Wall Street s’efforçait d’aligner hier soir une troisième séance positive consécutive depuis le début du deuxième trimestre 2010 (le Nasdaq grappille +0,1%). Le CAC, qui affichait sa volonté de ne pas se laisser distancer par les indices américains (en hausse de 0,8% la veille), inscrivait sa meilleure clôture annuelle à 4 054 points à l’issue d’une séance irrégulière et très modérément active : 3,4 milliards d’euros échangés après quatre jours d’interruption, c’est tout bonnement dérisoire. Les principales places européennes terminaient sur un gain de 0,35%. Paris fait donc un petit peu mieux (+0,5%) que la moyenne des indices… Amsterdam dominait largement ses rivales de la zone Euronext avec une flambée de 1,2% (grâce à Arcelor-Mittal et ses 4% de hausse qui ont également dopé le CAC 40)
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Wall Street poursuit sur sa lancée du 1er avril, avec l’avantage des statistiques immobilières. En effet, les statistiques de l’emploi publiées il y a quelques jours avaient été tout juste conformes aux anticipations : 162 000 créations de postes, dont 70 000 agents chargés du recensement quinquennal. Le chiffre des promesses de ventes de logements neufs aux Etats-Unis est donc tombé à pic vendredi, puisqu’il annonçait un rebond de 8,2% au mois de février, à un mois tout juste de l’expiration d’une importante prime fiscale consentie aux primo-accédants
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Le Trésor irlandais — qui a créé en septembre 2009 une bad bank dénommé NAMA (National Asset Management Agency) — continue de racheter en masse des créances bancaires pourries. A 47% de leur valeur nominale pour le dernier "paquet" absorbé le 31 mars… c’est peut-être une belle remise, mais c’est un fardeau supplémentaire de cinq milliards d’euros pour le budget d’un pays qui pâtit d’une récession de -7,1%. La NAMA a racheté pour 90 milliards d’euros d’actifs toxiques à Anglo Irish Bank (12,7 milliards d’euros de pertes en 2009), Bank of Ireland, Allied Irish Banks
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En France, le PIB a reculé de 2,2% en 2009, soit la plus forte baisse depuis l’après-guerre. Les dépenses de consommation des ménages se sont maintenues : +0,8% après +0,9% en 2008, grâces en soit rendues à la "prime à la casse". Cependant, l’investissement a lourdement chuté : -7% après +0,4% l’année précédente… où tout s’était arrêté net à la fin de l’été, il y a déjà plus de 18 mois. Une reprise sans investissement, voilà bien un phénomène singulier mais qui ne dissuade pas le gouvernement de tabler sur 2,5% de croissance en 2011. François Baroin, nouvellement installé au ministère du Budget dans le fauteuil d’Eric Woerth, rappelle que le projet du gouvernement "vise justement à favoriser la reprise". Mais il enchaîne sur ce terrible aveu : "si la croissance faisait défaut, la France ne serait pas seule dans ce cas de figure"
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Epargne
Quel genre de poisson d’avril les marchés nous concoctent-ils ?
par Philippe Béchade 30 mars 2010La seule surprise du jour fut en effet le puissant rebond du baril de pétrole (+2,5% à 82,1 $). Ni l’actualité macro-économique, ni le léger tassement du dollar face à l’euro (-0,5%) n’expliquaient un décalage de cours aussi brutal. Si la thématique des matières premières et de l’énergie pouvait être envisagée, cette piste est invalidée par la stagnation de l’or (+0,2%), de l’argent et du platine (-0,1%) ainsi que de l’uranium. Le cuivre en revanche prenait 3% à 3,5 $ l’once : quelqu’un aurait-il décidé lundi de stocker une courte sélection de produits de base industriels… et dans quel but ? Mystère
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Vous entendez ce grondement ? C’est le bruit des organisations financières surendettées qui commencent à s’effondrer. C’est l’agence de notation Fitch qui a déclenché le grondement quand elle a abaissé à AA la note de la dette souveraine du Portugal et qu’elle a commencé à avoir un point de vue plutôt négatif sur la nation lusophone. L’analyste Douglas Renwick a écrit : "un choc budgétaire considérable avec pour toile de fond une faiblesse structurelle et macro-économique a réduit la solvabilité du Portugal… Même si le Portugal n’a pas été affecté de manière disproportionnée par le renversement mondial, les perspectives d’une reprise économique y sont plus faibles que pour 15 de ses pairs de l’Union européenne, et cela va forcément exercer une pression sur ses finances publiques à moyen terme"
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Epargne
Règlements de compte dans les vestiaires de l'équipe Euroland : drôle de drachme !
