▪ Je suis frustré de n’avoir pu acheter quelques places pour le concert des Rolling Stones du 13 juin au Stade de France vendredi dernier. Non pas que j’apprécie particulièrement leur musique (je ne sais même pas s’ils font de la techno ou du reggae) — mais à chaque fois qu’ils font une date en France, les billets s’arrachent au marché noir…
Or le vendredi 28 mars, le marché noir — le seul qui m’intéresse, naturellement, vous me connaissez ! — a ouvert dès 11h05 alors que le concert était annoncé complet (75 000 places vendues en moins d’une petite heure).
Ceux qui s’étaient présentés dès six heures du matin devant les principaux points de vente de la région parisienne (la commercialisation commençait à 10h, internet compris) savaient en voyant se former des queues de centaines de mètres que les derniers arrivés ne pourraient se procurer leur précieux sésame.
Parfois les enchères commencent le soir ; vendredi dernier, c’était à l’heure de l’apéritif. Selon ma petite enquête sur plusieurs sites internet, les premiers billets de seconde main (éloignés de la scène) se négociaient immédiatement à +50%. En début d’après-midi, la barre des 100% était franchie sur la plupart des catégories. Le soir, les places situées à proximité de la scène se traitaient à 250% du prix initial, certains « Carrés or » (aux extrémités droites et gauches de la scène) entre 400% et 500%… c’est-à-dire entre 800 et 1 000 euros.
Devenir trader sur le marché des devises ? Comment ça ? Eh bien… tout est là. N’attendez plus ! |
Les billets pour les concerts des Stones, ça vaut tous les Turbos du monde… ça ridiculise la performance des ETF à effet de levier ou des options à échéance ultra-courte ! |
Vous le constatez, les billets pour les concerts des Stones, ça vaut tous les Turbos du monde… ça ridiculise la performance des ETF à effet de levier ou des options à échéance ultra-courte !
▪ Et ce n’est rien à côté des mid caps !
Imaginez-vous achetant vers 10h15 quatre tickets à 160 euros (les plus chers) et les revendant le soir même à 840 euros l’unité ! D’habitude, il faut attendre les derniers jours précédant le concert, quand on connait avec certitude l’état des conditions météo et que les vrais fans ou les « traders » dont les budgets sont sans limite n’en peuvent plus de frustration de ne pas en être… et surtout de ne pouvoir y être vus.
Dénicher des places pour le Stade de France à des prix non prohibitifs va donc s’avérer compliqué.
Il va de même pour les actions, surtout les mid caps avec un PER historique de 50 sur celles qui composent le Russell 2000… Et cela devient carrément rock’n’roll sur celle du Nasdaq Composite, où le PER moyen dépasse les 23.
De nombreux cabinets d’analyse parviennent à formuler une estimation de PER limitée à 16/17 sur les valeurs du S&P 500 en 2014 « si tout se passe bien » et si les déceptions de 2013 sont corrigées d’une accélération symétrique des bénéfices cette année.
Si les PER du S&P sont corrigés de l’effet mécanique des rachats de titres et recalculés en fonction de la croissance réelle des bénéfices — hors profits de type « jeux d’écritures » des banques –, les multiples franchissent allègrement la barre des 20. Cela les place non loin du record absolu des 25, en mars 2000.
Ces 25 restés gravés dans les mémoires ne sauraient constituer une référence : il s’agit en effet d’une complète anomalie, du paroxysme de l’aveuglement. Pourtant, de nombreux gérants nous vendent depuis des mois l’idée que tant que les PER n’ont pas dépassé les sommets de l’été 2007 ou du printemps 2000, les marchés ont de la marge à la hausse.
Une autre idée encore plus miraculeuse est que même si « l’upside » (un anglicisme ridicule, synonyme de « abracadabra, c’est haussier ») est limité à Wall Street, la correction mettra de longs mois avant de s’enclencher — puisque cela avait pris six mois en 2000, et de nouveau 2007 avant que les acheteurs finissent par baisser les bras.
Au cours de ces six mois, certains titres en avaient profité pour gagner encore 30% à 40%. Pour ce faire, il suffit de repérer les actions qui conservent leur momentum haussier et d’en accumuler un maximum.
Identifier les vedettes, c’est en réalité très facile dans un marché qui stagne : toutes celles qui ne montent pas, les gérants n’en veulent plus |
▪ Aurait-on peur de rater la dernière hausse ?
Identifier les vedettes, c’est en réalité très facile dans un marché qui stagne : toutes celles qui ne montent pas, les gérants n’en veulent plus.
Le marché va donc devenir plus « sélectif », plus « discriminant » (autre mot-valise qui signifie que certains gérants vont cesser d’acheter en vrac et à l’aveugle certains secteurs de la cote via des ETF)… et cela va se jouer dès la fin de cette semaine avec le coup d’envoi des résultats trimestriels.
La rapidité du rebond observé au cours des 10 dernières séances du mois de mars — qui intègre déjà un geste de la BCE et des trimestriels « meilleurs que prévus » — m’inspire une analogie avec le concert des Rolling Stones (dont je suis un fan depuis le milieu des années 60, je plaisantais dans le premier paragraphe). Après tout, Mick Jagger et Keith Richards ont 71 ans et le risque est grand que ce soit leur dernier concert en France (hors performances privées pour quelques morceaux choisis comme au Trabendo devant 400 personnes il y a un an).
Autrement dit, la ruée sur les actions de ces 15 derniers jours et celle qui s’est matérialisée sur les billets de concert des Stones vendredi pourraient être motivées par la peur de « rater la dernière » !
[NDLR : Une place dans le « Carré d’or » des initiés de la Bourse ? C’est par ici… et ça pourrait vous surprendre !]