Par Sébastien Duhamel (*)
Les incertitudes qui affectent en ce moment les opérateurs mondiaux, dans un contexte où les grands fonds sont encore gorgés de liquidités, tiennent à deux inconnues :
– d’un côté, la crise du subprime, avec ses incidences réelles sur les performances des bancaires et sur la santé de l’économie américaine ;
– de l’autre, la dynamique des marchés émergents — Chine en tête –, dont on se demande si elle peut pâtir durablement des difficultés qui surgissent en Occident : l’élan formidable de leurs marchés domestiques suffira-t-il à compenser le ralentissement de la demande internationale — en provenance, notamment, des Etats-Unis ?
Il est certain que depuis l’été dernier, on a assisté à un report massif de capitaux en direction des marchés chinois et indien. En même temps, les marchés émergents ont été sérieusement malmenés ces derniers mois, signe d’un regain de défiance des investisseurs en cette période de turbulence, sûrement plus dû à des prises de bénéfices sur des marchés euphoriques ces dernières années, qu’aux polémiques depuis quelques mois à propos des Jeux olympiques.
Le SSE : +500% en deux ans… -50% en six mois !
Regardons le Shanghai Composite Index, l’indice phare de la bourse de Shanghai (SSE). Nos amis chinois ne font pas les choses à moitié : l’indice rassemble purement et simplement toutes les valeurs (plus de 800 !) qui traitent sur ce marché.
Mais on y trouve surtout les 50 premières capitalisations chinoises — le SSE 50 — qui nous intéressent au premier chef. Parmi les poids lourds de l’indice, le titan Petrochina, à lui tout seul, revendique 20% du panier !
Le début de l’année n’a guère épargné le SSE, qui perd près de 50% de sa valeur depuis l’automne 2007. A long terme toutefois, le retracement de la dernière phase de hausse, n’est peut-être qu’épisodique au regard d’une progression de +500% enregistrée depuis janvier 2005.
Au plan fondamental, ce repli s’explique aisément
Il y a tout d’abord la récession anticipée aux Etats-Unis, premier client de cette "usine du monde" qu’est devenue la Chine. Mais il y a surtout la flambée des cours des matières premières, problème de plus en plus préoccupant pour l’industrie chinoise… et source d’une inflation intérieure qui commence à générer des troubles dans l’empire du Milieu : une mauvaise nouvelle pour le marché domestique, appelé à remplacer la demande défaillante des USA.
Toute la question, maintenant, est de savoir si ces tendances lourdes sont déjà dans les cours, et si les investisseurs n’ont pas eu la dent dure avec un pays qui continue d’afficher une croissance de plus de 10% au premier trimestre de cette année…
La Chine est malade des matières premières
Si l’on prend un graphique comparant les évolutions du Shanghai Composite et du CRB, l’indice référence dans le monde pour les matières premières, la corrélation inverse est manifeste — et elle s’est accentuée récemment à partir de février 2008 : en clair, plus les matières premières augmentent, plus les valeurs chinoises, dans leur ensemble, sont à la peine.
C’est un parallèle intéressant dans la mesure où l’étude du CRB, ou bien celle des cours du pétrole, nous fournit des signaux convergents. Même si la tendance de très long terme est à la hausse, ces marchés de matières premières semblent en effet toppish ces dernières semaines; et une consolidation est maintenant à prévoir, proche des 425.
Cela incite à penser que les tendances fondamentales lourdes ont été déjà pricéespar les cours — et sans doute plus que de raison, à cause de la spéculation effrénée qui entoure à la fois les matières premières à la hausse et les marchés asiatiques à la baisse ces derniers mois.
Certes, la corrélation inverse CRB/Shanghai Composite reflète l’augmentation tendancielle des matières premières… Mais elle exprime surtout les anticipations des spéculateurs — car dans l’économie réelle, ces effets de renchérissement mettent des mois ou davantage à se répercuter. Elle signifie enfin qu’une consolidation sur les matières premières entraînerait un net rebond sur la bourse de Shanghai.
Après une correction de 50% en six mois, un rebond proche serait-il à l’ordre du jour en Extrême-Orient ?
Meilleures salutations,
Sébastien Duhamel
Pour la Chronique Agora
(*) Sébastien Duhamel est spécialiste en analyse technique et cela fait plus de sept ans maintenant qu’il intervient sur les marchés, avec toute son équipe. Il fait profiter les particuliers de son expertise en la matière.
Dans le domaine de l’investissement, il est une branche en particulier qui le passionne particulièrement : le Swing Trading. C’est une forme d’investissement extrêmement simple… et c’est le moyen d’engranger des gains à répétition.