▪ Nous nous sommes basé sur le livre publié en 2006 de l’analyste Russell Napier, Anatomy of the Bear, pour savoir si le marché baissier touchait à sa fin. Ce n’est pas ce qu’on pourrait appeler une lecture de plage… mais Napier a accompli un travail remarquable en mettant le doigt sur les facteurs entrant en jeu aux moments où les marchés baissiers séculaires se terminent… et où commencent les marchés haussiers séculaires.
Les cycles des marchés baissiers identifiés par Napier ne correspondent pas tout à fait au graphique du « redoutable quatuor » dont nous vous parlions mercredi, mais après le krach de 1929, la correspondance devient quasi-parfaite. Les points d’inflexion décrits par Napier — lorsqu’un marché baissier devient haussier — se situent en 1921, 1932, 1949 et 1982. Si l’on se fonde sur les cycles précédents, le livre de Napier prévoit que le prochain tournant aura lieu en 2014 — soit l’année prochaine (ce qui s’aligne parfaitement avec la durée moyenne de 14 années et demi des marchés baissiers séculaires).
Mais d’ici là, ce ne sera pas un long fleuve tranquille. Lors d’une conférence en novembre 2012, Napier n’a prédit aucune date… mais à l’en croire, lorsque le marché atteindra des niveaux de valorisation équivalents à ceux des tournants précédents, l’indice S&P 500 — actuellement supérieur à 1500 — dégringolera à 450.
Ouille ! Cela implique un Dow aux alentours de 5 000 — ce qui correspond à la prévision de David Rosenberg.
▪ Entrée en scène du « ratio Q »
Nous ne sommes pas d’accord. Mis à part le schéma récurrent des plus bas au beau milieu d’un marché baissier séculaire — par exemple en 1974 — nous citerons la preuve la plus flagrante avancée par Napier. C’est le ratio Q, ou « Q de Tobin ».
Ce chiffre a été créé par le prix Nobel James Tobin. Il représente la valeur de marché totale d’une entreprise divisée par la valeur de remplacement de ses actifs (en d’autres termes, combien il faudrait payer pour reconstruire l’entreprise de zéro).
On peut appliquer le ratio Q à une entreprise ou à tout le marché boursier. Voici notre graphique de 2011, mis à jour grâce à Doug Short chez Advisor Perspectives :
Dans tous les précédents cycles de marchés baissiers, le ratio Q atteignait grosso modo 0,30 à chaque tournant de marché baissier indiqué par Napier. Napier est convaincu que le prochain tournant coïncidera à une même graduation.
Nous sommes étonnés par le niveau stratosphérique atteint par le ratio Q à la fin du marché haussier 1982-2000 — beaucoup plus élevé que les précédents plus hauts enregistrés au cours du 20ème siècle. Selon nous, ce n’est pas un hasard. Nous pensons que c’est la conséquence du mandat d’Alan Greenspan à la tête de la Fed et de son habitude d’ouvrir les robinets monétaires au moindre petit signe de crise…
– Le krach de 1987
– L’invasion du Koweït par Saddam Hussein en 1990
– La récession de 1991
– La « crise tequila » de 1994, lorsque le Mexique dévalua le peso
– La crise asiatique de 1997
– Le défaut de la Russie en 1998
– La peur du bug de l’an 2000 en 1999
Si l’on ajoute à cela toute l’impression de monnaie effectuée par Greenspan et Ben Bernanke depuis 2000… nous suggérons que le ratio Q pourrait se trouver sur un nouveau canal haussier sur le long terme.
▪ Que cela signifie-t-il donc pour le Dow, l’or et le ratio Dow-or ?
Comme nous l’avons déjà dit, nous pensons que le plus bas a déjà été atteint. On ne reverra plus jamais le niveau d’il y a quatre ans, à 6 547 points. En outre, cela devient plus difficile à dire. Une fois encore, la faute en incombe à la Fed : selon M. Ritholtz, les politiques de la Fed depuis la Panique de 2008 sont une donnée imprévisible.
La politique de taux d’intérêt nuls et d’assouplissement quantitatif « rend difficile de considérer la plupart des gains comme totalement intrinsèques » affirme-t-il. « Cela a également rendu toute comparaison à des précédents marchés haussiers séculaires plus difficile, car une autre variable a été introduite ».
« Dans des conditions ordinaires de fin de marché baissier séculaire », continue-t-il, « on observe des PER encore plus faibles et des actions encore plus détestées/ignorées. La Fed a perturbé ces mesures, ce qui rend d’autant plus difficile la possibilité de voir la fin du marché baissier séculaire ».
« Si on veut une date prévisionnelle plus précise de la fin, selon moi elle se situera entre mardi prochain et 2017 ».
Nous nous mouillerons un peu plus à la lumière de la performance du Dow au cours des précédents marchés baissiers séculaires, même si nous tenons compte de l’avertissement de Barry Ritholtz, pour qui nous avons « un échantillon fort restreint » du siècle passé.
Nous reprenons le graphique des marchés baissiers et haussiers que nous avons publié hier. Dans les deux derniers marchés baissiers séculaires, le Dow a un plafond. En ce moment même, nous nous heurtons à ce plafond.
Nous nous attendons à une baisse du Dow entre 20% et 25% quelque part entre mardi prochain et 2017. Nous sommes certain que ceux de la génération du baby-boom qui se sont empêtrés dans les actions à la fin des années 1990… et à nouveau dans les années 2004-2005… pour être tondus jusqu’à l’os les deux fois… et qui ne reviennent sur le marché que maintenant… seront une nouvelle fois… tondus.
Cela mettra le Dow à moins de 11 000 points… ce qui avec un ratio Dow-or de 2 pour 1 signifie que l’or grimpera à 5 500 $.
Voilà notre prévision. Nous vous tiendrons au courant d’ici 2017.
2 commentaires
J’adore votre humour, Monsieur Wiggins. Je suggère, pour affiner un peu les prévisions l’utilisation d’une boule de cristal à led (nous sommes en période de restrictions ) 🙂
L’or est loin du prix annoncé. Les prix ça se trafic aussi…