Les crises bancaires ont un point commun avec la petite chapelle construite sur le ranch argentin de Bill.
Comme prévu, lorsque la situation se complique, la Fed jette l’éponge.
C’est ce que nous observons actuellement… au ralenti.
Après la crise de 2008, les autorités américaines ont insisté pour que les banques détiennent davantage de réserves. On leur a dit d’acheter des titres de créance sûrs, des obligations d’Etat. Ces bons du Trésor étaient censés être un lest financier, conçu pour les protéger en cas de crise du marché.
Oh, si seulement Dame Nature, sous toutes ses formes et tous ses déguisements, coopérait !
Une tempête a éclaté la semaine dernière. Aujourd’hui chargées de ces dettes, les banques sont beaucoup plus solides – sur le papier – qu’elles ne l’étaient en 2008. Mais que s’est-il passé ? Le lest a coulé. Et deux banques ont coulé avec lui.
Des renards dans le poulailler
La banque californienne, Silicon Valley Bank, avait (avant sa chute) un PDG, Greg Becker, qui était également directeur de la Fed de San Francisco. La banque new-yorkaise, Signature, avait parmi son conseil d’administration un certain Barney Frank, qui, avec Elizabeth Warren, avait rédigé des éléments clés de la réglementation bancaire de 2010.
Mais ni les régulateurs ni les réglementations ne les ont sauvés. Avec la hausse des taux d’intérêt, les actifs à rendement fixe, notamment les obligations, n’ont plus la même valeur qu’auparavant. Il y a deux ans, vous ne pouviez obtenir qu’un rendement de 1,5% sur vos obligations du Trésor à 10 ans. Aujourd’hui, le rendement est de 3,7%. Le flux de revenus de l’ancienne obligation ne vaut plus que la moitié de ce qu’il valait auparavant.
En d’autres termes, la valeur des réserves des banques – leur bilan – a diminué. Si cette tendance se poursuit, on peut s’attendre à ce que de plus en plus de banques soient en difficulté. Et la Fed devra les renflouer. Ou renoncer complètement à augmenter les taux d’intérêt.
Credit Suisse est l’une des grandes banques que les gens surveillent. Naked Capitalism rapporte :
« Bien qu’elle ait perdu plus de 95 % de sa valeur marchande depuis 2008, [Credit Suisse] est encore trop grande pour faire faillite.
Les actions de Credit Suisse Group AG, le prêteur systémique le plus en difficulté au monde, ont chuté de 15% lundi (13 mars) pour atteindre un nouveau record à la baisse, avant de se redresser légèrement dans les dernières heures de cotation. L’action a encore baissé de 4 % depuis le début de la journée (du 14 mars).
Cette nouvelle crise de confiance dans le secteur bancaire mondial a également entraîné une nouvelle hausse du coût de l’assurance des obligations de CS contre le défaut de paiement. Les swaps de défaut de crédit à cinq ans sur la dette de CS ont atteint un nouveau record de 453 points de base lundi. Il s’agit du mouvement le plus important parmi 125 entreprises européennes de qualité supérieure suivies par Bloomberg.
Credit Suisse sera-t-elle la prochaine à faire faillite ? Cela va-t-il faire paniquer les investisseurs et la Fed ? La Fed fera-t-elle publiquement marche arrière et commencera-t-elle à réduire ses taux ?
Concernant la première question, la solution semble avoir été donnée par la banque centrale suisse. Et, vous l’avez deviné, cela consiste à imprimer encore plus d’argent pour les donner à la banque en difficulté. Pour 54 milliards de francs suisses, très précisément.
Et pour les autres, nous ne savons pas… nous attendons la suite des événements avec quelques travaux au ranch.
Une journée de travail honnête
(Un autre jour, une autre ampoule. Photo : Bill)
Pendant ce temps, notre petit-fils de 14 ans est venu nous rendre visite. Il vit dans une banlieue américaine et n’a jamais l’occasion de s’éloigner vraiment des téléphones portables, des iPads, de TikTok, des jeux vidéo et de tout ce qui occupe le temps et l’attention des jeunes Américains.
Ses parents disent qu’il s’ennuie à l’école et qu’il développe une « attitude d’adolescent ».
Nous avons décidé que la meilleure chose à faire serait de le mettre au travail. Un travail physique.
Comme le savent nos lecteurs de longue date, nous ne jouons pas au golf, nous ne chassons pas et nous sortons rarement avec nos amis. Nous n’avons pas de télévision. Et, le week-end, nous évitons d’ouvrir notre ordinateur, tant que nous le pouvons.
Au lieu de cela, nous trouvons des projets qui requièrent de l’activité physique… et qui nous donnent quelque chose à montrer, en échange de notre temps. Menuiserie. Maçonnerie. Peinture. Nous faisons de tout – mal.