par Philippe Béchade 23 mars 2010Qui n’a pas voulu voir que la Grèce ne respectait pas dès l’origine les critères de Maastricht ? Qui s’est satisfait de comptes nationaux grossièrement maquillés dans l’urgence par Athènes pour rendre le pays éligible à l’Eurozone dès 2001? La Commission de Bruxelles, la BCE, le Parlement européen… tous n’y ont vu que du feu. A moins qu’ils n’aient trouvé agréable la chaleur et la lumière provenant du flambeau grec — même si celui-ci devait se consumer en moins de temps qu’il n’en faut pour abaisser le drapeau olympique lors de la cérémonie de clôture des Jeux
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Epargne
Des tensions extrêmes dans un pays pris de violentes convulsions
par Isabelle Mouilleseaux 22 mars 2010Imaginez un instant ce que psychologiquement et émotionnellement un Allemand peut ressentir… lorsque, après avoir "sué sang et eau" pour revenir dans les clous de Maastricht alors que les cigales s’amusaient, on lui dit qu’il faut qu’il paye personnellement pour les Grecs, sinon l’euro implosera. Lui qui a déjà tant payé… Imaginez un instant ce qu’un Allemand peut ressentir quand les Grecs s’autorisent du "rentrent dedans" avec leur histoire de nazisme. Lui, qui ne l’a pas vécu et qui s’évertue à accepter sa douloureuse histoire
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Epargne
L'Allemagne a-t-elle tout compris à un concept grec nommé… la démocratie ?
par Philippe Béchade 19 mars 2010Angela Merkel oublie-t-elle que l’Europe toute entière a dû se serrer la ceinture pendant les cinq premières années de la réunification allemande, au nom du grand dessein qu’était la création d’une monnaie unique ? Nous voulons bien admettre que la Grèce était hors circuit à l’époque et que la politique monétaire de Francfort ne lui causa pas grand tort. Athènes avait au contraire toutes les raisons de se réjouir d’un deutschemark fort puisque l’une de ses principales recettes de l’époque provenait justement de l’afflux massif de touristes allemands friands de lieux de vacances paradisiaques et pas chers implantés sur les plus belles îles de la Grande Bleue
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Même s’il n’a pas tout à fait utilisé ces termes, le Chinois Wen Jiabao a dit aux Américains d’aller se faire voir. Lors d’une conférence de deux heures pendant laquelle il s’est inquiété de la suppression trop hâtive des plans de relance — qui risquerait d’engendrer un deuxième plongeon dans la crise mondiale — Wen s’est également défendu contre les accusations de manipulation de la devise chinoise. Défiant le consensus mondial, Wen a déclaré : "je ne crois pas que le yuan soit sous-évalué. Nous nous opposons aux pays qui se montrent du doigt les uns les autres et vont jusqu’à forcer un pays à faire monter sa devise"
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Epargne
Grèce, "Club Med", France : vous prêteriez, vous, à ces Etats désargentés ?
par Isabelle Mouilleseaux 11 mars 2010La tragédie grecque est partout. Vous la lisez, l’entendez, la voyez tout autour de vous… sur vos écrans, à la radio, dans les journaux. Elle est omniprésente, sur toutes les lèvres, dans toutes les têtes, et fait le cauchemar des grands de ce monde. La Grèce, Dieu soit loué, est un tout petit Etat. Mais malgré sa petite taille, il est capable à lui seul d’engendrer des remous titanesques, capables de faire trembler la planète finance. De quoi faire voler en éclats la Zone euro et sa frêle monnaie
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Les déclarations d’Athènes ont satisfait les investisseurs… pour l’instant. "Ces mesures sont suffisantes et je pense qu’elles atteindront l’objectif de réduction du déficit pour cette année. Je pense que cela est très bien et que la confiance va s’améliorer sur les marchés",déclaraitChristoph Weill, économiste chez Commerzbank interrogé par Reuters et cité dans Investir. "Pour sa part, Nick Matthews, économiste chez RBS, a jugé que ces nouvelles mesures étaient’un autre pas dans la bonne direction’même s’il est encore trop tôt pour dire que la Grèce est sortie d’affaire". Si on ajoute à ça une nouvelle hausse de l’activité des services dans la Zone euro — l’indice PMI Markit était en hausse le mois dernier, au-dessus de la barre fatidique des 50 qui marque la frontière entre expansion et contraction — il y avait de quoi satisfaire les investisseurs… et les cambistes, puisque l’euro a continué de se renforcer, à 1,3725 $
