▪ Les oscillations du CAC 40 entre 3 150 et 2 950 points ont débuté le 9 mai dernier (hasard du calendrier, c’était un mercredi). Sept semaines plus tard, nous en sommes toujours au même point, flirtant avec la partie basse du corridor mais sans menacer réellement le palier des 3 000 points.
Après un pic de volatilité savamment orchestré la veille (2,5% à 4% de baisse sans que quiconque ait tiré au canon dans les rues de Paris ou de Milan), la fourchette de fluctuations s’est brusquement resserrée hier. Le CAC 40 s’est effrité de 0,3% à l’issue d’une séance tellement creuse (2,27 milliards d’euros échangés) que l’on pourrait se croire entre Noël et le Jour de l’an !
Une grisaille tenace et une sensation de fraîcheur inhabituelle sont au rendez-vous. Il ne manque plus que les guirlandes et les sapins dans le hall des hôtels parisien pour que l’illusion soit parfaite.
Un vent glacial souffle sur les relations franco-allemandes depuis le sommet de Los Cabos. François Hollande et les opérateurs anglo-saxons estiment que sans une manifestation de solidarité envers les pays du sud, l’Europe va droit dans le mur.
▪ L’Allemagne ne veut pas se lancer dans la mythologie
Angela Merkel estime que sans intégration fiscale et budgétaire, toute forme d’assistance revient à espérer que l’Allemagne s’ingénierait à remplir le tonneau des Danaïdes, jusqu’à ce qu’elle fasse elle-même faillite après avoir perdu à son tour toute crédibilité auprès des agences de notation.
La chancelière s’est employée à recadrer le sommet européen qui débute demain : « moi vivante, il ne faut pas compter sur une responsabilité partagée de l’Europe concernant les dettes souveraines ».
Le message est clair, les marchés ne doivent s’attendre à aucune forme de mutualisation des émissions obligataires des pays constituant l’Eurozone. Par conséquent, pas d’Eurobonds et peut-être même pas d’Eurobills à l’horizon, sinon après 2015 comme l’a évoqué le Premier ministre Jean-Marc Ayraud ce week-end.
Pas d’espoir de résolution de la crise de solvabilité de l’Espagne. Pas de chasse aux bonnes affaires sur les places boursières au lendemain d’un sell-off de -2,5% en forme d’avertissement adressé aux dirigeants européens.
Une réunion préparatoire des ministres de l’Economie se tenait à Paris ce mardi, Angela Merkel sera reçue à l’Elysée ce mercredi.
Nous allons surveiller de près l’attitude corporelle du couple Merkel-Hollande. Lors de la dernière rencontre Merkel-Sarkozy à Paris fin février, les deux protagonistes se tenaient devant leur pupitre — à 1,5 mètre l’un de l’autre — et ils ne s’étaient même pas échangé un regard ni le moindre sourire complice à l’issue de la conférence de presse qui clôturait un mini-sommet dédié à la crise grecque.
▪ Qui remportera le match contre la crise ?
Aujourd’hui, la presse populiste allemande nous chambre en faisant référence à notre équipe de France où les joueurs semblent plus acharnés à se nuire les uns les autres qu’à poser des problèmes à l’équipe adverse… et pointe du doigt une guerre des egos.
En d’autres termes, la France excelle à se faire mousser durant l’avant-match mais n’apporte aucune solution valable sur le terrain.
La croissance ne se décrète pas. L’équipe d’Europe a besoin de cohésion, pas d’une brochette de stars, brillantes individuellement mais incapables de construire une action qui aille jusqu’au but.
L’Allemagne semble miser sur le tout défensif, ce qui inquiète les Etats-Unis au plus haut point. Ce système de jeu se solde par un fiasco face à des marchés qui multiplient les contre-attaques éclairs et mettent la Zone euro en danger à l’issue de chacune de leurs offensives.
Ils y parviennent d’autant plus facilement que l’équipe d’Europe a trois joueurs qui se roulent par terre (Grèce, Portugal et Espagne). Leur entraîneur — allemand, faut-il le rappeler ? — se refuse à les faire remplacer par la Bundesbank, la Banque de France et la BCE.
Pire, il leur enjoint de reprendre leur place sur le terrain et de courir sur une jambe, de telle sorte que le spectacle proposé aux marchés en devient affligeant… et carrément démoralisant.
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[…] Philippe Béchade le disait il y a quelques jours : […]