chine et la Russie piaffent d’impatience et veulent profiter d’une situation qui s’apparente, par de nombreux aspects, à une version capitaliste de la faillite du système collectiviste soviétique ou à celui hérité de Mao fin 1989
Henry Paulson
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Epargne
Le budget américain est "Fannie" avec la nationalisation la plus chère de l'Histoire !
par Philippe Béchade 9 septembre 2008La nationalisation de Fannie Mae et Freddie Mac s’impose ni plus ni moins comme la plus massive de l’histoire du capitalisme : 5 000 milliards de dollars d’actifs sont concernés, et le Trésor américain s’engage sur le principe d’une recapitalisation à hauteur de 200 milliards de dollars "en cas de pépin". Cela équivaut à plus de 12 fois le coût final du sauvetage du Crédit Lyonnais et à 25 fois le "Kerviel" — une unité baroque qui représente environ huit milliards de dollars — pour situer ces montants qui défient notre imagination sur l’échelle du désastre financier
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La liste des désastres bancaires, boursiers et macroéconomiques s’allonge chaque jour un peu plus et nous commencions à craindre que vous finissiez par vous lasser… même lorsque les scénarios catastrophe auxquels nous assistons ont été pronostiqués dans le bon ordre et dans les moindres détails plusieurs mois auparavant
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Les principales places boursières mondiales subissent un déclin majeur. Les plus durement atteintes pour l’instant sont celles d’Extrême-Orient. Parmi les marchés asiatiques, seul le Vietnam semble être en rémission
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De nombreux commentateurs l’écrivent depuis six semaines, Henry Paulson l’a répété jeudi dernier — et que cela rentre une fois pour toute dans votre tête –, "la crise financière est terminée" ! Oui, ter-mi-née, une bonne fois pour toutes. A ceci près que 500 ou 600 milliards de dépréciations d’actifs — sinon de pertes sèches — devront encore être passés dans les comptes des établissements de crédit en 2008 et 2009
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Il nous semble cependant très prématuré d’assimiler l’embellie qui se dessine depuis le début de la semaine — caractérisée par trois séances de hausse consécutives sans correction intermédiaire — à une vague de fond appelée à se renforcer au fil des semaines. En effet, miser sur le franchissement des résistances apparues durant la période du 25 janvier au 27 février suppose une foi inébranlable dans la capacité des banques centrales à assumer le rôle de prêteur en dernier ressort alors que le montant des pertes potentielles sur les subprime excède à lui seul les 930 milliards de dollars de bons du Trésor détenus par la Federal Reserve
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Il nous est parfois difficile de dissimuler notre satisfaction de voir nos prévisions conjoncturelles et boursières — inflation, panne de croissance, crise du subprime, retournement du cycle immobilier, inversion du carry trade, flambée des matières premières — se vérifier de façon aussi exacte et systématique après que le rouleau compresseur médiatique et institutionnel américain a soutenu point par point des thèses opposées durant plus de neuf mois
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N’est-ce pas magnifique, la manière dont les gouvernements peuvent améliorer les choses par simple décret ? Par édit ! En votant une loi ! Vous avez des problèmes de contrats ? Bah, nous allons les changer. Vous ne pouvez pas payer vos factures ? On ne va quand même pas laisser la Constitution nous barrer le chemin… nous en changerons les termes… ou nous imposerons un moratoire sur le droit de collecter les sommes dues. En deux coups de cuiller à pot, c’est réglé. Vous avez dépensé trop d’argent ? Vous êtes un peu fauché ? Ne vous inquiétez pas ; nous imprimerons un peu plus de billets.
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"C’est comme un lapin traversant la route". * Elizabeth est venue à Londres le week-end dernier. Nous discutions dans un petit café. * "Instinctivement, le lapin fait des zigzags", avons-nous expliqué. "Il voit venir un loup… il bondit d’un côté, puis oblique soudain de l’autre côté. Le loup qui le poursuit est plus lourd. Son élan l’entraîne dans la même direction, si bien qu’il manquera probablement le lapin. C’est l’instinct de survie… les lapins zigzaguent, parce que les lapins qui ne savaient pas zigzaguer étaient mangés par les loups avant d’avoir une chance de se reproduire
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La foi dans le dollar, c’est la foi dans l’homme moderne .Voilà pourquoi nous nous en méfions. Au début de la Première guerre mondiale, les autorités françaises poussèrent les gens à échanger leur or contre des billets de banque. Ils ne perdraient "aucune part de leur épargne", leur dit-on. Pas plus qu’ils ne devraient payer plus cher ce qu’ils voudraient acheter. Une fois la guerre terminée, la France fut incapable de tenir ses engagements. Mais faut-il s’en étonner ?
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"Les Etats-Unis ont un dollar fort pour objectif", déclarait Henry Paulson, secrétaire au Trésor US, en Inde cette semaine. A quoi pensait-il ? Peut-être parlait-il avec le sourire… de sorte que l’audience puisse prendre cela comme une plaisanterie. Mais la presse ne rapporte pas le moindre éclat de rire.