Il y a une dizaine de jours, les actionnaires de Bear Stearns ont perdu beaucoup d’argent ; paniqués, ils ont accepté de vendre leurs actions 2 $ l’unité. Nous nous sommes demandé comment ces comptables, avocats et traders affûtés avaient pu se tromper à ce point sur la valeur de leurs détentions. Lorsque le marché a fermé, un vendredi, ils avaient encore des milliards. Lorsqu’il a rouvert le lundi suivant, ils n’avaient quasiment plus rien. Comment était-ce possible
Bear Stearns
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Le moins que l’on puisse dire, c’est que le week-end de Pâques aura fait du bien aux marchés. Quatre jours (trois, dans le cas des places américaines) de repos, et hop ! Tout le monde en selle pour une hausse spectaculaire. Le CAC 40 enregistrait ce matin une hausse de 3,09%, à 4 673,76 points à l’ouverture, tandis qu’à Londres, on était à 3,19% pour le FTSE. Francfort n’était pas en reste, avec une hausse de 3,03% dans le même temps sur le DAX
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Lorsque les banques centrales injectent des liquidités, cela semble vaguement inflationniste. En fait, c’est le signe que le contraire se produit — au moins au début. Les banques de la Zone euro ont réagi à la crise comme celles de Grande-Bretagne et des Etats-Unis — elles hésitent à se séparer de leur argent. Le taux d’intérêt sur les prêts à trois mois a grimpé à 4,67% tandis que "la crise systémique ne donne pas signe de s’achever". Elle ne donne pas signe de s’achever parce qu’il est impossible de dire où s’arrêteront les pertes… même lorsqu’on les regarde de très près
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Les difficultés et les coups de théâtre ont lieu sur le territoire américain mais ce sont les marchés européens qui payent les pots cassés. En réalité, il est bien tentant pour les gérants anglo-saxons de prendre des bénéfices sur les actifs libellés en euros — ce dernier ayant culminé à 1,5905 le lundi 17 mars — afin de soutenir leurs propres indices boursiers, dont chacun sait à quel point ils constituent le dernier rempart contre un déferlement de pessimisme aux Etats-Unis
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Si vous tentez d’expliquer à un analyste technique que tout ce que vous avez lu dans nos Chroniques concernant les difficultés des Etats-Unis est en dessous de la vérité, il aura beaucoup de mal à vous croire. Ses graphiques lui démontrent que rien de très fâcheux ne semble perturber Wall Street au sortir de l’hiver 2008 : le Dow Jones se retrouve très précisément au même niveau que le 19 mars 2007, à 12 230 points — et même un peu plus hier soir, à 12 280 points avant le communiqué de la Fed
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Nous tenons pour acquis que les banquiers centraux sont aussi attirés par les erreurs que les ours par le miel. Il nous semble également probable qu’Alan Greenspan a commis une erreur lorsqu’il a baissé les taux si agressivement en 2002-2003 puis lorsqu’il les a laissés pendant si longtemps sous le taux d’inflation. Cela a engendré une orgie de dépenses et d’emprunt dans les économies occidentales… et une orgie de nouvelles usines et de formation de capitaux en Asie. Dans ces deux régions, les gens ratèrent leur cible — et en firent considérablement trop
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Epargne
Tigre de papier et bouclier en carton-pâte… contre crise en béton armé
par Philippe Béchade 18 mars 2008Notre autre étonnement majeur et récurrent depuis six mois provient de l’absence patente de coopération entre les deux principales banques centrales de la planète, la Fed et la BCE. Il y a deux mois, Christian Noyer et J.C. Trichet ont ainsi reconnu implicitement n’avoir pas prévenu Ben Bernanke des causes réelles du trou d’air des 21 au 23 janvier derniers. Ils ont donc laissé la Fed prendre seule l’initiative face à un accident technique — et non systémique — survenu sur le sol français
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Les Ides de mars, c’était samedi dernier. Une fois terminées, il y avait un nouveau cadavre ensanglanté sur le sol : celui d’un des plus grands acteurs de Wall Street — Bear Stearns. Hier, nous parlions d’une rumeur selon laquelle une grande société de Wall Street était en difficulté — la véritable raison, apparemment, des 200 milliards de dollars de prêts supplémentaires de la part de la Fed. La nouvelle a éclaté au grand jour : Bear Stearns a reçu "l’Appel de Marge de l’Enfer"
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Epargne
Tokyo vient de capituler, l’Asie craque, l’Europe à genoux
par Philippe Béchade 17 mars 2008Au lendemain de la faillite de Carlyle Capital Corp., l’avis de détresse de Bear Stearns — qui reconnaît que les conditions se sont fortement dégradées au cours des dernières 24 heures, en contradiction totale avec son communiqué officiel de mercredi dernier qui affirmait l’inverse — constitue l’incident de trop ; la chute de 45% du titre a plombé toutes les financières américaines
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La Fed aura beau alterner les shoots d’héroïne et de méthadone — c’est-à-dire des baisses de taux et de prêts d’argent à très court terme — l’état du malade, le système bancaire, ne cesse d’empirer ; il maigrit à vue d’oeil, victime du credit crunch, et il ne parvient plus à trouver le sommeil, alternant phases maniaco-dépressives et bouffées délirantes