(La chapelle, vue arrière. Photo : Bill)
Il y a quelques années, ici au ranch, nous avons commencé à construire une minuscule chapelle familiale. Elle est construite en blocs d’adobe, comme toutes les églises de la région, avec une croix – illuminée par le soleil – faite de bouteilles de vin.
(In vino veritas. Photo : Bill)
L’autre particularité de La chapelle est son toit.
Nous avons commencé par faire quatre arcs en béton armé, pour former un carré à la base. Ce n’est pas du tout traditionnel, mais cela garantit la solidité de la structure.
(Chapelle, vue latérale. Photo : Bill)
« Bonne idée », nous a dit un ancien propriétaire, qui est aujourd’hui notre voisin : « L’ancienne maison a été en grande partie détruite par un tremblement de terre dans les années 1920. »
Des murs d’adobe ont été érigés sur les quatre côtés, à environ 30 cm des arches en béton.
Pourquoi avoir laissé cet espace entre les arches et les murs ? Nous ne nous en souvenons pas. Les plans ont été esquissés sur un bout de papier… puis perdus. Peut-être l’idée était-elle simplement de lui donner, de l’intérieur, une forme plus complexe et plus intéressante.
Un toit voûté a été façonné à partir de douves de tonneaux que nous avons prélevées sur des fûts en chêne abandonnés depuis longtemps. Le bois, posé sur les arcs en béton, constituait l’ossature du toit. La chair du toit a été fabriquée à partir de petites cannes, posées sur les douves des tonneaux… et recouvertes de boue.
Comme il pleut très peu ici, c’est la même boue qui a été utilisée pour fabriquer les briques d’adobe et le toit lui-même.
Une fondation solide
Dans l’ensemble, nous sommes satisfaits du résultat. Mais lorsque nous l’avons quittée l’année dernière, elle n’était toujours pas terminée… Nous sommes donc revenus cette fois-ci avec du travail à faire – le plancher. Il y avait des blocs de bois très durs – du quebracho – qui restaient d’un plancher de la maison. Les blocs sont lourds et presque impossibles à couper, mais ils forment une belle surface lorsqu’ils sont polis.
Il n’y en a pas assez pour faire tout le sol, alors nous les utiliserons pour faire une bordure autour du sol de la chapelle… et une croix au centre.
Nous avons commencé samedi, en utilisant notre petit-fils comme porteur et « garçon de boue ». Nous lui avons montré comment tamiser le sable pour en retirer les cailloux. Ensuite, il a appris à le mélanger avec de la chaux dans une brouette, à ajouter de l’eau et à obtenir une consistance crémeuse.
« Grand-père, je peux poser les blocs ? »
« Je ne sais pas… il faut être très habile. Les blocs ne sont pas tous de la même taille. Tu dois t’assurer qu’ils sont bien plats sur le dessus. »
Nous lui avons montré comment poser un lit de mortier… en faisant des crêtes pour qu’il soit plus facile à écraser. Puis nous avons tapé sur le bloc avec un marteau jusqu’à ce que le haut du bloc soit aligné avec les autres blocs.
« Je peux le faire, grand-père. »
La première rangée de blocs que nous avons posée n’était pas la meilleure. Il a fallu les reprendre et les refaire. Nous avons découvert que c’était une erreur d’essayer de les aligner avec le mur. La base du mur est en pierre, ce qui permet de maintenir les briques de terre au-dessus du sol. Mais elle est irrégulière.
« Comment as-tu appris à faire ça, grand-père ? »
« Oh… je suis autodidacte. »
« Quoi… ? »
« Ça veut dire que j’ai appris tout seul. »
« Tu veux dire en essayant et en faisant des erreurs. »
« Surtout des erreurs. Mais c’est comme ça qu’on apprend tout. Soit par notre propre erreur, soit par celle de quelqu’un d’autre. Mais ce qui est bien avec la vie, c’est qu’elle corrige les erreurs… qu’on le veuille ou non. »
« Quels problèmes rencontres-tu à l’école ? », lui avons-nous demandé.
« Oh… c’est juste ennuyeux. J’ai envie d’arrêter l’école. »
« Que ferais-tu à la place ? »
« Je ne sais pas. Rien, je suppose. »
« Ça n’a pas l’air très intéressant. Mais si tu veux abandonner l’école, tu peux m’aider. Nous pourrions faire ce genre de travail tous les jours. »
Nous travaillions à l’intérieur, mais à genoux. Et il faisait chaud. Au bout d’un moment, son enthousiasme pour le travail manuel a commencé à s’estomper.
« Combien de temps allons-nous faire ça, grand-père ? »
« Jusqu’à ce qu’ils nous appellent pour le dîner. »
« Mais je dois réviser mon espagnol. »
« Si on finit cette rangée, tu pourras aller étudier. »
« D’accord… »
Les résultats sont médiocres. Mais ils permettront au vieil homme de couvrir son propre travail bâclé.
« Oui… ils sont un peu inégaux », pourrons-nous admettre. « C’est le petit-fils qui les a assemblés. »