Sur les marchés, le potentiel de hausse résiduelle ne vaut plus le risque pris car les actions n’ont jamais été aussi chères — sauf en 1929 et 1999.
La semaine dernière, nous avons examiné le passé. Aujourd’hui, nous nous intéressons à l’avenir. Comme nous le verrons, le passé projette une ombre sur le futur. Bloomberg nous en dit plus :
« Certaines des jauges les plus précises de la santé économique impliquent des taux plus bas de la part de la Fed pour la première fois depuis plus d’une décennie.
Le forward spread, un terme méconnu qui recouvre la différence entre les futurs taux tels qu’indiqués par les bons du Trésor US à six trimestres et le rendement actuel à trois mois, est passé en territoire négatif mercredi pour la première fois depuis mars 2008. En décembre, les rendements à deux ans ont dépassé ceux des obligations à un an.
‘C’est une boule de cristal, elle vous parle de l’avenir et de ce que le marché pense de la Fed et de ce qu’elle fera de sa politique de taux’, a déclaré Tony Crescenzi, stratégiste de marché et gestionnaire de portefeuille chez Pimco, lors d’un entretien sur Bloomberg TV. ‘Le marché prédit une baisse de taux durant la première partie de l’année prochaine’. »
Sonnette d’alarme
Une boule de cristal ? Probablement pas. Les marchés du crédit préviennent qu’une récession approche. La Bourse a tiré sa propre sonnette d’alarme l’an dernier, lorsque le S&P 500 a atteint un sommet aux alentours des 2 900 en septembre — avertissant qu’un marché baissier était au programme.
Cependant, il n’y a pas de boules de cristal sur les marchés financiers.
Ils fournissent des informations. Ces informations doivent être nouvelles et surprenantes — sans quoi ce ne sont pas des informations. « Apprends-moi quelque chose que je ne sais pas », dit l’investisseur.
C’est pour cette raison que le fait que la Fed fixe les taux courts est si nocif. Les gros intervenants truquent la partie. Ils savent quoi attendre… de sorte que le risque lié à la spéculation baisse.
Si l’on ajoute à cela un taux directeur inférieur à zéro une fois l’inflation prise en compte, le coût de la spéculation baisse lui aussi. Pas étonnant que la quantité de spéculation augmente !
Dans la mesure où la majorité de la spéculation se fait avec de l’argent emprunté… la quantité de dette grimpe également. Ensuite, comme un ferry surchargé, la dette supplémentaire pèse sur l’économie. Toutefois, même s’il a le nez dans l’eau, il n’est pas garanti que le navire sombre. Mais attention.
Rééquilibrage après une expansion bâtie sur des gadgets
Nous attendrons comme tout le monde de voir ce que fera M. le Marché. Nous garderons aussi un œil sur la météo, cependant. Il y a des motifs, des tendances et des leçons morales qui rendent certaines issues plus probables que d’autres.
Il ne s’agit pas de jouer à pile ou face, où chaque tirage est indépendant du précédent. Un homme de 20 ans peut vouloir un réfrigérateur garanti à vie. Un nonagénaire, en revanche, ferait mieux d’économiser son argent. Une simple glacière durera probablement plus longtemps que lui.
Et M. le Marché est un cynique et un gâcheur. Lorsqu’il sent un parfum de fleurs, il cherche le cercueil.
Plus le marché haussier grimpe, plus il dure, moins il a de chances de se poursuivre. Pourquoi ?
Parce qu’il existe des systèmes de retour et des stabilisateurs économiques qui viennent rééquilibrer un marché déséquilibré. Les prix élevés entraînent des prix bas — et vice-versa. Enfin, un boom bâti sur des gadgets destinés à relancer l’économie projette une ombre particulièrement obscure ; il se termine toujours en krach.
M. le Marché, bien entendu, peut faire ce qu’il veut. L’acier, le béton et les choux sont peut-être prévisibles. Lui non.
Lorsqu’une chose est largement attendue, elle ne se produit généralement pas. Parce que si vous saviez en avance ce qui va arriver, vous prendriez les devants. Cela reviendrait à savoir où vous aurez un accident mortel — ce serait le dernier endroit où vous iriez !
C’est pour cette raison que les indicateurs de sentiment des investisseurs ne sont utiles qu’en tant qu’indicateurs contrariens. Lorsque les investisseurs sont ultra-haussiers, il est temps de sortir. Lorsqu’ils sont extrêmement baissiers, il est temps d’acheter.
Inutile de vous fier aux sondages pour cela, par ailleurs — il suffit de regarder les prix. Le sentiment réel évolue en même temps que les cours. Actuellement, les actions sont très chères.
Des niveaux inégalés depuis 1929 ou 1999
Selon PER de Schiller — qui examine les prix des actions par rapport aux revenus sur les 10 dernières années –, les actions sont presque exactement au même niveau qu’en 1929.
Le ratio Q de Tobin, qui compare la valeur de marché par rapport au coût de remplacement des actifs d’une entreprise, est de 1,08. Selon cette mesure, les actions sont plus chères aujourd’hui qu’en 1929.
De nombreuses autres mesures mettent elles aussi les actions à des sommets, battant tous les records : cours/EBITDA… cours/taux de croissance moyen des bénéfices attendus (PEG)… cours/ventes et profits… cours/marges bénéficiaires… PER corrigé des variations cycliques et ajusté aux marges… actions/revenus personnels disponibles… sans oublier l’indicateur préféré de Warren Buffett, le Wilshire 5 000/PIB…
Quelle que soit la mesure choisie ou presque, les actions sont proches de leurs sommets, à des niveaux inégalés depuis 1929 ou 1999.
Quand le potentiel de hausse ne vaut pas le risque pris
Dans de telles circonstances, inutile d’avoir une boule de cristal. Il faut de l’or. Si l’on reste en actions, on peut perdre la moitié de son argent… ou plus… et attendre 20 ans… ou plus… avant de récupérer sa mise.
En sortant des actions, vous ne perdrez que le potentiel de hausse — qui ne semble pas valoir le risque. A ce jour, au siècle actuel, un investissement dans l’or a mieux performé qu’un investissement dans le S&P 500 — même en tenant compte des dividendes –, avec bien moins de risque ou de volatilité.
Très probablement, les actions vont rebondir un peu en début d’année. Ensuite, une fois les fêtes terminées et l’effet du champagne disparu, les investisseurs reviendront à leurs bureaux et leurs écrans.
Ils se frotteront les yeux et se demanderont s’ils entendent un autre son de cloche. Soudain, ou peu à peu, il deviendra clair que l’économie de 2018 et toutes ses bonnes nouvelles étaient principalement des fantasmes.
Supprimez anti-dépresseurs à effet unique — réduction d’impôt non financée, dépenses fédérales non-financées, rapatriement des profits et dette supplémentaire — et toute cette histoire de « croissance » disparaît.
Ensuite, un tintement en arrière-plan… tout juste audible pour commencer… se fera plus fort.
L’investisseur en lambeaux frissonnera. Il sentira l’ombre de 2018 sur lui… la pire année depuis 2008.
Il regardera de l’autre côté du couloir, vers les traders obligataires. Là, il découvrira qu’il peut gagner 2,64% sur un bon du Trésor américain à 10 ans sans risques.
Ou bien il regardera l’or. Fin d’année dernière, tandis que les actions chutaient, l’or grimpait — d’environ 6% sur les deux derniers mois.
« Cela ne semble pas grand’chose », se dira-t-il. « Mais c’est sacrément mieux que perdre de l’argent cette année comme l’an dernier ».
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