Wall Street déjoue les pronostics : rebond économique, résultats tech explosifs, dissensions à la Fed… Pendant ce temps, l’Europe reste à la traîne, plombée par l’incertitude politique et commerciale.
Le mois de juillet a souvent mauvaise réputation, surtout quand les mois de mai et juin se sont soldés par des progressions historiques de 20 % à 30 % pour le S&P 500 et le Nasdaq.
Mais Wall Street va faire mentir l’adage… et c’est encore plus inattendu lorsque la Fed ne confirme aucune anticipation de baisse de taux à la rentrée. Et les espoirs d’une porte entrouverte pour une réduction de 4,25 % vers 4,00 % en septembre ont été douchés par Jerome Powell ce mercredi 30 juillet.
Le patron de la Fed n’est pas sûr qu’une baisse de taux soit opportune en septembre : il a confirmé son attitude « vigilante » face à l’inflation, citant l’impact de l’entrée en vigueur des droits de douane (début août pour l’Europe, le Japon, l’Inde qui va écoper de 25 % pour cause d’achats massifs de pétrole russe, et ce pourrait même être plus si Narendra Modi ne change pas son fusil d’épaule).
Et les chiffres publiés quelques heures avant la conférence de presse de Jerome Powell semblent lui donner raison : le marché du travail reste robuste (+104 000 créations d’emplois selon ADP, 30 000 de plus que prévu) et le produit intérieur brut (PIB) des Etats-Unis s’est redressé de 3 % en rythme annualisé au deuxième trimestre 2025, après un tassement de 0,5 % au premier trimestre.
Mais ce FOMC des 29 et 30 juillet, qui se solde par un statu quo sur les taux, va entrer dans l’histoire : pour la première fois en 30 ans, deux membres de la Fed ayant le rang de gouverneur et de vice-président ont exprimé une dissension au sein du comité stratégique. Christopher Waller (pressenti pour succéder à Jerome Powell car il est sur la même longueur d’onde que Donald Trump) s’est prononcé pour un assouplissement de 25 points du taux directeur, et Michelle Bowman a également jugé une baisse de 25 points « préférable » au statu quo.
Le rebond de l’économie américaine résulte d’une accélération de la consommation des ménages, en anticipation des hausses de prix en lien avec la hausse des droits de douane (+15 % à +50 %) infligés aux principaux partenaires économiques des Etats-Unis.
L’interprétation de Trump, c’est que c’est le moment idéal de baisser les taux car « il n’y a pas d’inflation ». « Mr Trop Tard a encore raté une occasion. »
Mais le véritable temps fort de cette fin de mois, ce n’était pas le rebond de +3,5 % du PIB ni le communiqué de la Fed… Tout a basculé peu après 22h avec les résultats trimestriels de Meta et de Microsoft, qui continue de cartonner dans le cloud. Les ventes de sa division Azure ont explosé de 39 % et ont dépassé les 75 Mds$ en rythme annuel, alors que le consensus visait à 74,62 Mds$.
Microsoft s’envolait de 8 % en « after hour » vers 555 $ : c’est donc le deuxième titre à passer la barre des 4 000 Mds$ de capitalisation, deux semaines seulement après Nvidia (8 350 Mds$ cumulés, soit l’équivalent des PIB du Japon et de l’Allemagne réunis).
A eux deux, Microsoft et Nvidia pèsent 16 % du S&P 500 et, en rajoutant Apple et Alphabet (5 650 Mds$), la barre des 25 % est dépassée. Un tel cas de figure ne s’est jamais produit à Wall Street en plus d’un siècle.
Et l’impensable ne s’arrête pas aux exploits des Quatre fantastiques, puisque Meta s’est imposé comme le champion du mois avec +11 % dans la foulée de la publication d’un bénéfice et de prévisions qui ont ridiculisé le consensus.
L’envolée de Microsoft et de Meta a rajouté 500 Mds$ de capitalisation au S&P 500 (soit le PIB de Singapour) et devrait assurer au S&P 500 un gain de 3,5 % sur le mois écoulé, tandis que le Nasdaq-100 qui teste les 23 600 points, engrange +1,00 point (ou +4,5 %) par rapport à son cours d’ouverture du 1er juillet… et +42 % depuis le 7 avril, ou +2,6 % par semaine.
Et le CAC 40 ?
Paralysé par les « tarifs » et l’incertitude politique, il reste figé sous les 7 900 points depuis le 20 mai, alors que le Nasdaq a engrangé +2 000 points.
Après avoir une nouvelle fois insulté Jerome Powell, tordu le bras et cassé les tibias du Japon et de l’Europe, combien de temps Donald Trump va-t-il mettre pour revendiquer le titre de plus grand champion de tous les temps dans la catégorie rallye boursier ? Combien de temps Ursula von der Leyen échappera-t-elle au titre de plus grande fossoyeuse économique et sanitaire de l’Europe ?
4 commentaires
Combien de temps certains médias Occidentaux vont-ils mettre à comprendre que Trump n’est peut-être pas l’absolu imbécile, caractériel, qu’ils ont décrit si obstinément ? Bien sûr son but est de tenter de sortir les USA d’une lente récession économique qui date de plus de dix ans. Pas les Européens.
Une partie des sommes encaissées grâce aux droits de douane (dont l’efficacité n’est pas encore démontrée) sera fort opportunément utilisée pour financer la nouvelle salle de bal de la Maison Blanche, à hauteur de 200 millions de dollars. Dans le plus pur style Trump, elle sera agrémentée de moult dorures et, n’en doutons pas, l’endroit sera d’une classe folle.
C’est tout à fait ce dont l’Amérique a besoin en ce moment, de quoi organiser de fastueuses réceptions orchestrées par un Louis XiV de seconde zone.
Trump, un imbécile caractériel ? Certes non. Il a clairement la pureté du Christ, la puissance de Superman, le génie de Leonard de Vinci et l’omnipotence du Roi Soleil.
L’Europe paie cher sa soumission. Non seulement Trump fait beaucoup d’argent avec sa colonie, c’est l’économie, mais il botte les fesses de ses dirigeants. en espérant peut être que cette grande fille s’aperçoive de son âge.
Latest news : Trump vient de licencier la responsable du Bureau of Labor Statistics, insatisfait qu’il est du nombre d’emplois créés en juillet, et l’accusant de publier de faux chiffres pour des raisons politiques.
Il s’agit d’une institution apolitique mais rien de ce qui présente la gestion de Trump sous un jour défavorable (ou simplement un peu terne) n’a plus droit de cité dans les USA actuels.
Préparons-nous donc à recevoir des chiffres où les créations d’emploi seront formidables, le pouvoir d’achat en hausse, l’inflation en baisse, tout comme la monstrueuse dette, et les rentrées dues aux droits de douane, absolument monumentales.
Comme l’a dit un économiste au sujet du licenciement cité ci-dessus, nier les chiffres a toujours débouché sur des crises.
C’est un peu comme colmater la porte d’une salle de bains à l’intérieur de laquelle les robinets sont grands ouverts, en prétendant que tout est normal. Malheur à celui qui finira par ouvrir la porte.