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La Grèce a annoncé toute une série de mesures qui devraient l’aider à faire passer son déficit à 8,7% cette année : "l’augmentation des taux de TVA, des taxes sur les alcools, tabac, carburants et sur les signes extérieurs de richesse. [Le gouvernement] pourrait aussi annoncer de nouvelles coupes salariales dans la fonction publique et le gel des retraites, ainsi que la suppression ou la réduction du quatorzième mois pour les fonctionnaires", expliquait La Tribune ce matin. Ces déclarations d’intention ont bien rassuré les marchés quant au sort de l’euro ; il a repris de la vigueur, passant au-dessus des 1,35 $. Rien n’est joué, toutefois. Les bonnes résolutions, c’est bien… encore faut-il qu’elles soient suivies d’effets
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Lorsque l’euro a été mis en place, il a commencé par chuter. Il a ainsi atteint les 0,88 $. Les gens le trouvaient faible et indécis. Ils l’appelaient "la devise esperanto" — faisant référence au langage artificiel inventé au XIXe siècle et conçu pour unifier le monde. L’esperanto ne s’est jamais vraiment répandu. Les gens craignaient qu’il en soit de même pour l’euro. Il semble pourtant fonctionner aussi bien que toute autre devise papier… du moins pour l’instant. Certaines innovations fonctionnent. D’autres non. Mais derrière elles se trouve toujours la vieille horloge du coeur humain. Pour autant que nous puissions en juger, soit le progrès de la race humaine est d’une lenteur glaciaire… soit il est inexistant
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Les Grecs pensent que les Allemands devraient leur venir en aide. Pourquoi ? Parce que, dans un certain sens, ce sont les Allemands qui les ont mis dans ce pétrin. Personne n’aurait prêté autant d’argent aux Grecs sans l’euro fort soutenu par les Teutons… et la promesse implicite que si les Grecs avaient des problèmes… comme tout le monde savait que ce serait le cas… le reste de l’Europe leur viendrait en aide. Et que croyez-vous qu’il arriva ? Les Grecs ont eu des problèmes. Et les Allemands ne veulent pas leur venir en aide. Ils ont épargné. Ils ont mieux géré leur propre économie. Ils font partie des rares pays d’Europe qui vivent — tout juste — selon les termes du traité qu’ils ont tous signé, dans lequel ils acceptaient de maintenir les déficits sous les 3% du PIB. Le déficit allemand est légèrement supérieur à 3%. Les Grecs en sont loin — avec un déficit de 12,7%
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Le dollar avait de bonnes raisons locales de consolider après le test des 1,3452/euro jeudi après-midi. Il n’y a toujours aucun signe d’embellie du côté du secteur immobilier aux Etats-Unis ; les reventes de logements existants ont plongé de 7,2% en janvier par rapport à décembre, pour atteindre un plus bas depuis sept mois, à 5,05 millions d’unités en rythme annualisé. Les économistes de Wall Street prévoyaient sûrement des ventes pénalisées par les mauvaises conditions climatiques dans plusieurs Etats du Nord… mais pas à une telle débâcle
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Epargne
Même la Chine ne croit plus au rebond économique en Occident…
par Philippe Béchade 24 février 2010Malgré de piètres chiffres américains, l’euro a continué de s’enfoncer vers de nouveaux plus bas annuels : -0,85% à 1,3500 $ tout rond. Les cambistes n’ont retenu que la dégradation de notation de quatre des plus grandes banques grecques annoncée par Fitch et la déception causée mardi matin par l’IFO. Le baromètre du moral des milieux d’affaires allemands s’est inscrit en léger recul à 95,2 contre 95,8 au mois de janvier au lieu d’une petite appréciation vers 96, la hausse de la composante "anticipations" passant complètement inaperçue
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Les avoirs de certains militaires de haut rang qui chapeautent les "gardiens de la Révolution" ont été gelés sur le sol américain. Beaucoup d’investisseurs ont encore en mémoire les propos d’Hillary Clinton tenus lors d’une visite au Qatar la semaine dernière et qui qualifiait l’Iran de pays dérivant vers une dictature militaire. Mais peut-être nous alarmons-nous pour rien : la hausse du pétrole pourrait aussi bien résulter d’un simple arbitrage au détriment de l’euro, après avoir été justifiée durant plus de neuf mois par une défiance viscérale (et toujours justifiée) envers le dollar